À la recherche du cadeau parfait...

À la recherche du cadeau parfait...

Ce matin, l’infirmière était passée pour notre rendez-vous bimensuel. Sortie de l’hôpital depuis 2 semaines, elle venait pour un examen de routine, vérifier les appareils, ajuster la médication et faire une prise de sang.

Revenir chez moi m’avait fait le plus grand bien. Déjà, j’étais libre de bouger plus, de voir mon fils autant que je le souhaitais et de m’occuper autrement qu’en lisant ou en regardant la télé. Généralement, j’arrivais à être autonome. Pour tout ce qui demandait un effort supplémentaire, Jeremiah répondait toujours présent. Même qu’avec Maddox, il m’arrivait de me sentir de trop. Les deux garçons s’étaient vraiment rapprochés pendant les derniers mois. Mon frère qui autrefois était intimidé par les enfants se comportait maintenant comme un père avec son filleul. Résultat. Mon fils préférait de loin que Jeremiah soit celui qui le mette au lit.

Aujourd’hui, nous avions décidé d’aller faire les magasins. Jeremiah voulait trouver un cadeau pour Charlotte. En l’honneur de quelle occasion? Aucune idée! Il esquivait la question à tout coup.

Ma première sortit, hors de l’appartement, depuis … l’incident. Je pouvais très bien quitter la maison sans mon support d’oxygène pour deux ou trois heures. Généralement, ça venait à m’épuiser, mais ça restait moins encombrant que le sac et ces lunettes nasales peu charmantes.

« Alors, tu veux bien me dire ce qu’on vient chercher? »

Insistais-je en débouclant la ceinture de Maddox pour le sortir de son siège en regardant mon frère qui, par le coffre du VUS, sortait la poussette.

@Jeremiah Thompson

À la recherche du cadeau parfait...

Je venais de garer la voiture sur le parking et je sortais rapidement pour ouvrir le coffre tandis qu’Ellie s’occupait de faire sortir Maddox de son siège auto. Cette sortie allait faire du bien à notre petite famille. Cela faisait deux semaines que ma sœur avait quitté l’hôpital et je dois avouer que j’appréciais de l’avoir à nouveau à mes côtés. Son fils était heureux également bien qu’il continuât de me coller comme durant son absence. Il était encore trop jeune pour véritablement comprendre que sa maman avait été malade et qu’elle ne l’avait pas abandonné durant tous ces longs mois. J’avais pourtant tout fait pour lui expliquer, Charlotte également. Cette sortie allait permettre de reprendre de bonnes vieilles habitudes même si je surveillais ma petite sœur comme du lait sur le feu. Elle n’avait pas souhaité prendre son oxygène et je sais donc que je devais m’attendre à son épuisement dans quelques heures. « Je te l’ai dit, j’en sais absolument rien. J’ai juste envie d’acheter quelque chose à Charlotte pour marquer le coup. Je me suis dit que des fleurs seraient trop banales. Ça fait déjà quelques mois qu’on sort ensemble et le mois prochain, on part en croisière. D’ailleurs, tu ne voudrais pas venir avec Maddox ? Cela te ferait du bien de prendre le large et le soleil. En plus, je me sentirais beaucoup mieux si tu n’étais pas loin. Ça me stresse de te laisser toute seule à la maison » admis-je en déployant la poussette pour mieux la rapprocher d’Ellie et de Maddox pour qu’elle puisse l’installer dedans. Je n’en revenais pas d’être dans une relation stable avec une femme merveilleuse et surtout d’être en quête d’un cadeau pour elle.  Charlotte et moi avions prévus de participer à une croisière mais avec le recul, je devais reconnaitre que j’hésitais à partir et laisser Ellie toute seule. Et si elle avait besoin de moi durant ce séjour ? « On pourrait t’engager une aide à domicile durant mon absence ? » lui proposais-je avec hésitation. Il suffirait que je rogne sur certaine dépense ou que je bosse un peu plus avant de partir histoire de pouvoir lui payer un tel service à domicile.

À la recherche du cadeau parfait...

