Une loyauté à toute épreuve

   Summer & Bonaventure

   Une loyauté à toute épreuve

Flashback| Bonaventure Weasley était le genre d’homme à être pétri de qualité mais il y en avait une dont il était certainement le plus fier : sa loyauté. Il avait toujours eu comme principe qu’un bon ami, était un ami loyal. Certes, il ne disait pas amen à tout ce qu’entreprenait ses amis car il avait son propre libre arbitre et sa liberté de pensée mais il partait du principe que malgré les désaccords, un ami se devait de répondre présent en toute occasion. Lors de la séparation entre Summer et Paris, le métisse n’avait écouté que son amitié et son bon sens pour se ranger automatiquement du côté de sa meilleure amie. A ses yeux, Paris n’était qu’un idiot de s’être laissé aveuglé par sa colère. Bien sûr, il était toujours plus aisé de donner des leçons aux autres plutôt que de balayer devant sa porte mais justement, Bonaventure savait de quoi il parlait. Son histoire avec Andrea s’était terminée dans la douleur parce qu’il avait commis bien des erreurs. Il avait essayé de résonner le grand rouquin mais face à la muraille de Chine, il avait baissé les bras pour se consacrer à une seule et unique cause : veiller au bonheur de Summer. Était-il heureux de la savoir en couple avec Paul ? Pas forcément mais il la soutenait dans sa démarche car elle en avait eu besoin. Paul n’était pas un méchant bougre, il était simplement aveuglé par son amour pour Summer. Un amour qui l’empêchait d’apprendre à connaître la véritable Summer. Il ne pouvait pas lui jeter la pierre, il avait été sous son charme également, l’observant avec une vision tronquée de la réalité. Depuis, Bonaventure avait appris à connaître sa meilleure amie et il avait compris qu’elle avait raison : ils n’étaient pas faits pour être ensemble du moins, pas dans un sens romantique. A présent, il remerciait le ciel d’avoir une amie comme elle à ses côtés.

Le métis se rappelait combien il lui avait été difficile d’abandonner Summer quand il s’était réveillé de son opération et qu’il avait pris la décision de s’enfuir plutôt que d’affronter la réalité. Il l’avait blessé, il le reconnaissait le premier mais cette absence lui avait permis de panser ses blessures et de calmer son sentiment d’injustice. Il n’était pas pour autant en paix avec son handicap mais au moins, il pouvait accueillir la bienveillance de sa meilleure amie comme il se devait de le faire. Le jeune homme fit rouler son fauteuil roulant dans le salon de son amie. Ce dernier était encore vierge de meuble étant donné qu’elle était en train de parler avec l’agent immobilier pour finaliser l’achat de ce dernier. « Alors ça y est, tu es propriétaire ? » l’accueillit-il avec son sourire chaleureux tandis qu’elle revenait vers lui, agitant les clés de l’appartement. « Quel effet cela fait-il de reprendre sa liberté ? » la taquinait-il au passage.

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Flashback| Ce changement de vie me fait peur….C’est idiot, je le sais. C’est moi qui aie décidé d’en arriver là, donc je ne devrais pas réagir comme si je subissais les choses s’en vraiment les vouloir. Et je sais également que c’est la meilleure chose à faire. Mais ce que je sais aussi, c’est que j’aurais sans doute rebroussée chemin si je n’avais pas eu quelques amis sur qui compter. Il y a des amis avec qui je me confie plus facilement qu’avec d’autres, pourtant, je les aime tous pareil ! Seulement à mon avis, c’est pour tout le monde la même chose : on déploie des facettes de sa personnalité en fonction de la personne que l’on a en face. Ainsi on devient le bout en train de service devant un ami qui a la blague facile et qui ne se soucie de rien, on est le pote à l’écoute face à celui qui est bien souvent le plus fragile, on est le conseiller pour celui qui cherche toujours à avoir l’avis d’autrui avant d’agir etc. Finalement, nos proches ne connaissent que ce qu’on a bien envie de leur faire savoir…

