[ZOLA] Week-end entre amis

Assis dans un fauteuil aussi confortable que rouge, Jake observait avec attention la scène qui se déroulait sous ses yeux ou plutôt, il tentait de suivre mais hélas pour lui, ce n’était guère évident. Les visages se mélangeaient et il peinait à retenir qui jouait qui. Son handicap était pesant à la longue surtout pour des plaisirs simples comme le cinéma ou le théâtre. L’homme avait donc tendance à ne regarder dans l’intimité que quelques films, ceux qu’ils connaissaient par cœur d’avant son accident. Seulement voilà, quand son frère metteur en scène lui avait envoyé deux invitations pour voir sa dernière pièce, il n’avait rien trouvé pour décliner. D’ordinaire, il trouvait une excuse mais Jacob avait vite perçu que cela risquait de briser sa relation avec son frère s’il persistait à trouver des prétextes pour se soustraire à ses invitations. Aussi avait-il pris le parti de s’y rendre mais pas seul. Il avait demandé à Zola de venir avec lui, tous frais payés bien entendu. Un week-end à New York, qui le refuserait ? Son amie avait accepté et se trouvait donc à ses côtés. Jake savait qu’il pouvait se reposer sur elle puisqu’elle avait conscience de son handicap. Il lui avait montré des photos de son frère afin qu’elle puisse le reconnaitre pour lui, et l’avertir si jamais il venait à eux. Le thérapeute avait longuement pesé le pour et le contre quant à annoncer son handicap à sa famille. Sa mère avait été mise au courant par son médecin mais il lui avait fait promettre de ne rien dire. Jake ne voulait pas être un poids pour ses proches et il ne souhaitait pas le moins du monde leur inspirer de la pitié. Alors au fil des ans, il avait développé des techniques pour les reconnaitre, pour pallier leurs questions quant à ses moments où il semble pas les reconnaitre. Le surmenage était son excuse préférée à ce sujet. La pièce de théâtre se termina et il applaudit comme les autres. « Peux-tu m’expliquer de quoi il s’agissait concrètement ? Je dois avouer que je n’ai plus très bien saisi le fil de la pièce au bout de dix minutes » grimaça le blond qui pour l’occasion, avait revêtu un costume aussi sombre que classe.

( Pando )

Zola était une personne très douce, calme et compréhensive. Elle savait écouter les autres et les soutenir. Même si elle ne savait pas toujours ce qu'elle devait dire, elle savait qu'une simple présence humaine pouvait parfois faire beaucoup. Aussi, lorsque son ami Jacob lui avait proposé de partir faire une petite virée à New York pour voir la pièce de théâtre que son frère mettait en scène, Zola n'a pas hésité une seconde. Elle savait que son handicap lui pesait beaucoup, et elle savait que c'était important pour lui d'y aller, alors elle avait tout naturellement accepté. Et puis, qui dirait non à un weekend à New York? Zola se trouvait donc dans ce théâtre qu'elle trouvait plus que magnifique aux côtés de son ami. La jeune femme savait combien Jake tenait à faire plaisir à son frère, mais aussi à ce qu'il ne découvre rien. Elle savait que c'était important que son secret reste bien gardé. Zola ne le jugeait pas, loin de là. Elle respectait sa décision et la comprenait, il en parlerai quand et si il se sent prêt, mais pas avant. Aussi, elle se concentra pleinement dans la pièce qui se jouait devant elle. Elle appréciait voir cette pièce originale qui ne semblait pas être tiré d'un classique comme Molière ou Shakespeare. Elle aimait cette part de nouveauté, et elle se promit qu'en rentrant à la Nouvelle Orléans, elle irait se renseigner sur les spectacles dans sa ville. C'était de l'art à l'état pur, et c'était magnifique. A la fin, elle ne put s'empêcher d'applaudir, fort. La remarque de son ami lui fit redescendre les pieds sur terre. Elle-même n'était pas très douée pour retenir les détails d'une pièce ou même d'un film, mais elle avait compris l'essentiel. “Je m'excuse d'avance de mon manque de détail, j'ai du mal à tout retenir sans regarder plusieurs fois l'oeuvre. C'est un peu un remake de Roméo et Juliette, mais des temps modernes. Une fille et un garçon sont éperdument amoureux l'un de l'autre, seulement, l'un déménage à l'autre bout du pays. Les deux jeunes ont développé des techniques originales pour garder le contact. Bien évidemment, ils se sont servis des divers réseaux sociaux. Leur histoire a duré des années, et quand ils ont eu la majorité, ils se sont retrouvés ici, à New York pour démarrer leur nouvelle vie. Entre deux, la vie a mis en péril leur relation.” Zola fit une pause, elle se rendit compte que son explication était vraiment confuse et pas très claire. Elle espérait tout de même que Jacob ait compris quelque chose à son histoire. “Ton frère t'as donné une invitation backstage aussi?” La jeune femme était curieuse de savoir s'ils allaient découvrir l'envers du décors.

