Mon père, ce héros

   ADAM & KATHERINE

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Katherine venait de quitter l’hôpital après une consultation de son épaule. Le médecin lui avait retiré l’écharpe qu’elle portait mais lui avait conseillé d’éviter les mouvements brusques afin de permettre la parfaite cicatrisation de sa blessure. Elle avait hoché la tête, promettant de faire attention et ce fut presque sans même s’en rendre compte qu’elle regagnât l’habitacle sécurisé de sa voiture. Là, installée derrière le volant, elle s’arrêtât quelques instants. Elle n’avait pas envie de rentrer chez elle mais elle n’avait pas non plus envie de rester seule, en ce samedi après-midi. La vétérinaire ressentait le besoin de se réfugier dans un endroit sécurisé où rien ne pourrait l’atteindre, ou elle pourrait panser ses blessures comme un animal sauvage. Or, elle connaissait parfaitement où elle pouvait aller : chez ses parents. Son père allait très certainement la tuer de lui avoir caché ses dernières mésaventures mais à cela, elle avait un excellent argument : préserver maman. Depuis la mort de Nicholas, sa mère était entrée dans une profonde dépression et si maintenant, elle avait accepté de se soigner grâce à l’intervention de son mari, Katherine n’avait pas souhaité l’inquiéter avec ses problèmes.

_ « C’est vrai qu’être témoin d’un meurtre et être enlevé par un psychopathe sont des petits problèmes » ironisât-elle toute seule.

Elle avait pourtant besoin de parler à quelqu’un, de se sentir à nouveau dans la peau d’une enfant réconfortée par ses parents malgré qu’elle approchait la trentaine. Katherine démarrât sa voiture et s’orientât vers le domicile de ses parents. Elle y arrivât une bonne trentaine de minutes plus tard. La voiture de son père était là, parfait.

_ « P’pa ! C’est moi ! » s’écriât-elle en entrant dans la maison.
Katherine trouvât son père dans le salon et elle s’approchât de lui pour lui embrasser la joue comme à son habitude mais son sourire si solaire d’ordinaire, avait laissé sa place à une profonde fragilité.

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Entrer dans cette maison lui donnait toujours l’impression d’entrer dans une zone sécurisée et sécurisante. La présence de son père n’y était pas étrangère. Adam avait toujours été en quelque sorte le doudou de sa fille. Elle l’aimait plus que tout et rêvait un jour, de tomber amoureuse d’un homme comme lui. Sa mère avait beaucoup de chance tout comme elle s’estimait heureuse d’être sa fille.

_ « Oh non ! Je t’aurais ramené à la vie en te promettant de te faire ton dessert préféré. La mort devrait craindre le gourmand que tu es » plaisantât-elle avec une petite moue.

Elle n’en oubliait pas ses problèmes mais cette entrée en la matière lui avait arraché à un sourire amusé. Son père comprit rapidement qu’elle n’allait pas bien. Il avait toujours eu ce don à la décrypter et elle prit le temps de se fondre dans ses bras, cherchant un peu de réconfort.

_ « C’est une très longue histoire et je crois que cela ne sert à rien de te mentir. Ce n’est pas vraiment la grande frite » soupirât-elle en déposant un baiser sur la joue de son père.

Katherine ne savait pas par quoi commencer. Il y avait tellement de choses à dire et puis, elle craignait la réaction de son père. Il était en droit d’être fou d’inquiétude comme fou de rage. Elle lui avait tout de même caché des choses graves et après la mort de Nicholas, son silence n’en était que plus affligeant.

_ « P’pa, est-ce que tu as lu les informations dernièrement ? Au sujet d’un psychopathe qui courrait les rues de la ville et qui s’amuserait à kidnapper des gens au hasard ? » lui demandât-elle en premier lieu tout en se mordillant la lèvre inférieure.

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 Katherine savait qu’il était complétement inutile de se cacher de son père. Il avait toujours su lire en elle comme dans un livre ouvert mais ces derniers temps, elle avait dissimulé ses problèmes avec un peu plus de réussite. Il faut dire que son père était très occupé à protéger au maximum sa femme. Sarah-Lou n’allait pas bien, elle avait besoin de soin et Katherine en avait bien conscience. La mort de son petit frère avait fait des ravages dans la vie de ses parents mais également dans la sienne. La sage vétérinaire qui ne vivait que pour son travail avait laissé la place à une jeune femme qui souhaitait révolutionner son quotidien mais qui accumulait les erreurs et les souffrances. Katherine perdait pied et comme elle se refusait à exprimer sa souffrance de peur d’augmenter celle de ses parents, elle nageait en eaux tumultueuses.