Parmi mes amis donc, il y en a pourtant un qui peut se targuer de dire qu’il sait tout de moi. Bonaventure. Avec lui, je peux être tout et rien. Il m’a vu dans ma pire déchéance comme il m’a vu dans mes plus belles réussites. Il m’a vu pleurer, crier, m’extasier, rire, aimer, détester même…moi qui dis pourtant ne détester personne. Il sait aussi comment je m’estime, comme je vois ma vie d’aujourd’hui, ce que je gâche et ce que je réussi…et tout en sachant TOUT de moi, il ne me juge pas. De la même manière que je n’ai jamais souhaité juger sa vie, ses échecs, ses craintes…Lui et moi, on sait qu’on peut compter l’un sur l’autre. Pas besoin de se voir tous les jours, de s’organiser impérativement des sorties pour faire perdurer notre amitié. C’est comme si elle avait été gravé quelque part, ou scellé à jamais ! Bonaventure fait partie de moi, de ma vie, et je n’ai même plus besoin de devoir justifier l’importance qu’il a à mes yeux. Même Paris, qui a au départ craint cette amitié avec le Métis, aujourd’hui sait qu’il n’y a rien qui pourra défaire mes liens avec Bonaventure.

Notre relation est-elle qu’évidemment, j’ai cru à de l’amour fut un temps. Je m’étais d’ailleurs accroché à cette espoir, mais malheureusement pour de mauvaise raison…et j’ai bien cru que j’avais tout gâché entre lui et moi. Ce ne fut pas le cas, bien au contraire : cela n’a fait que renforcer notre lien. On n’a compris tous les deux que ce qui nous unissait l’un l’autre, était bien plus solide et plus fort qu’une amitié de passade ou qu’une relation amoureuse brève. Je sais que Paris n’aimerait peut-être pas que je dise cela mais : Bonaventure, c’est le 3ème homme de ma vie ; Paris étant le premier, et Caleb mon fils, le second !

Pas étonnant donc, que Bonaventure soit aujourd’hui présent à mes côtés. Comme je l’ai dit, si je suis là aujourd’hui, à signer le bail qui me déterminera dans quelques secondes comme la future locataire des lieux, c’est justement grâce à lui. Il a su m’écouter, me soutenir, et me guider….ça et surtout, se porter garant pour la signature !
Bon sang, quand j’y pense ! Alors que je suis en train de serrer la main de l’agent immobilier venus finaliser la location, je jette un œil à Bonaventure, retenant à grande peine à la fois mon excitation et mon angoisse : ça y’est je suis indépendante. C’est ridicule ! Je suis là à me sentir fière de cet statut alors que je suis mère célibataire, que je suis divorcée et peu heureuse de l’être et que cette indépendance il y a belle lurette que je suis censée l’avoir. Mais bien sûr, on ne parle pas de la même indépendance ; pas de celle que l’on cherche à obtenir pour fuir l’autorité parentale ; non il s’agit de celle qui nous rend responsable, celle qui nous met face à nos erreurs, à nos choix, à nos prise de conscience….

L’agent immobilier nous quitte et je le suis au pas en agitant les clés de l’appartement, un énorme sourire aux lèvres tout en rejoignant Bonaventure dans son fauteuil roulant « Locataire, monsieur ! Locataire, grosse nuance… » Déclarais-je tout en ajoutant sur un ton plus emprunt à l’autodérision « ça fait de moi une semi-trouillarde en fait ! » Je riais de la situation avant de regarder autour de moi. Le vide…le vide, mais l’espoir d’un jour nouveau « sincèrement ? Ça me fait flipper…et en même temps j’ai envie de cette peur, tu comprends ? » Demandais-je en baissant mon regard pour fixer celui de mon ami « je flippe, mais j’ai jamais été aussi sure de moi ! » Ce qui était plutôt positif dans un sens !