( Pando )

La pièce venait de se terminer et Jacob se tourna aussitôt vers son amie Zola. Elle était la seule à pouvoir l’aider et à gérer à la fois son frère mais également l’environnement proche. D’ordinaire, c’était son assistant qui se chargeait en quelque sorte de jouer les « gardes du corps » pour lui mais Jake avait refusé qu’il vienne se mettre entre lui et Zola. Son amie méritait mieux pour ce week-end que d’être constamment en porte à faux avec son assistant. Après tout, ce dernier était déterminé à éviter toute souffrance à son patron et bien souvent, cela signifiait écarter la gente féminine de son passage. Son excès de zèle était compréhensible car c’était lui qui l’avait ramassé à la petite cuillère quand son histoire d’amour s’était terminée. « Pourtant, leur histoire a perduré malgré tout c’est bien cela ? Qu’est-ce que tu en as pensé ? Je veux dire, de cette histoire d’amour qui surmonte toutes les difficultés ? ne penses-tu pas que c’est un peu un conte de fées ? » l’interrogeait-il à la fois pour connaitre son avis sur la pièce mais également en savoir plus sur ladite pièce. Les deux étaient importants à ses yeux. Zola était une femme intelligente dont il appréciait la curiosité d’esprit. « Oui, voici d’ailleurs ton badge pour entrer. Je crois même qu’il a prévu que l’on dine avec la troupe des acteurs. Mon frère aime faire les choses en grand mais si cela te dérange, je suis partant pour t’offrir un diner dans un merveilleux restaurant » lui laissait-il le choix. Il était hors de question qu’il lui impose la moindre contrainte alors qu’elle avait accepté de l’aider. Les deux amis se présentèrent devant un homme chargé de la sécurité et notamment de filtrer les indésirables des basckstages. Zola et lui montrèrent leur pass et purent ainsi, passer ce barrage. Non loin d’eux, à quelques mètres, se trouvaient le frère de Jacob. Un peu plus petit que lui, la même blondeur et surtout la même belle gueule, les deux frangins se ressemblaient presque comme des jumeaux si ce n’est que Raphael de son prénom, était beaucoup moins musclé que son ainé. « Est-ce que tu le vois quelque part ? » lui demandait-il puisque pour lui, tous les visages étaient les mêmes à savoir flous, indiscernables.

( Pando )

Zola appréciait l'ambiance du théâtre. Elle était très heureuse que son ami lui ait proposé de l'accompagner. Elle savait qu'à l'habitude, c'était son assistant qui l'aidait dans son quotidien. Zola en avait été encore plus touchée, et elle s'était donné pour mission de ne pas se planter. Elle avait un petit côté maladroit qui pouvait vite tourner au désastre, mais elle ne savait pas si Jacob était déjà au courant de ce petit (grand) défaut… Elle était vraiment contente d'avoir pu développer de telles relations d'amitié depuis quelques temps. Elle se sentait beaucoup moins seule lorsqu'elle était à La Nouvelle Orléans. Elle était un peu déroutée par la question que son ami venait de lui poser. Elle n'avait jamais vraiment réfléchi au problème. Elle essaya de croiser son regard et réfléchissait tout en parlant:

