« Impossible de faire semblant »

« Impossible de faire semblant »

Vendredi 21 décembre

Malone n'allait pas bien. Cela faisait vraiment un mois qu'il était en train de sombrer lentement mais sûrement. Depuis le kidnapping, depuis son passage à l'hôpital, depuis qu'il avait vu Katherine pour la dernière fois. Clairement Malone n'était plus que l'ombre de lui-même. Et pourtant, il continuait de mener sa petite vie. Il passait souvent à son bar, buvait quelques bières, plaisantait avec les clients mais ce n'était qu'une façade. Il continuait de trainer dans les bars mais il repoussait toutes les filles qui s'approchaient de lui. De temps en temps, il se laissait attendrir mais même quand il les baisait, cela ne lui procurait presque plus de plaisir. Evidemment, devant sa famille, il essayait de rester souriant. Il était ronchon mais Paris et les autres mettaient cela sur le coup du contre-coup et cela convenait bien à Malone. De toute façon, il avait prévu de partir dès qu'il pourrait marcher avec des béquilles. Seul problème, il avait vu son chirurgien et celui-ci lui avait dit que l'abandon du fauteuil roulant n'était pas pour tout de suite. Il était rentré chez lui avant de vider la bouteille de vodka. Il n'en pouvait plus d'être ainsi et il n'avait plus envie de rien. Clairement, il n'arrivait pas à ce remettre du kidnapping mais il préférait ne pas le montrer.

Après avoir vider la bouteille de vodka, il se rendit dans un night-club. On le servit sans rechigner. Après tout, on le connaissait, c'était un habitué. Et puis, le gérant refusa de continuer de le servir. Cela se comprenait, Malone était trop bourré mais le jeune homme se mit à hurler parlant de son handicap et affirmant que cela était de la discrimination, qu'on voulait le mettre dehors à cause de son fauteuil. De peur d'avoir une réputation, on le servit à nouveau, quelques verres. Lorsqu'il sortit du night club, il était complètement bourré mais il n'allait pas mieux du tout. Il était devasté, il était déprimé et il avait l'impression de ne pouvoir parler à personne. Alors qu'il avançait dans la rue, il s'arrêta pour sortir son téléphone. Il était 5 heures du matin mais il n'avait pas cette notion en tête. Il composa le numéro de Katherine. « Katy, j'ai besoin de toi » Il ne savait pas s'il l'avait en direct ou si c'était son répondeur mais elle seule pouvait comprendre et elle était là seule à qui il pouvait ou voulait parler.

   MALONE & KATHERINE

   Impossible de faire semblant

Encore un nouveau mois qui venait de s’écouler mais pour Katherine, c’était comme si ses problèmes dataient d’hier. Elle avait réussi à en parler un peu avec son père mais elle avait minimisé les choses pour ne pas le blesser, pour ne pas l’inquiéter. Il avait déjà tant à faire avec sa femme. La mère de Katherine n’allait pas bien surmontant très mal la mort de son fils mais la jolie vétérinaire soupçonnait que ce n’était pas l’unique démon que sa mère combattait. Elle soupirât en se retournant dans son lit. Une nouvelle nuit où le sommeil la fuyait à croire que se retrouver seule dans son lit, la terrorisait. Katherine s’allongeât sur le côté, sa main se glissant sous son oreiller. Elle tentât de fermer les yeux mais comme à chaque tentative, elle avait l’impression d’être à nouveau prisonnière de cet enfer. La jeune femme avait cessé de sortir, se plongeant dans son travail. Elle avait cette désagréable impression de se noyer, de se débattre toute seule et elle n’arrivait pas à sourire à ses proches. Le masque qu’elle portait était devenu trop lourd mais elle ne s’autorisait pas à craquer et commettait bêtise sur bêtise.