Je rangeais les clés dans mon sac, et puis pivotait sur moi-même pour jauger l’ampleur de ce qu’il me restait à faire, quand je me rappelais d’une chose « Au fait ?! Merci encore de t’être portée caution pour moi…c’est dingue, il suffit qu’un agent immobilier ou un proprio entende « mère célibataire » pour paniquer ! Comme si je n’avais pas les moyens de payer, quoi ! » Quand on sait ce qui se trouve sur mon compte en banque, c’est d’autant plus hallucinant « Bon sang, c’est tellement vide que je m’entends en écho, c’est horrible….va falloir que je meuble tout ça ! »


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Flashback| Summer et les enfants allaient être bien dans cet appartement, Bonaventure en était certain. Sa meilleure amie reprenait enfin son indépendance, elle s’éloignait pour mieux se reconstruire. Le métis n’était pas idiot, il savait pertinemment pourquoi et surtout pour qui, elle le faisait mais il était heureux de la voir se reprendre en main après toutes ces années. Il fit rouler son fauteuil roulant vers elle. Sumer affichait un énorme sourire aux lèvres, un de ceux qu’il n’avait plus eu l’occasion de voir ces trois dernières années. « Veuillez m’excuser gente dame, j’oubliais que vous aviez souhaité n’être qu’une simple locataire et non me rejoindre dans le clan des propriétaires » se moquait-il gentiment. Bonaventure avait acheté une maison peu de temps après son arrivée à la Nouvelle-Orléans, il était tombé amoureux de cette ville mais aussi de la bâtisse qu’il avait acheté. Il ne manquait plus qu’une femme et des enfants pour rendre les choses fabuleuses. La femme, malheureusement, il l’avait déjà rencontré par le passé et pour ce qui était des enfants, il étudiait sérieusement la question. « Cela fait de toi, une femme libre de vivre sa vie comme elle l’entend » protestait-il sans perdre son sourire. Il savait combien Summer était paniquée à l’idée de vivre seule, c’était une des raisons qui l’avait poussé à accepter les avances de Paul. A un moment donné, même lui avait été tenté de lui en faire, dans l’unique but de la préserver. Cela faisait longtemps que ses sentiments amoureux s’étaient transformés en amitié. Il n’avait aucun regret vis-à-vis de leur relation. « Je comprends tout à fait mais je suis également très fier de toi Summer ! Vraiment ! » dit-il.

Bonaventure n’avait pas hésité un seul instant à se porter caution pour son nouveau départ. Il était important à ses yeux, de soutenir cette démarche et de l’encourager. « Arrête de me remercier ! Je ne suis caution que sur le papier, on sait tous les deux que tu avais largement de quoi te payer cet appartement si tu l’avais voulu » lui dit-il avec un sourire amusé. En tout cas, il est vrai que sans meuble, l’appartement paraissait immensément vide. Le métis attrapa sa sacoche derrière lui pour en sortir son ordinateur portable. « Justement, il est temps que l’on passe au côté pratique de la chose : achetons tes nouveaux meubles mais ne compte pas sur moi pour les monter, tu me connais, ils finiraient par se casser la figure » s’amusait-il à dire en faisant référence à son incapacité totale à monter le moindre meuble. Vous pouviez lui demander tout côté technologique mais Bonaventure était loin d’être un homme manuel. « On commence par IKEA ? L’enseigne BlueBag peut recevoir les colis de l’enseigne donc on peut commencer sans problème. Je prends en charge tous les frais de port, ça sera mon cadeau pour ta crémaillère. »