“Oui, leur histoire a perdurée durant toutes ces années. Eh bien… je dois avouer que le jeu des acteurs étaient vraiment convainquant. Je pense sincèrement que si un amour est fort, sincère, et partagé, alors oui, il peut surmonter toutes les difficultés.” Elle rigola un peu. “En effet, ça fait un peu conte de fées… seulement que serait la vie sans un peu de magie?” Elle sourit à pleine dent en terminant sa pensée. Elle voulait être optimiste et ne pas penser à ses propres échec amoureux. Elle voulait croire qu'un jour, elle trouverait la bonne personne avec qui partager sa vie. Mais pas le prince charmant, lui, il est bien trop surfait. Elle détourna le regard pour chasser son humeur fleur bleue, et elle admira le parquet de la scène du théâtre. Elle se demanda soudainement combien de personnes ont eu le privilège de joncher cette scène. “Et toi, qu'en penses-tu?” Elle était curieuse de connaître le point de vue de son ami. Elle trouvait enrichissant de parler avec les autres, ça avait le pouvoir de développer sa capacité d'analyse. Elle saisit le badge et ne put s'empêcher de sourire “Ouah! Quelle classe ce badge, nous sommes des Very Important People maintenant!” Elle éclata de rire. Elle se sentait prête à déplacer des montagnes. “Moi, ça ne me dérrange pas. Mais saches que je te suivrais partout-ou presque-ce week-end. Je te propose un marché, on va prendre la température avec ton frère, et si l'un d'entre nous ne se sent pas à l'aise, on trouve le prétexte du siècle et on va se faire une virée New Yorkaise, nourriture comprise! Qu'en penses-tu?”. Elle voulait faire en sorte que les choses fonctionnent entre les deux frères, même si elle n'était pas certaine du désir de Jacob.

Lorsqu'ils avancèrent près du garde afin de passer en backstage, elle se rendit compte de la foule qu'ils pouvaient y avoir en coulisses. Zola essaya de se grandir afin de repérer le frère de son ami. Une fois la mission accomplie, elle ne savait cependant pas comment faire pour arriver jusqu'à lui sans pour autant perdre leur duo. “Je l'ai repéré, il est à quelques mètres de nous seulement. Je vais nous créer un chemin pour arriver jusqu'à lui.” Elle prit son ami délicatement par l'avant bras et l'emmena voir son frère. Zola comprenait maintenant pourquoi elle n'assistait pas à des concerts, tous ces gens qui la collaient lui donnait envie de prendre une douche! Elle chassa cette pensée de sa tête lorsqu'ils arrivèrent près de Raphael.

( Pando )

L’amour était un vaste sujet. De par son métier, Jacob était souvent confronté aux dépressions de ses patients notamment suite à une peine de cœur. Au fil des années, il avait fait en sorte de s’endurcir pour ne pas laisser le cynisme le gagner. Il avait mainte et mainte fois du batailler pour ne pas s’imaginer que l’amour était source de malheur et destructeur. Il y était parvenu avant que sa propre vie personnelle n’achève de peindre le tableau en noir. Sa relation n’avait pas surmonté son handicap malgré tous les efforts du monde. En tant que thérapeute, il avait commencé à décerner des signes avant-coureurs chez sa compagne. Elle sombrait peu à peu mais par amour, elle avait tenté de tenir. Finalement, il avait décidé de ne pas devenir un élément toxique de sa vie et la relation avait pris fin. Durant des mois, il avait mis sa propre carrière entre parenthèse pour se reconstruire et se faire à l’idée qu’aucune femme ne méritait de souffrir par sa faute. La solitude avait gagné son cœur et Jacob s’était convaincu qu’il valait mieux se limiter à des rapports strictement amicaux. De temps en temps, l’homme craquait et succombait aux charmes d’une femme dont il oubliait le visage. Il détestait s’adonner aux histoires d’un soir car dans le fond, c’était un grand romantique. « Je présume que tu as raison. La vie sans magie ne serait pas si palpitante » répondit-il avec prudence avant qu’elle ne l’interroge justement sur sa vie vision de l’amour. « Je pense que malgré tous les sentiments les plus vertueux de la planète, l’amour peut être destructeur et que si on aime une personne, il faut savoir y renoncer quand la situation l’exige. L’amour peut nous permettre de soulever des montagnes, de surmonter des peurs et se surpasser mais ce n’est pas un remède miracle et il connait ses limites qui sont dans le fond, les limites de l’esprit humain » donna-t-il son point de vue sur la question.

