Rompre le deal.

   Joan & Leonidas

   Rompre le deal

IL Y A QUELQUES SEMAINES |
« Un engagement ? » répétait-il en palissant légèrement sous le choc mais surtout la sourde colère qu’il sentait monter crescendo en lui. Joan parlait d’engagement comme si c’était naturel d’exiger de lui, ce genre de choses. « Alors ça y est, tu as décidé que tu avais assez œuvré pour ta cause et que tu t’imagines qu’au bout de cinq ans, tu es en droit d’exiger un engagement de ma part ? Et combien de carra le diamant ? Juste pour voir à combien tu estimes le prix de l’engagement que je dois accepter » lui demandait-il en se fourvoyant complétement concernant le sens du mot engagement. A ses yeux, il ne voyait qu’un contrat, qu’un mariage. Il ne s’imaginait pas un seul instant que Joan puisse être amoureuse de lui. Comment pourrait-elle l’être ? Il n’était qu’un être froid, cruel, calculateur. Il savait très bien ce que l’on disait de lui dans son dos. Il s’en fichait comme de sa première chaussette car cette réputation, il se la devait avant toute chose. « Il n’y a aucun engagement possible entre toi et moi Joan. Je veux bien avouer que c’était agréable, que j’ai pris beaucoup de plaisir entre tes cuisses mais toi comme moi, nous savons que nous ne sommes pas faits pour être « engagés » l’un envers l’autre. Tu me connais, tu étais d’accord pour le deal. Tu ne l’es plus ? Tant pis, on arrête mais n’imagine pas que parce que tu es ma meilleure amie, que tu auras le droit à un traitement de faveur. Je connais toutes les ruses des femmes pour arriver à leurs fins. Je pensais naïvement que tu étais différente mais finalement, tu es comme toutes les autres. C’est navrant » dit-il en reboutonnant sa chemise. Il essayait de paraitre détaché et sûrement y parvenait-il avec brio mais au fond de lui, il hurlait. Il avait envie de l’insulter, de la secouer et surtout de lui reprocher la fin de leur entente sexuelle. Elle venait de tout gâcher. « Je ne suis pas Paris ou bien même Bonaventure. Si tu voulais un conte de fées, tu as misé sur le mauvais cheval. Ton happy end à la « ils vécurent heureux et eurent plein de petits morveux » c’est pas auprès de moi que tu l’auras. Je peux t’apporter que des orgasmes. Cela ne te suffit pas ? Et bien va voir ailleurs » haussa-t-il des épaules tandis que la simple idée de savoir Joan entre les bras d’un autre homme lui donnait envie d’oublier sa réticence concernant la violence physique. En réalité, le grec cherchait un moyen de couper court à cette émotion qui lui enserrait le cœur et nouait son estomac. Il ne comprenait pas ce qu’il se passait en lui et il la détestait de lui faire perdre son sacro-saint contrôle. « Je crois que l’on s’est tout dit »

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IL Y A QUELQUES SEMAINES |
Je ne comprenais pas ce soudain mépris et ce manque de confiance de Léo envers moi et mes intentions. Sa nervosité et son franc parlé, ça oui, je m’y attendais, mais à ce point ? non….Et au moment où il ouvrit la bouche pour dire cette simple phrase « Il n’y a aucun engagement possible entre toi et moi » j’ai su que j’avais tout perdu. J’ai la soudaine impression douloureuse que l’on me déchire le cœur en deux et je déteste Léo pour en être la cause. Encore une fois. « Je n’ai jamais pensé que... » ai-je tenté de dire pendant qu’il m’expliquait son désaccord, mais c’était inutile de tenter de défendre ma cause. Il ne m’écouterait pas de tout façon. Le langage de son corps parlait pour lui : il se refermait comme une huître, se plaçait à l’offensive et n’ouvrait pas de place au dialogue. Et le pire, restait toujours ce mépris…