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Flashback| « Tu sais bien que le clan des propriétaires, j’en ai fait partie, et malheureusement pour moi, ça s’est mal terminé » rappelais-je à mon meilleur ami, dans un ton qui ne s’apparentais même pas à de la fatalité. Plus cette fois en tout cas. Je ne cessais de me dire que si je faisais tout ceci aujourd’hui, c’était pour reprendre le dessus sur ma vie, et qui sait, avec un peu d’espoir, reprendre celle que j’avais perdu : celle avec Paris à mes côtés.
Je fis le tour de la pièce principale, jetant un coup d’œil aux détails sur les murs, et je tentais d’imaginer comme j’allais pouvoir organiser mon futur chez moi, pendant que Bonaventure se disait fier de moi. Un sourire sur mes lèvres, je me tournais vers lui et hochais la tête simplement, pour accepter ses mots avec humilité. J’avais vraiment beaucoup de chance d’avoir Bonaventure à mes côtés, surtout dans un moment pareil. Pour le moment, je n’avais prévenu personne mise à part lui, et je sais bien que le jour où tout cela se saurait, j’aurais le droit à beaucoup de remontrance, que ce soit de la part de Joan, Grace, ou encore Tomas. Léo, lui me dira surement que je fais ce que je veux et que de toute façon, j’ai bien fait de ne pas le prévenir parce qu’il ne serait pas dérangé pour venir m’aider au déménagement ! Il a bien d’autres chats à fouetter.

Le vide et la résonance de la pièce me rappela qu’il fallait que j’équipe au plus vite ce logement, et je me mis à rire quand il ne fallait pas compter sur lui pour monter les meubles « Ah bah tu plaisantes là ? Il faut que tu m’aides, ne serait-ce que pour faire en sorte que tout tienne sur quatre pieds ! Au mieux tu feras le montage des tiroirs ! » Il évoqua IKEA et je profitais qu’on en parle pour me dire qu’on n’avait qu’à se poser deux minutes et chercher sur Internet. J’allais fermer la porte principale que j’avais laissé ouverte après le départ de l’agent immobilier, puis je défis mon blouson pour l’accrocher au porte manteau, avant de rejoindre Bona, « Défais ta veste, je vais l’accrocher. On va se poser pour chercher ce qu’il me faut sur le site Internet ». Un nouveau passage près du porte manteau à côté de la porte d’entrée et une nouvelle demande à l’attention de Bona : « Tu veux bien regarder dans mon sac que j’ai laissé sur le rebord de la fenêtre s’il te plait ? il doit y avoir ma petite tablette »


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Flashback| Prendre un nouveau départ était toujours quelque chose d’important. Bonaventure en avait connu quelques-uns que ce soit consciemment ou inconsciemment. Sa décision de partir à la Nouvelle-Orléans alors qu’il était déjà en poste à Washington n’avait pas été dure à prendre. Certes, il aurait aimé pouvoir avoir sa petite sœur près de lui plus souvent mais ce départ avait été nécessaire pour son épanouissement personnel. Ses parents bien qu’aimants, avaient un réel problème à ne pas le regarder sans tristesse ou inquiétude sans compter qu’ils étaient prompts à vouloir jouer les Cupidons. Leur démarche n’était pas méchante, loin de là mais Bonaventure ne croyait pas aux unions intéressées. L’amour devait être spontané, sans calcul. Le métis ne l’avouait pas mais il avait longtemps envié le couple de sa meilleure amie. Il avait espéré un jour, connaitre un tel bonheur et l’image d’Andrea s’imposa à son esprit. « Tu as conscience tout de même que tu me demandes de jouer les bricoleurs ? Je veux bien te tenir le plan bien droit pour que tu saches dans quel sens monter tes meubles… Je ne sais même pas si je serais capable de monter un tiroir. J’ai payé pour qu’on me les monte. Je tiens à ma sécurité personnelle et par conséquent à la tienne » déclara le jeune homme avec un grand sourire chaleureux. Vraiment, il n’était pas doué avec un tournevis à la main. La dernière fois qu’il avait tenté de monter un meuble, l’objet avait ripé sur la surface en bois et lui avait entaillé la main. Heureusement pour lui, la blessure n’avait été que superficielle. Bonaventure préférait de loin, laisser des professionnels s’en occuper. Par contre, hors de question que quelqu’un d’autre s’occupe de son installation électronique. Là, il touchait sa bille.