Son téléphone portable vibrât et elle jetât un petit coup d’œil à son radio réveil. Il était cinq heures du matin, qui pouvait bien l’appeler à une heure pareille. Le nom « crétin » s’affichât sur l’écran de son téléphone et elle fut tentée de ne pas décrocher. Elle le détestait depuis cette fameuse soirée au bal. Qu’il aille au diable songeât-elle avec amertume. Elle n’avait pas du tout l’intention d’écouter sa dernière coucherie ou même d’entendre sa voix tout simplement. Ses doigts glissèrent sur l’écran, acceptant presque malgré elle, l’appel.

_ « Il est cinq heure du matin ! J’espère que tu as une bonne raison de me déranger » dit-elle assez froidement.

La réponse qu’elle obtenu la fit s’asseoir sur son lit. Il y avait quelque chose dans la voix de Malone qui la frappât. Elle hésitât, partagée entre sa rancœur et ce besoin de voler à son secours. Un léger blanc s’installât dans la conversation avant qu’elle ne lui réponde.

_ « Où est-ce que tu es ? »

« Impossible de faire semblant »

Malone savait très bien qu'il ne s'était pas bien comporté avec Katherine la dernière fois. Il en avait bien conscience mais en même temps, il l'avait fait exprès. Il avait pensé que c'était mieux pour elle qu'elle sort de la vie de Malone, il ne voulait pas qu'il lui arrive quelque chose d'autre et la tenir loin de lui était le mieux à faire. Il avait pensé aussi qu'il arriverait facilement à passer au dessus de ce qu'il lui était arrivé mais en fait, il en était incapable. Il ne dormait plus ou très mal. Il ne pouvait plus travailler, il ne pouvait plus faire de sport, il ne pouvait même plus baiser correctement mais le pire c'est qu'il n'en avait même plus envie. Lentement il était en train de sombrer sans même s'en rendre compte. Et s'il n'avait pas pris une aussi grosse cuite, pas sûr qu'il aurait appeler Katherine à l'aide. Il ne releva même pas lorsqu'elle l'agressa à moitié par téléphone. En même temps, il le méritait. « Je suis pas loin du night club » Il ressentait une immense joie qu'elle accepte de le retrouver. Si elle avait refusé, il ne sait pas ce qu'il aurait fait. « J'ai tellement besoin de toi »

   MALONE & KATHERINE

   Impossible de faire semblant

Malone ne semblait pas au mieux de sa forme et malgré elle, elle se sentit attendrie au point qu’elle lui demandât où est-ce qu’il se trouvait. Il était cinq heures du matin mais elle savait qu’elle n’arriverait pas à trouver le sommeil surtout en sachant qu’il allait mal tout comme elle. Elle n’arrivait pas à faire face à ses cauchemars et Katherine savait que si elle persistait, elle sombrerait comme sa mère.

_ « J’arrive » lui dit-elle après avoir pris sa décision. « J’espère pour toi que ce n’est pas une façon de te moquer de moi Malone » soufflât-elle avant de raccrocher.

Il y avait un risque pour qu’il se moque d’elle, qu’il ne cherche qu’un bouche trou pour réchauffer son lit mais la jolie brune ne pouvait tout simplement pas se détourner de lui. Elle se levât pour s’habiller, enfilant un jean et un pull au-dessus de ses sous-vêtements. Elle se chaussât de basket et attrapât ses clés de voiture pour mieux sortir après avoir enfiler son manteau. Un quart d’heure plus tard, elle se garait non loin du night club. Katherine sortit de sa voiture et se mit en recherche de Malone qu’elle trouvât sur le trottoir.

_ « Salut » dit-elle ne sachant quoi dire d’autre.