Il tenait le même discourt. Il rêvait de trouver le cadeau parfait sans même savoir ce qu’il était venu chercher. Il devait bien avoir une petite idée, non? Un bijou, des vêtements, un truc sexy… Nous n’allions tout de même pas éplucher toutes les boutiques, nous n’aurions pas le temps. La croisière pouvait être une piste. Un maillot ou bien une crème pour le corps, rien de mieux qu’une bonne hydratation après un bain de soleil.
« Tu as besoin de vacance… Tu n’as pas besoin d’avoir ta petite sœur dans les jambes. Toi et Charlotte avez besoin de profiter de cette croisière. »
Lui fis-je savoir sans même considérer l’idée d’y aller. D’un, il méritait des vacances. De deux, je n’en étais pas encore à l’étape de prendre un bain de foule sur un bateau. Sans parler de ma piètre forme physique et de tout ce que ça impliquerait d’emporter Maddox en croisière.

« D’ici-là, ça ira. Tu verras! Puis… sinon, je demanderai à notre sœur de venir passer un peu de temps avec moi. »

Je sentais son hésitation à me laisser seule. Il se sentait encore coupable et responsable de mon état. Puis, sans le savoir, je me plaisais dans cette sécurité qu’il m’offrait. Sa présence me rassurait, comme si avec lui rien ne pouvait m’arriver.

« Allez les gars! Hop! »

J’embarquais Maddox dans sa poussette et laissait l’honneur à son oncle de le trimbaler.

« Qu’est-ce que tu dirais de lui offrir des crèmes pour le corps? Ou… attend… une huile de massage? »

Un sourire amusé s’étirait sur mes lèvres, je le regardais un peu moqueuse mais considérant tout de même l’idée.

« Quelle femme n’aime pas se faire masser? »

À la recherche du cadeau parfait...

Cette croisière était tombée à point nommé même si je rechignais un peu à laisser mon agence et surtout ma petite sœur derrière moi. J’aurais préféré qu’Ellie nous accompagne même si, une partie de moi, espérait le contraire. Ce n’était pas évident de jongler entre le rôle de grand-frère et celui de petit-ami. D’un côté, je voulais prendre soin d’Ellie et m’assurer qu’il ne lui arriverait plus rien et de l’autre, j’avais envie de passer le plus de temps possible avec Charlotte. Depuis le réveil de ma petite sœur, j’avouais avoir négligé ma petite-amie. Charlotte comprenait qu’Ellie avait besoin de ma présence mais je ne pouvais pas continuer de la sorte. Je tenais trop à notre relation. « Je sais. En plus ces dernières semaines, je n’ai pas été beaucoup présent pour elle. Depuis que j’ai reçu les billets pour la croisière, je n’arrête pas d’y penser. Tout est clean alors pourquoi s’en priver n’est-ce pas ? Tu sais, j’ai même cru au départ que c’était toi derrière ce cadeau. Une façon gentille et délicate de m’envoyer au loin pour que je te laisse respirer tranquillement » avouais—je avec un léger sourire. Ce mystérieux Sam qui m’avait offert ces deux billets était un parfait inconnu et je ne pouvais pas m’empêcher de vouloir résoudre cette énigme. Qui sait, j’en aurais peut-être l’occasion durant le voyage. « D’accord mais je peux te filer le numéro d’un ami en cas de besoin ? » abdiquais-je. Je savais qu’une partie de moi penserait à Ellie durant ce voyage. Je poussais Maddox, veillant à ne pas marcher trop vite pour ne pas fatiguer ma sœur. « Au fait, des nouvelles des parents ? » l’interrogeais-je avant de réfléchir à sa proposition de cadeau. « Hum pourquoi pas tant que c’est moi qui la masse car hors de question qu’un autre la touche masseur professionnel ou non. Tu crois que si je lui offrais un bijou ça ferait trop sérieux ? D’un côté, j’ai envie de marquer le coup et de l’autre, j’ai pas envie de la faire paniquer avec un cadeau qui lui ferait penser que je vais la demander en mariage dans la foulée »

À la recherche du cadeau parfait...