Pour en revenir au cas de sa meilleure amie, naturellement, il lui proposa de se tourner vers la célèbre enseigne suédoise car l’un comme l’autre appréciait la qualité de leur design de meubles. Summer alla fermer la porte d’entrée. « Oui, merci » dit-il en défaisant sa veste pour mieux la lui tendre. Bonaventure recula son fauteuil à la recherche du sac de sa meilleure amie et y trouva la fameuse tablette. « Tout d’abord, est-ce que tu comptes faire des travaux de peinture ? C’est important pour connaître l’ambiance que tu veux donner à cet appartement » demanda-t-il tandis qu’il connectait la tablette à internet pour atteindre le site d’IKEA. « Je sens que tu vas pouvoir te faire plaisir, ils ont mis en ligne la collection spécial « animaux de compagnie. Je vais peut-être en profiter commander quelques meubles. J’avais envie de changer mon salon. Je traine ces vieux meubles depuis Washington »


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Flashback| « Oui j’en ai conscience mon cher ! Mais tu vois, j’ai un peu de pitié pour toi quand même : je te propose les tiroirs ! » riais-je, tout en plaçant nos affaires sur le porte manteau. Le manque de meubles ne m’aidait pas à proposer à Bonaventure de s’installer confortablement dans la maison. Bon pour lui, dans un sens cela ne changeait rien pour lui : sa chaise roulante le laissait dans cette position assise. Pour ma part, ce serait par terre, ou debout. Je laissais à Bonaventure les commandes pour faire les recherches sur la tablette, pendant que moi, j’observais la pièce pour répondre à sa question sur les peintures « Hmmm je ne sais pas trop…faudrait que je demande à Pa… » Woaw…ai-je bien failli dire ce que je pense ? « Désolée, vieux réflexe » La dernière fois que j’ai parlé de déco et peinture, c’est lors de l’achat de notre maison à Paris et moi. « Je vois quelque chose de claire, de lumineux. Je ne peux pas rester dans le blanc, ça ferait hospice » pensais-je tout haut avant de me tourner vers mon meilleur ami qui me parlait de la collection « animaux de compagnie » chez IKEA « Ça me fait penser que si y’en a bien une qui sera heureuse d’être là, c’est bien Billie ! Elle va avoir son ptit jardinet derrière et ne pignera plus pour demander à sortir ! »
Bonaventure évoqua Washington, et je profitais de ce bref petite dérivée dans la conversation pour tenter ma chance… « En parlant de Washington... j’ai appris qu’Andréa était de retour ? » J’avais eu vent de son arrivée en ville par mes enfants dans un premier temps, puis par Paris un peu plus tard, lorsque celui-ci avait tenu à me dire que sa meilleure amie était revenue. J’avoue d’ailleurs que je m’étais attendue à voir la miss débarquée à n’importe quel moment pour me rappeler que j’avais été la pire des salopes en faisant souffrir son BFF, mais elle avait réussi à m’épargner…pour le moment. « Et j’ai bien l’impression que je ne t’apprends au sujet de son retour, n’est-ce pas ? » Je laissais à Bonaventure le temps de chercher ses mots, et continuais dans ma lancée « La question que je me pose c’est : comment se fait-il que tu mettes autant de temps pour m’en parler… »

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Flashback| « C’est trop gentil de ta part » rétorqua un Bonaventure tout en rigolant. Cela lui faisait du bien de retrouver sa meilleure amie aussi libérée. Summer semblait renaître de ses cendres et pour cela, il voulait bien donner un peu de crédit à Paris. Un tout petit peu. Le métis continuait d’avoir la rancune tenace concernant l’ex mari de son petit ange. Il espérait qu’elle n’ait pas à souffrir d’une désillusion. Enfin, Bonaventure avait beau avoir du ressentiment envers le grand rouquin, il n’allait pas jusqu’à le croire capable de faire du mal sciemment à Summer. Ce constat le rassurait. En parlant de lui, Summer eut un curieux réflexe et le jeune homme la regarda, l’air de dire : t’es complètement intoxiquée. « Tu n’as pas à t’excuser, je te connais depuis des années et ce n’est jamais évident de prendre son envol. J’ai connu cela après Lucy. Je n’arrêtais pas de me demander si elle aimerait tel ou tel tableau ou au moment des repas, je me disais : non, ça elle n’aime pas. J’ai bien mis un an avant de me défaire de ce mauvais réflexe » avouait-il. C’était sûrement la première fois qu’il abordait aussi calmement le sujet de son ex-fiancée. Cette histoire remontait à des années, voire à une autre vie mais encore aujourd’hui, Bonaventure continuait d’en être marqué dans le sens le plus négatif du terme. Le peu de confiance en lui, en tant qu’homme, il le devait à cette femme. « Si tu veux du clair, je te propose de prendre des meubles blanc et de jouer des couleurs sur les murs » lui conseillait-il tout en consultant la large gamme des meubles de la célèbre enseigne suédoise. « Et est-ce qu’en bon parrain, je vais pouvoir offrir une belle balançoire aux enfants ? »lui demanda-t-il peu après.