« Impossible de faire semblant »

Il fallu entendre plusieurs bips avant que Malone comprenne que Katherine avait raccroché. Il posa le portable sur ses genoux sans même chercher à le ranger. Il était complètement amorphe, il avait les yeux perdus dans le vague, il tremblait. Tout ce qu'il espérait c'était que la jeune femme avait dit vrai et qu'elle était en route pour venir le retrouver. Il avait besoin de la voir, de lui parler, de la sentir contre lui. La tout de suite, c'était certainement le seul antidote qu'il lui fallait pour calmer ses nerfs, pour calmer ses tremblements, pour calmer sa peur. Il ne sait pas combien de temps, il attendit comme cela, immobile, puant les vapeurs d'alcool. Il aurait pu rester là toute la nuit si elle n'était pas venu. Lorsqu'il entendit sa voix, il tourna le regard vers elle. Il utilisa alors le levier de son fauteuil pour s'approcher d'elle. Difficilement, il se leva, essayant de ne pas trop prendre appui sur sa jambe. Et il la serra dans ses bras, aussi fort qu'il le pouvait malgré sa douleur à l'épaule. « Ne me laisse pas, je t'en supllie » On aurait dt qu'il était en pleine crise démentielle.

   MALONE & KATHERINE

   Impossible de faire semblant

Katherine ne put s’empêcher de dévorer Malone du regard tant il lui avait manqué mais en même temps, elle restait sur ses gardes. Avec lui, elle ne savait pas sur quel pied danser malgré tous ses efforts.

_ « Attends » tentât-elle de l’arrêter.

Malone ne l’écoutait pas car déjà, il quittait son fauteuil pour venir la serrer dans ses bras. Elle ne souhaitait pas qu’il se blesse mais elle devait reconnaitre qu’elle se sentait bien dans ses bras, comme si, elle retrouvait la quiétude qui avait été la sienne à l’hopital. Timidement, elle enserrât sa taille de ses bras, blottissant son visage contre son épaule en veillant à ne pas lui faire mal.

_ « Je suis là, tout va bien mon petit lionceau » murmurât-elle.

L’odeur d’alcool lui chatouillait désagréablement les narines mais elle s’abstint de tout commentaire car elle sentait qu’il n’avait pas besoin de ses reproches. Au contraire, il avait besoin de son soutien. Elle s’écartât légèrement de lui pour prendre son visage en coupe, plongeant son regard dans le sien.

_ « Tu es dans un sale état, est-ce que tu veux qu’on aille chez toi ? Tu as besoin d’une bonne douche car tu pues mais quelque chose de bien » lui sourit-elle avant de se mordiller la lèvre inférieure.

« Impossible de faire semblant »

Malone ne pu s'empêcher de respirer son odeur à pleines narines. Bizarrement au contact de la demoiselle, ses tremblements commencèrent à se calmer, son souffle redevint régulier, plus calme. Il ferma les yeux quelques instants profitant de ce moment. Bordel, qu'est ce que cela lui avait manqué durant ce mois. Il entendit ses paroles de réconfort et cela lui fit un bien fou. Il n'était pas capable de décrire ce bien être qu'il ressentait à présent.Il s'éloigna d'elle presque à contre coeur mais il plongea lui aussi son regard dans le sien. Il ne pouvait pas le détourner, il ne voulait pas comme si elle pouvait partir, comme si elle pouvait disparaître et ne plus jamais revenir. « N'importe où tant que tu restes avec moi » Et oui, la douche ne serait pas de trop même si le jeune homme n'avait aucune conscience de sentir mauvais. Il se laissa tomber dans son fauteuil comme s'il était à bout de force.

   MALONE & KATHERINE

   Impossible de faire semblant

Elle s’était imaginée que Malone vivait bien sa vie, qu’il accumulait les conquêtes mais cette théorie s’effondrât d’elle-même quand elle prit conscience de son état.

_ « Allons-y mon lionceau » lui dit-elle en déposant un baiser sur sa joue.

Il semblait aussi fatiguée qu’elle ne l’était si bien qu’elle lui fit signe de la suivre jusqu’à sa voiture. Elle n’osait même pas dire qu’il risquait sa vie car elle était la pire conductrice qui soit, elle était certaine qu’il s’en ficherait comme de sa première chaussette. Une fois installés tous les deux dans la voiture, elle redemandât l’adresse à Malone. Elle y était allée qu’une seule fois et ne s’en rappelait pas bien. La route se fit dans un silence confortable comme s’ils n’avaient besoin que de la présence de l’autre. Katherine en était troublée même si elle faisait tout pour le cacher. Une fois rendu à son domicile, elle enlevât ses chaussures ainsi que son manteau.