Jacob lui remit par la suite son badge et il sourit de l’enthousiasme de Zola. Cette femme avait le chic pour le faire rire. Une raison d’aimer autant sa compagnie. « J’en pense que c’est une excellente idée ! Je me demande si je ne la préfère pas à l’idée de diner avec toute la troupe » plaisantait-il tout en se dirigeant avec elle, vers l’entrée des coulisses. Leurs badges leur permis d’entrer sans problème. Zola repéra rapidement Raphaël dans la foule et l’attrapa par le bras pour l’y amener. Jacob tentait de se rappeler s’il avait déjà vu telle ou telle personne mais aucun visage ne lui revenait. A la place, il préféra se concentrer sur le profil de son amie pour ne pas la perdre dans la foule malgré leur contact physique. Jake ! Grand-frère, je me demandais quand est-ce que tu allais venir en coulisse » s’exclama Raph’ en les voyant approcher. Il le serra dans ses bras avant de se tourner vers Zola. « Et qui est cette charmante jeune femme ? Laisse moi deviner : la fameuse invitée pour laquelle tu m’as réclamé un pass supplémentaire. Je dois dire que pour une fois, tu es en bien meilleure compagnie que celle de ton assistant » poursuivit-il sur un ton bon enfant avant de faire la bise à Zola. « Raphaël Lannister, ravi de vous rencontrer. Pardonnez-moi cette question, mais êtes-vous intime avec mon grand-frère ? Il est tellement rare qu’il présente une femme à un membre de notre famille ». Jacob leva les yeux au ciel. « Il y a une raison à cela Raph’ : maman a tendance à vouloir me marier par tous les moyens et tu es du même acabit. Fais attention Zola car tu risques de te retrouver avec un mariage sur les bras en moins de deux » dit-il avec un léger sourire. Raph’ éclata de rire. « C’est que tu approches la quarantaine frangin, il serait peut-être temps de te caser et de lancer la nouvelle génération de Lannister. Ainsi, m’man nous fichera la paix à nous autre. Eh oui, on a besoin que tu te sacrifies pour nous »

( Pando )

Certaines personnes adoraient Zola pour son optimisme à toute épreuve, sa joie de vivre, et son grand sourire. Ils trouvaient ça… réconfortant. Comme une lumière venue éclairer leur sombre journée. Cependant, ce n'était pas au goût de tout le monde. D'autres la traitaient souvent de nunuche, de naïve, ou encore d'être remplie de niaiserie. On lui avait souvent répété que le silence était la meilleure façon de répondre à ce genre d'individus, aussi, elle ne répondait presque jamais aux critiques. Personne n'est parfait, et elle ne pouvait plaire à tout le monde. Pour sa part, la jeune avocate préférait voir le verre à moitié plein qu'à moitié vide. Ça rendait son métier-et sa vie en général-beaucoup plus facile à vivre. Elle n'était pas forcément la meilleure personne pour donner des conseils sur cette philosophie de vivre puisqu'elle osait à peine chercher ce que l'on appelle l'amour. Elle en rêvait, l'espérait secrètement, mais ne s'activait pas pour le trouver. Elle se rendit compte que ses précédentes paroles étaient creuses, et elle fronça les sourcils pour réfléchir à ce qu'elle avait dit à son ami. Cependant, elle n'en eut guère le temps puisque sa réponse à lui lui donna encore plus de matière à penser. Il n'avait pas tort. Combien de personnes avait-elle représenté au travail qui se déchiraient par amour ? Combien de vies ont été gâchées par amour ? Elle ne les comptait plus. Elle soupira un instant et se rendit compte que Jacob avait sûrement le plus raison. De part son métier, il devait fonder ses propos sur des faits bien concret, alors qu'elle… restait une éternelle rêveuse dans le corps d'une femme. Assez mâture pour sa vie professionnelle, mais beaucoup moins pour sa vie personnelle.

(...)