Bonaventure ne s’attendait pas à ce qu’elle lui parle d’Andrea et il se tut, cherchant ses mots sous le regard de sa meilleure amie, qui continuait à parler comme si de rien n’était. Il termina par soupirer. « Je ne savais pas comment en parler ni même s’il y avait de quoi parler. Elle… On s’est retrouvé par hasard dans un bar. J’étais invité par des collègues et amis de l’hôpital et elle, elle venait de prendre la tête du service des urgences » dit-il avec prudence avant de soupirer à nouveau. « Elle est toujours aussi belle… Est-ce que tu savais qu’elle avait un enfant ? »

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Flashback| J’appréciais que Bonaventure me tienne dans la confidence quant à son passé avec Lucy et la manière dont il avait eu du mal à se défaire d’habitudes la concernant, mais je ne pouvais m’empêcher de rire doucement face à ses propos « pendant un an…moi ça va faire 3 ans, Bona ! je suis désespérante » plaisantais-je « Enfin bref, t’as raison, j’ai pas à m’excuser de ce vieux réflexe, après tout, j’ai été marié avec lui, il est le père de mes enfants et je le côtoie toujours donc il est normal que parfois, je me pense encore obligée d’avoir son avis ?! » Quant à la peinture, Bonaventure avait raison : des meubles blancs, et une déco colorée, c’était sans doute le mieux. Mon meilleur ami proposa ensuite la balançoire et je le regardais avec de gros yeux ronds et un énorme sourire aux lèvres « tu veux que mes gosses te préfèrent à moi ou quoi ?! » plaisantais-je avant de remercier Bonaventure d’un regard entendu « Tu feras des heureux, c’est sûr ! et puis…ça rappellera à Ashlynn de bons souvenirs quand on était à la maison. » Lors de notre divorce, il avait fallu dire adieu à la maison familiale et les enfants avait perdu un jardin avec toboggan et balançoire, et j’avais dû – Paris aussi j’en suis sûr – essuyer pas mal de larmes les premiers mois de notre séparation. Et je ne parle même pas des rituels dans le parc du quartier, qu’on avait dû laisser aux oubliettes !