 « Vous le méritez, tous les deux. Vous avez besoin de vous retrouver seul à seul. J'aurais bien aimé être celle qui aurait pensé à t'offrir un si beau cadeau mais ce n'est pas le cas. Je me demande vraiment qui ça peut être. »

Lui fit-elle savoir. Peut-être était-elle paranoïaque mais une part d'elle-même avait envie de lui dire de se méfier. Jeremiah était lui-même un enquêteur et ça lui semblait absurde qu'il ne soit pas capable d'identifier la provenance de cette invitation. Si c'était... un coup monté? Non! Non! Et non! Elle balayait cette pensée du revers de la main. Plusieurs personnes en ville avaient reçu ces billets. Ça ne devait être rien de plus qu'une campagne de marketing.

« Si ça te rassure, tu peux bien me laisser tous les numéros du monde, mais ça va aller. Promis! »

Lui jurais-je tentant aussi bien de le convaincre que de taire l'anxiété grandissante que l'idée de son absence provoquait. Il me fallait être rationnelle et relativiser les choses. Je me débrouillais bien seule depuis des années avant l'accident et dans le pire des cas, mon psy pourrait sans doute me faire une place dans son horaire. Jeremiah méritait ces vacances et je ne voulais pas être celle pour qui il s'en priverait.

« Ils ont essayé de m'appeler mais je n'ai pas encore retourné l'appel, et toi? » lui répondis-je sans plus de détails. Rien ne pressait à ce niveau, les conversations avec nos parents n'avaient rien de très enthousiasmantes.

« Jimmy! Arrête tes conneries! C'est bien les massages, puis il y a des femmes qui massent. C'est pas sexuel!» Le sermonnais-je, riant tout de même un peu de lui. Je l'avais rarement vu aussi protecteur d'une femme. Il reprenait en m'informant qu'il souhaitait plutôt lui trouver un bijou.

"C'est comme tu le sens mais un collier ça ne fait pas trop officiel... Ça ou bien des boucles d'oreilles..."  

À la recherche du cadeau parfait...

« Tu m’as déjà fait un super cadeau en plaçant Charlotte sur ma route » lui assurais-je de bon cœur car c’était la vérité. Sans Ellie, je n’aurais jamais rencontré cette femme extraordinaire et je serais sûrement encore en train de noyer ma solitude dans des bars ou auprès de Winifred. « C’est plutôt à moi de te faire un cadeau. Si je n’étais pas ton grand-frère, je te chercherais bien un petit copain mais il est hors de question que ma petite sœur ait la moindre vie sexuelle » la taquinais-je de bon cœur tout en songeant à cette fameuse croisière. Ce serait une nouvelle occasion pour nous deux d’appréhender le quotidien. Il parait qu’en amour, l’étape des vacances était une étape importante alors pourquoi pas ?! Je n’avais pas vraiment peur de l’avenir avec Charlotte. J’ignorais de quoi il serait fait mais j’appréciais chaque minute à ses côtés. Ellie méritait de trouver une personne digne d’elle. Pour le moment, ce qui m’inquiétait le plus, c’était de la laisser seule alors que je serais loin d’elle donc bien incapable de voler à son secours. « D’accord, promis » lui répondis-je avant d’embrayer sur le sujet des parents. J’affichais une moue assez comique quand elle me retourna ma question. « Pas depuis notre prise de bec à l’hôpital. Je crois bien que j’ai grillé toutes mes cartouches mais je vais te dire : je m’en cogne. L’important pour moi, c’était de protéger ton fils et votre quotidien. S’ils ne sont pas contents, ce n’est pas mon problème. Je présume que p’pa tâchera de revenir dans mes petits papiers à la prochaine réunion des actionnaires » haussais-je les épaules, fataliste et un peu amer. Notre père n’avait vu qu’un héritier en moi et je craignais un peu que Maddox ne subisse ma rébellion et ne devienne la prochaine tête à remanier de notre père. Ellie me changea les idées avec son histoire de massage et j’affichais cette fois-ci, une moue amusée. « Il est quand même hors de question qu’on la touche. Le collier ou les boucles d’oreilles me paraissent une meilleure idée. Tu vas m’aider à choisir ? En retour, je te promets un diner dans le meilleur resto de la ville »