_ « Est-ce qu’elle arrive à supporter d’être là-bas ? Je n’ai pas encore pu aller la voir » s’enquit-elle au sujet de sa mère.

Elle avait honte mais elle craignait tellement de blesser sa mère si elle lui rendait visite. Katherine peinait à conserver son masque. Il ne cessait de se craqueler jusqu’à se fendre quand son père lui posât la question.

_ « Si. J’ai été enlevée avec un homme et je me suis réveillée attachée à lui. C’était tellement affreux, j’ai bien cru que je n’allais pas réussir à m’en sortir » avouât-elle alors qu’elle venait se blottir comme un petit chaton craintif dans les bras de son père. « Rien ne va plus dans ma vie p’pa, Nicholas me manque tellement »

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_ « Je suis désolée, je ne voulais pas t’inquiéter. Tu avais déjà suffisamment à faire avec maman » lui répondit sa fille en reniflant piteusement.

En réalité, Katherine n’avait rien osé dire de peur que ses cauchemars ne se révèlent vrais. Elle avait enfoui tout cela au plus profond de sa tête en espérant bêtement et naïvement que cela n’existerait pas. Elle était forcée de constater qu’elle s’était lourdement trompée vue sa propension à commettre des aneries plus grosses qu’elle.

_ « Mais je dis pas non pour dormir ici. Je me sens pas vraiment bien à la maison toute seule » avouât-elle comme une petite fille.

Il y avait bien sa colocataire et meilleure amie mais Katherine ne voulait pas l’inquiéter. Elle avait suffisamment à faire avec sa grossesse. La jolie brune s’était visiblement donnée comme consigne de ne déranger aucun de ses proches, à croire que ses problèmes n’étaient en rien important. La caresse de son père dans sa chevelure lui apportât tout le réconfort et la sécurité qu’elle recherchait tant.

_ « Je suis aussi têtue que toi, il faut croire. Non, ils ne l’ont pas arrêté. Ils ont aucun indice et comme nous n’avons pas pu voir son visage à aucun moment, nous n’avons pas vraiment pu aider les officiers chargés de l’enquête » lui apprit-elle.

Si seulement son petit frère était encore en vie. Nicholas lui aurait apporté toute la normalité dont elle avait besoin. Mieux, il lui aurait très certainement changé les idées en la forçant à regarder plein de film d’horreur rien que pour l’enquiquiner.

_ « Promis, je ne dirais rien. Tu sais, je n’étais pas seule dans cette galère. Il y avait cet homme qui m’a très certainement sauvé la vie plus d’une fois. Je ne sais absolument pas quoi penser à son sujet. En fait p’pa, j’ai un peu de mal à penser en ce moment »

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Katherine ne souhaitait pas déranger ni même être une source d’inquiétude pour son père. Ce dernier avait déjà suffisamment à faire avec sa femme pour en prime, craindre que sa fille ne succombe à son tour à une grave dépression. Elle allait être forte pour ses parents, pour Nicholas même si au fond d’elle, elle se sentait aussi fragile qu’un nouveau-né. Le pire dans tout cela, c’était sûrement le fait que Malone lui manquait et qu’elle se sentait vulnérable face à cette émotion. Son monde ne tournait décidément pas à l’endroit ces derniers temps.

_ « Oui. J’ai eu un ange gardien durant ce cauchemar » soufflât-elle avec une certaine tendresse.

Malone avait pris tous les risques pour la préserver, quitte à y laisser sa vie. Elle aurait tellement aimé pouvoir le remercier autrement mais il l’avait rejeté de la pire des façons et elle lui en voulait. En réalité, elle ne comprenait pas son comportement. Elle était paumée.

_ « Je comptais aller la voir la semaine prochaine, le temps que je puisse avoir les idées un peu plus claires. Je sais pas comment vous faites mais vous arrivez toujours à lire en moi comme dans un livre ouvert » s’amusât-elle à bouder comme une enfant capricieuse qu’elle n’était pas.

Son père lui avait transmis son côté têtu mais il était clair qu’elle avait hérité de la sensibilité de sa mère. Katherine l’avait simplement occulté en se plongeant depuis des années dans ses études puis dans son travail. Les derniers drames n’avaient fait que lui rappeler que ses sentiments n’étaient pas sur off.

_ « Et si nous commandions pizza ? Après, on pourrait peut-être faire un bœuf ensemble ? Cela fait longtemps que je n’ai pas fait de musique avec toi. Cela me manque »