La première impression que la jeune femme eut du frère de Jacob fut qu'il devait très certainement être une personne franche qui pensait haut et fort ses convictions. Mais il semblait être une personne pleine d'humour également. Zola apprécia de suite ce sacré numéro. Elle rougit un peu à ses questions et allusions, non pas parce qu'il se passait quoi que ce soit, mais parce qu'elle avait toujours tendance à rougir lorsqu'on parlait de sa vie privée. Elle avait aussi la fâcheuse habitude à éluder toute question-ce qui rendait ses proches fous. Aussi, elle décida de rigoler à sa question avant de leur répondre. “Zola Douglass, ravie de faire votre connaissance également. Désolé de vous décevoir, mais Jake et moi sommes seulement de bons amis.” Elle espérait ne pas mettre son ami dans l'embarras tout de même, elle ne savait pas grand chose de sa famille, de leur fonctionnement, ou de leur habitude. Mais elle se sermonna de ne pas trop analyser la situation, après tout, ce n'était pas elle la spy, elle n'y connaissait rien. “Oh tu sais, les mariages, ça va, ça vient, j'en vois tous les jours, mais au moins, je saurais comment m'en débarrasser.” Elle avait dit ça sur un ton tellement naturel qu'elle se rendit compte après coup que ça pourrait être mal interprété. Elle voyait beaucoup de couple se défaire… mais aussi beaucoup prendre conscience de l'amour qui les unit. “En tout cas les gars, désolée de vous décevoir, mais vous allez devoir régler ce petit détail de sacrifice entre vous…” Elle termina sa phrase en rigolant pour alléger l'atmosphère. Elle était tellement gauche parfois qu'elle se fustigea mentalement d'être aussi empotée.

( Pando )

Dans la famille Lannister, le nom a de l’importance notamment sa transmission. Ses parents commençaient donc à s’inquiéter du célibat prolongé de leur ainé notamment parce que l’un de leurs garçons était homosexuel. On aurait pu croire selon les clichés qu’il s’agirait de l’artiste de la famille, Raphaël mais ce n’était pas le cas. L’homosexualité de Samuel avait été un coup dur pour les parents dans le sens où il était le premier homosexuel à se déclarer dans le clan Lannister. Cela avait fait des choux gras dans la presse people : un des fils du sénateur Lannister, homosexuel. Son père fervent croyant et républicain conservateur, avait eu beaucoup de mal mais contrairement aux idées reçues, l’amour avait prévalu sur la religion ou les idéaux politiques. Toutefois, il reposait donc sur les épaules de Raphaël et sur celles de Jacob, de transmettre le nom de famille. Raph, lui, n’était véritablement pas pressé de se caser avec une femme. Jacob lui, désespérait d’un jour, trouver une femme qui supporterait son handicap. L’un dans l’autre, le nom des Lannister était plus qu’en danger. « Je suis vraiment déçu. Je pensais qu’à son âge, il allait enfin être sérieux surtout en si belle compagnie » s’amusait son frère. Jacob pouvait reconnaitre le séducteur derrière les mots. Si Zola et lui n’étaient pas intimes, sûrement tenterait-il sa chance de son côté. « Remarquez, si mon frère ne sait pas saisir sa chance, peut-être me laisseriez-vous, de mon côté, tenter la mienne ? ». C’était couru d’avance songeait le thérapeute qui connaissait son frère par cœur. « J’aime beaucoup sa personnalité mon frère. Véritablement, je ne te comprends pas » dit-il en lançant un regard entendu à son ainé. « Et Zola mérite beaucoup mieux qu’un vil séducteur dans ton genre. Fais attention, si le mariage le fait fuir, ton sourire lui, risque de le rameuter » s’adressait-il à son amie avec un léger sourire.

De son côté, Raphaël rigola de bon cœur. Il ne prenait jamais rien au sérieux. « Tu as toujours envie de diner en sa compagnie ? Un mot de toi et je te sauve de cette agonie. Crois-moi, tu ne le vexeras pas : mon frère a l’habitude de voir les femmes le fuir dès qu’il ouvre la bouche. Cela plusieurs fois pourtant que je lui dis que son physique de Don Juan ne suffit pas » se moquait-il gentiment tout en se plaçant légèrement en rempart vis-à-vis de Raph. Le message était on ne peut plus clair : Zola étant son amie, il valait mieux qu’il exerce ses atouts de séducteur ailleurs. Jake était bien trop respectueux des femmes pour permettre qu’il arrive quoique ce soit à Zola.