Force est de constater que depuis un moment on parlait de moi et de ma nouvelle vie que j’essayais d’engager. Si bien qu’à un moment donné il était normal pour moi de vouloir porter mon attention sur mon meilleur ami et sur ce qu’il se passait dans sa vie…à commencer par le retour d’Andréa. Je fis donc savoir à Bona, au travers d’une conversation banale, que j’avais appris que la blonde était de retour et marquais mon étonnement quant au fait qu’il ne m’en avait toujours pas parlé de son côté. « Tu ne savais pas s’il y avait de quoi en parler ?? tu te fiche de moi Bona ? Il y a toujours de quoi en dire. Comme par exemple : quel effet ça t’as fait de la revoir ? rancœur ? nervosité ? sentiment refoulé ? De quoi vous avez parlé ? si vous avez décidé de vous revoir ?? tu vois j’ai pleins de question moi ! » déclarais-je à mon ami en gardant tout de même le ton de l’humour pour ne pas trop lui mettre la pression et le pousser à dire des choses qu’il ne voulait pas partager. Je respectais suffisamment Bonaventure pour ne pas lui en vouloir de ne pas être encore prêt à se confier. Mais le métis osa souligner qu’il la trouvait toujours aussi belle, et à cela je souriais chaleureusement tout en haussant des épaules « Je veux bien te croire sur paroles…personnellement je ne l’ai pas revu. Il faut dire qu’elle et moi, c’est un peu comme marcher sur des œufs. Je te rappelle qu’elle est la meilleure amie de Paris et qu’elle n’a jamais caché sa rancœur envers moi. Elle me pense responsable de tout et…enfin…dans un sens, elle a raison donc. Je n’ai jamais cherché à plaider ma cause auprès d’elle » rappelais-je à Bonaventure, sans une once d’animosité. A l’époque je n’avais pas eu une très bonne estime de moi et mes actes quand Paris avait demandé le divorce, et si Andréa m’en avait voulu, j’avais toujours pensé qu’elle avait raison de le faire. Et puis, je ne me voyais pas me prendre la tête avec elle, au risque de devoir imposer à Bonaventure de prendre parti, même si à l’époque il ne se fréquentait déjà plus… « Paris m’a dit qu’elle avait un enfant oui…tu l’as vu ? »

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« Le contexte était différent. Nous n’avions plus rien en commun alors que comme tu viens de le dire : il est le père de tes enfants. Lucy s’est contentée de disparaitre de ma vie après avoir déserté l’appartement de ses affaires. Je n’ai pas eu à la revoir après alors j’imagine qu’à force, le temps fait son effet » répondit-il tout en ne se voilant pas la face. S’il avait réussi à oublier Lucy, il n’avait jamais réussi à en faire de même avec Andrea et cela faisait tout de même quatre années qu’ils étaient séparés. « Allez, tu n’es pas désespérante mais toujours amoureuse. Cela fait une différence Summer » ajoutait-il en lui souriant simplement. Il comprenait sa situation même s’il aurait aimé qu’elle soit différente. Paris n’avait pas intérêt à foirer cette nouvelle chance car le métis ne comptait pas rester en retrait cette fois-ci. Il tenait bien trop à sa meilleure amie et surtout, il savait par quoi, elle était passée. La discussion se poursuivit et il donna son avis concernant les peintures ainsi que les meubles mais ce qui fit surtout réagir Summer, ce fut sa proposition de balançoire. « Bien sûr que c’est mon objectif ! J’avais dans l’intention de les adopter une fois qu’ils t’auraient renié » plaisantait-il à son tour. Son envie de paternité était présente mais il n’irait pas jusque-là. « Ils vont adorer cet endroit » la rassurait-il en lui tapotant la main rapidement.

Bonaventure n’imaginait pas un seul instant que la conversation s’orienterait sur sa propre vie personnelle qui était peut-être un peu moins mouvementée. Quoique. Le retour d’Andrea avait semé une belle pagaille dans son cœur. Si le métis s’était imaginé guéri de cet amour, ces retrouvailles lui avaient prouvé le contraire. « Tu sais très bien ce que cela m’a fait de la revoir. J’étais heureux. Cela fait quatre ans que nous ne sommes plus ensemble mais je n’ai pas réussi à tourner la page. J’ai essayé mais à chaque fois, je ramenais toujours tout à elle et autant dire que mes rencards ne soutenaient pas la comparaison. C’est idiot, nous n’avons pas été très longtemps un couple mais cette histoire m’a marqué. On a pas beaucoup parlé, juste évoqué quelques souvenirs et nos vies présentes » tentait-il de répondre aux questions de Summer. Néanmoins, Bonaventure fronça les sourcils face au discours de sa meilleure amie. « Summer, qu’est-ce que je t’ai déjà dit ?! Tu n’as pas tous les torts dans votre divorce avec Paris. Oui, tu as fait une erreur en essayant de régler tes soucis toute seule mais il a été prompt à te mettre dehors de son côté. Tu as essayé de réparer les choses mais il a fait la sourde oreille alors il est hors de question que tu assumes seule, la responsabilité. Tu ne l’as pas trompé, tu ne l’as pas trahi. Paris a juste une fierté plus grosse que sa connerie » déclara le jeune Weasley avec une certaine brusquerie. Il adorait Summer et s’il considérait Paris comme un ami, il n’empêche que sa loyauté allait vers la blonde. « Je ne l’ai pas vu non. Elle a changé tu sais, la maternité l’a transformé. Je ne l’ai jamais vu aussi sereine. Par Allah, si tu savais combien elle m’a manqué. Tu vois, nous sommes désespérant tous les deux »