Je baissais alors la tête et le laissais me considérer comme toutes les autres, puisqu’ils en avaient décidé ainsi, en me disant que j’avais effectivement été idiote de croire qu’il m’aurait vu différemment. J’en venais même à me détester d’avoir été un jouet pour lui pendant 5 ans…Mais il avait raison après tout : j’étais d’accord au départ. Je ne le suis plus donc, on s’arrête là. « T’as raison on s’est tout dit ! » lui assurais-je alors que je relevais la tête, un voile de dégoût dans mon regard, qui était un dégoût pour moi plus que pour lui, mais dans un sens si ça pouvait lui faire croire que c’est LUI qui m’écœurait, ce ne serait pas plus mal « Tu m’as bien rappelé avec mépris tu me considérais. Je suis comme les autres ? je suis ravie de le savoir maintenant… » J’inspirais profondément et décidais de reprendre le contrôle de mon territoire, de ce qui devait être ma bulle, ma protection. Celle que je n’avais ouverte qu’à peu de gens…lui, Summer, Katherine récemment. Il venait de perdre le droit de rester. Je tendis la main, paume ouverte « Donne moi les clés de l’appartement…vu que notre deal est fini, tu n’en auras plus besoin pour venir soulager une quelconque pulsion avec moi » Je ne le verrais plus… ou au pire pour quelques réunion entre amis organisés par les autres ? ah si…il restait le restaurant. Il m’avait aidé à monter mon projet, et pour cela je lui étais et resterait toujours redevable.
Mon dieu…je ne le verrais vraiment plus ? je me faisais ce constat avec déchirement alors que je me devais de garder un air ferme et déterminé. Je ne devais pas flancher, ni même pleurer. J’attendrais qu’il soit parti pour ça, parce que je ne supportais pas de pleurer devant lui alors qu’il n’en avait rien à faire. Pire encore, il serait bien capable de grogner en disant être insupporter par mon comportement larmoyant. Alors merde ! qu’il aille au diable, qu’il sorte de ma vie…que je puisse l’oublier…ou crever… « je te raccompagne pas, tu connais le chemin » Je suis faible. Moi qui d'habitude ai toujours eu la répartie de l'envoyer chier, de l'insulter, de le ramené à la réalité....aujourd'hui, je n'arrive à rien parce qu'il m'a détruite. il a réussi. Bravo, Leonidas, tu as gagné...

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IL Y A QUELQUES SEMAINES |
La situation lui avait échappé mais Leonidas trop enclin à se laisser gouverner par sa colère mais également une légère frayeur, n’en prit pas conscience. Du moins, dans un premier temps car dès lors qu’elle lui demanda de lui redonner la clé de son appartement, il comprit qu’ils venaient peut-être d’atteindre le point de non retour. Au fond de lui, il craignait de la perdre. Joan était sa meilleure amie, elle comptait parmi ses plus proches amis. Elle était même au-dessus de tout le monde mais sa fierté l’empêchait de présenter ses excuses. Tout cela, c’était de sa faute à elle. C’était elle qui avait rompu le deal, qui les avait mis dans une telle galère. « Oh je t’en prie, ne te fais pas passer pour la victime. A t’entendre, tu n’étais qu’un vide couille pour parler vulgairement. Tu oublies que tu étais pas la dernière pour me sauter dessus » protestait-il en glissant sa main dans la poche de son pantalon pour en ressortir son trousseau de clé. Leonidas n’avait pas conscience qu’il avait ajouté la clé de chez Joan aux siennes, un symbole très important au moins aux yeux du commun des mortels. C’est simple, le grec agissait par instinct avec la petite brune de son cœur mais sa fierté l’obligeait à fermer les yeux sur ses réelles motivations ou l’impact de ses petites prises de conscience. Il sortit donc la clé de son trousseau pour mieux la lui placer dans le creux de la main. « Cette histoire est ridicule, ta réaction aussi » grommelait-il dans sa barbe avant qu’elle ne le congédie.

Leonidas lui jeta un dernier regard avant de quitter l’appartement, claquant la porte d’entrée dans un geste d’énervement. Il n’appela pas plus son chauffeur pour rentrer au penthouse. Il avait besoin de marcher, de se changer les idées et pour cela, un peu de marche ne lui ferait pas de mal. Néanmoins, il savait qu’au fond de lui, une simple marche ne suffirait pas à le calmer. Joan était trop importante à ses yeux pour que son trouble disparaisse du jour au lendemain.

CLOS