( Pando )

Zola était habitué à rencontrer tout type de personne avec son travail: de la personne la plus timide, la plus renfermée, à la plus extraverti, jusqu'à celle qui ne pouvait s'empêcher de flirter. Elle les avait toutes eues au moins une fois dans une salle. Au fur et à mesure des années, elle avait essayé de les gérer, de développer des stratégies pour communiquer avec elle. Et même si elle était pleinement conscience de sa féminité, elle n'était pour autant pas à l'aise lorsqu'on lui faisait un compliment. Alors quand quelqu'un la draguait, par envie ou intérêt, elle était très gênée et avait du mal à parler. Elle était gauche, elle se maudissait pour ça, mais elle n'avait pas encore trouvé le moyen d'y remédier. “Eh bien… euh… merci du compliment...mais, euh, Jacob est quelqu'un de très sérieux, tu sais.” Parler des autres dans de telles situations lui permettait de contenir cette hésitation flagrante. Jacob lui avait vaguement parlé de sa famille, elle n'était pas intrusive, aussi elle n'avait jamais insisté pour connaître les moindre détails de son existence, pour Zozo, l'amitié passait avant tout par la confiance. Cependant, elle se doutait bien qu'il subissait une certaine pression… sociale et familiale. Quand Jacob vint à son secours lorsque son frère insinua certaines choses, elle se rappela que c'était un ami, un vrai, et qu'elle lui offrirait une glace plus tard pour le remercier. Aussi, elle essaya de lui rendre la pareille. “Tu sais Raphaël, l'amour, ça se contrôle pas, ça nous tombe dessus, comme ça, sans crier gare. Jacob de trouver la personne avec qui il se sent bien et avec laquelle il souhaite partager sa vie. Il a encore le temps, tu sais”. Elle ne savait pas si ça allait aider son ami, ou plutôt l'enfoncer, mais c'était dit. Il fallait que son frère arrête de l'assaillir de questions très intimes, comme si ça vie privée était de notoriété publique. Zola pouffa avant de répondre au frère de son ami: “Je ne veux pas te vexer, mais je pense pas qu'on soit compatible, toi et moi.” Elle fit la moue et le détailla de la tête au pied. Les hommes de la famille Lannister étaient loin d'être déplaisant à regarder mais: “Tu n'es pas mon genre”, finit-elle en haussant les épaules. Elle tua ses espoirs dans l'oeuf avec cette dernière phrase: “Je préfère les hommes classes et distingués.” C'était bien plus facile lorsqu'elle devait rembarrer quelqu'un que quand on lui faisait un compliment. Elle observa Raphaël alors qu'il rigolait, comme ce devait être libérateur de ne jamais rien prendre sérieusement. Elle songea rapidement à en prendre de la graine, elle qui réfléchissait beaucoup trop. La voie de Jake la fit sortir de ses pensées. Son ami s'était placé entre le potentiel danger que son frère pouvait représenter pour la jeune femme et elle. Touchée, elle sourit sincèrement à Jacob. Se positionnant bras dessus, bras dessous avec lui, elle regarda Raphaël dans les yeux. “J'avoue que la ballade New Yorkaise dont nous avons parlé tout à l'heure est très alléchante… Mais crois-moi, je peux tout à fait gérer un loustic dans son genre”. Puis, elle s'adressa directement à l'intéressé “Tu devrais prendre les conseils gratuits que ton frère te donne, tu ne trouveras personne si tu espères qu'on te tombera toutes dans les bras.” Elle se tourna vers Jacob et lui dit presque dans un chuchotement pour qu'il soit le seul à entendre “Merci, je te dois une fière chandelle, je t'offrirai une glace, ou une gaufre, ou une frite, bref ce qui te fais plaisir”. Elle qui était si angoissée à l'idée de rencontrer des inconnus, Zozo commença à se sentir à l'aise.

( Pando )