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Flashback| Pouvoir profiter de cette journée, de cet évènement avec quelqu'un de cher ? c’était inespéré pour moi. J’avais tenu à garder mon déménagement secret, mais heureusement pour moi, Bonaventure était là. Toujours là. Et grâce à lui, j’acceptais de voir ce nouveau challenge comme quelque chose de plus léger que ça ne l’était réellement en soit. Recommencer sa vie, accepter et admettre d’être toujours désespérément dépendante de son mari, de la vie que je menais avec lui ? tout ça, je le prenais en cet instant avec plus de légèreté, parce que Bonaventure réussissait toujours à me faire relativiser. Il prenait en comparaison sa vie avec Lucy et la manière dont il avait réussi à faire face à son absence…jusqu'à accepter de passer à autre chose. Pour ma part, je ne voulais pas passer à autre chose, au contraire : je voulais retrouver ma vie avec Paris, mais pour ce faire, il fallait reprendre depuis le début avec ma propre vie. Pour le bien de mes enfants, mais aussi pour le bien de tous !!

Le fait de parler de nos vies sentimentales nous amena à un point essentiel : le retour d’Andrea. Je n’avais eu l’occasion de la revoir pour ma part, mais je savais l’impact que sa venue avait eu sur Paris et j’imaginais ainsi facilement l’influence qu’avait le retour de la miss dans la vie de Bonaventure. Ce que je voulais cependant, c’était que Bonaventure m’explique de lui-même, avec ses mots, en quoi l’arrivée d’Andréa l’avait secoué. Est-ce qu’il avait été troublé ? en bien, en mal ? J’avais toujours cette peur infime que Bonaventure puisse à nouveau se sentir fragiliser au point de vouloir s’éloigner, nous quitter, pour soi-disant nous épargner. Un Bonaventure qui n’est pas heureux, c’est un Bonaventure qui peut du jour au lendemain m’échapper…et autant dire que je ne veux pas que cela arrive.

Bonaventure me rassura par ces paroles : je voyais a nouveau des petites étincelles pétiller dans ces yeux, et cela uniquement par la simple évocation du prénom de la blonde. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’Andréa lui collait à la peau. Et je souriais en observant mon amie s’animer en me parlant d’elle et de ce qu’il a ressenti en la voyant. Évidemment, après lui avoir avouer que moi et Andréa n’étions pas en super terme depuis le divorce, je m’attendais à ce que Bonaventure me rappelle à l’ordre par rapport à mes responsabilités passés, mais je savais aussi que mon meilleur ami était conscient que mes relations avec la blonde ne gênaient en rien la perception que je me faisais de leur relation à tous les deux : j’étais heureuse pour Bona, à partir du moment où LUI se disait heureux de revoir Andréa. C’était tout ce qui comptait. J’évoquais alors la maternité de la miss, demandant au passage à mon ami si ce dernier avait pu voir l’enfant, mais Bona me répondit qu’il ne l’avait pas encore vu. Je ne manquais cependant pas de rire avec bonheur alors que Bona s’extasiait de ses retrouvailles « Oh mais si j’imagine bien !! Y’a qu’à voir comment tu es là ? J’ai l’impression que tu viens de te réveiller après 100 ans de léthargie ! Tu T’ANIMES, Pinocchio ! » plaisantais-je avant de poser LA question : « Bon alors ? Vous vous revoyez quand ? Et quand je dis « revoyez quand», il faut bien évidemment comprendre « refréquentez quand » ?? »