_ « Toi, la douche ! Tu as besoin d’aide ou tu te débrouilles comme un courageux lionceau ? » demandât-elle en se mordillant la lèvre.

« Impossible de faire semblant »

Malone la suivit alors jusqu'à la voiture. Il se leva de son fauteuil roulant avant de se hisser sur le siège passager. Il se pencha ensuite pour montrer à Katherine comment plier le fauteuil. Sans cela, elle ne pourrait certainement pas le mettre dans son coffre. Dès que ce fut bon, il ferma la porte et attendit que la demoiselle s'installe derrière le volant. Aucun des deux ne parlait et cela ne dérangeait pas du tout Malone. Il était bien, il se sentait bien et savoir qu'il avait Katherine à ses côtés le rendait plus apaisé, plus serein. Il avait les yeux fixés sur la route et il guidait la jeune femme à travers la ville de façon presque robotique. Une fois garés, elle lui apporta à nouveau son fauteuil et il s'installa dessus pour se laisser guider jusqu'à chez lui. Il tendit les clés à Katherine pour qu'elle ouvre la porte. Ils entrèrent et la demoiselle fut la première à parler. « Je vais y parvenir seul » On sentait bien que ce n'était pas le Malone de d'habitude. En général, il aurait fait une blague ou il aurait profiter de son état pour qu'elle le suive dans la salle de bains pour qu'elle vienne lui frotter le dos. Mais là, il avait juste envie de sa présence. « Fait comme chez toi en attendant. » Le mobilier avait entièrement changé. Faut dire qu'il s'était fait cambrioler, il y avait quelques temps et grâce au casino et à l'aide de Léo, il avait pu redécorer entièrement son intérieur. Il se dirigea ensuite vers la salle de bains. Celle-ci était aménagé pour qu'il puisse prendre sa douche sans risquer de tomber. Quelques instants plus tard, il en sortit avec simplement un caleçon et un t-shirt. Il avait aussi avec lui un sac avec des compresses et un bandage. Il avait aussi remit son atèle pour soutenir son épaule. « Tu m'aide à refaire mon pansement ? » Il était capable de le faire seul mais c'était en général pas fait parfaitement. Autant profiter de la présence de la demoiselle.

   MALONE & KATHERINE

   Impossible de faire semblant

Ils étaient finalement arrivés en un seul morceau à la maison de Malone et Katherine lui proposât aussitôt de filer sous la douche. Cela permettrait sûrement aux vapeurs d’alcool de s’en aller. Katherine ne savait pas trop sur quel pied danser. Elle sentait une fragilité chez Malone mais en même temps, elle se rappelait combien, elle s’était sentie humiliée par la façon dont il l’avait traité dans ce bar. Décidément, cet homme lui faisait toujours ressentir des émotions différentes.

_ « C’est étrange, dans mes souvenirs, la décoration était différente » s’étonnât-elle en regardant autour d’elle.

Malone la laissât peu après et elle se décidât à marcher dans le salon, n’osant pas trop toucher à quoique ce soit. Elle baillât tout en s’étirant. Elle n’avait pas l’habitude de se lever aussitôt mais en même temps, elle ne dormait pas des masses ces dernières semaines. Ici, elle se sentait bien et cela sans raison à moins que la présence de Malone y soit pour quelque chose.

_ « Oui pas de souci. Installe-toi sur le canapé, je vais aller me laver les mains. Cela me changera de mes patients à quatre pattes » répondit-elle alors qu’il venait de la rejoindre.

Katherine attachât ses cheveux en un chignon négligé puis filât se laver les mains avant de venir s’installer à près de lui sur le canapé.

_ « Je n’ai pas de croquettes pour toi si tu restes sage durant les soins, tu y survivras ? » tentât-elle de plaisanter.