Zola, ma sauveuse

 WINIFRED & ZOLA

Zola à la rescousse

Zola était en pleine audience ce jour-là lorsqu'elle reçut un appel du poste de police. Malheureusement, la jeune avocate n'avait pu se permettre de quitter la salle dans laquelle elle défendait un client pour répondre à son téléphone. Elle avait laissé sonné jusqu'à ce que la personne lui laisse un message, si bien qu'elle ne vit qu'à la fin de l'audience de ce dont il s'agissait. Winifred, une jeune femme à laquelle Zola tenait beaucoup, s'était encore fait arrêtée. Zola avait connu Wini lors de sa première arrestation il y a quelques temps de cela. La jeune femme n'avait pas d'avocat, et n'avait pas les moyens de s'en procurer un, alors un avocat commis d'office lui fut envoyé--Zola. Zola n'avait guère apprécié ce coup de la part de son boss à l'époque, mais lorsqu'elle a rencontré Winifred, elle a demandé à être appelé tout le temps lorsqu'elle avait des ennuis. La jeune avocate s'identifiait beaucoup dans la personne qu'était Wini. Elle n'était pas méchante, au contraire, Zola la trouvait douce. Elle n'avait juste pas eu de chance, et personne ne lui avait tendu la main. C'est ce que Zola faisait depuis plus d'un an maintenant, elle tendait la main régulièrement à la jeune fille. Même si elle ne savait pas toujours la saisir.

Une fois arrivée au poste, un agent lui fit un petit briefing de l'histoire: elle avait agressé un homme en pleine rue, et devant témoins! Zola secoua la tête, Wini avait vraiment un don unique pour se fourrer dans des situations impossibles. Elle prit une grande bouffée d'air avant de pénétrer dans la pièce où elle était détenue.

“Bonjour Winifred, je suis heureuse de te voir aussi, même si j'espérais que ce fusse dans d'autres circonstances…” Elle ferma la porte et alla s'asseoir auprès d'elle.

]“J'aimerais que ce soit aussi simple, mais cette fois la plainte est assez sérieuse. Je pense qu'il me faudra plus que ‘deux temps trois mouvements' pour te faire sortir d'ici aujourd'hui.” Elle posa son sac au sol et sortit de quoi prendre des notes, elle soupçonnait que ça allait être long. “Et si tu m'expliquais comment et pourquoi tu as atterri ici?”

 WINIFRED & ZOLA

Zola à la rescousse

Zola n'avait jamais été fan des pièces dans lesquelles les prévenus étaient placés durant les interrogatoires. Elle trouvait ses endroits froids, à vous filer la chaire de poule. En même temps, elle savait qu'ils n'allaient pas faire une salle de café cosy, ce n'était pas le but de les mettre à l'aise. Elle ne se déplaçait pas très souvent dans les commissariats, seulement quand les clients le demandaient--ou quand Winifred avait des ennuis. Avec son passif avec la police et la justice, Zola essayait de faire le maximum à chaque fois pour sortir son amie de la galère, mais ce n'était pas facile. De plus, son choix de vie était assez problématique lors des affaires. Néanmoins, elles s'en sortaient toujours. Zola savait pertinemment qu'elle n'avait pas le droit de juger le gagne pain de Winifred, seulement elle espérait qu'un jour la jeune femme changera de profession. Entre temps, l'avocate sera là pour limiter les dégâts.


« Je sais, je sais. Je suis miss miracle! Tu sais aussi bien que moi que ce n'est pas aussi simple que ça. J'aimerais encore faire un miracle aujourd'hui mais je ne te promet rien. Je vais devoir étudier ton cas dans les moindres détails. »

Zola ne pouvait s'empêcher d'admirer Wini. Son coeur se fendait toujours un peu lorsque la jeune femme lui racontait ses mésaventures mais l'avocate était époustouflée par la ténacité, la force de caractères, et le courage de son interlocutrice. Elle ne faisait pas le métier le plus facile du monde, ni même le plus gratifiant. Et pourtant, elle se tenait là, racontait son histoire calmement, et avait même eu un sourire aux lèvres tout à l'heure. Zola serrait les dents tout le long de l'explication de son amie. Comment ne pas poursuivre ce gars pour le réduire en bouillie ? La fin lui fit cependant éclater de rire. Winifred et sa franchise, ça valait tout l'or du monde !

« Tu sais, peu importe son statut et sa place sociale, je vais le faire rôtir comme un poulet en justice. » Elle dit cela avec tellement d'ardeur que son bloc-note tomba au sol. Elle se pencha pour le ramasser et poursuivit. « Je n'aime pas que tu sortes seule, c'est trop dangereux. Il faut penser soit à engager un garde du corps, soit t'équiper pour te protéger. Ce genre de type est immonde! »

Elle griffonna quelques références sur sa feuille avant d'ajouter « Tu te doutes bien que ce ne sera pas aussi facile d'attaquer une personne aussi puissante. Je vais avoir besoin d'un max de preuves et d'information pour intenter un procès et gagner. Et des détails plus utiles “qu'il bande mou” s'il te plait…. » L'avocate lutta pour ne pas rire mais ne pu empêcher le sourire sur ses lèvres.

 WINIFRED & ZOLA

Zola à la rescousse

Winnifred était la bouffée d'être frais de Zola. Cette jeune femme était spontanée, franche, souriante. L'avocate ne savait pas comment elle faisait pour toujours être optimiste et de bonne humeur. La vie n'était pas tendre avec Winni et pourtant elle semblait toujours se donner 100%. C'était une grande qualité que tout le monde devait saluer. Zola se sentait toujours un peu mal parfois de se plaindre de sa situation, et elle s'en rendait bien compte lorsqu'elle aidait des personnes comme Winnifred. Zola aimerait bien passer plus de temps avec elle, la prendre un peu plus sous son aile afin qu'elle trouve un vrai emploi et qu'elle se créer une belle situation, seulement, elle ne voulait pas s'imposer davantage à la jeune femme. Elle jouait déjà le rôle de l'avocate “relou” sans pour autant jouer en plus celui de la mère poule. Zola sourit à la blague de sa cliente, mais elle savait pertinemment que cet humour et ce sarcasme n'était qu'une façade qui cachait bien plus. Zola prit sur elle afin de ne pas la prendre dans ses bras pour la réconforter, elle était avocate et non psychologue, et en plus, elle était de service. Un coin de son esprit n'oubliait pas qu'elles étaient filmées.

“Tu n'es pas une cause désespérées, Winnifred, sinon je ne serais pas là. Tu sais que je n'aime pas l'échec et que je ne te laisserais jamais tomber.”



La jeune avocate ne supportait pas le système des pays capitalistes comme le sien. L'argent était le roi et dirigeait absolument tout--la justice y compris. Comment faire valoir la justice et la loi quand elles pouvaient être achetées avec un gros chèque? Cela la révulsait. C'est pourquoi elle mettait un point d'honneur à défendre tout le monde, et à chercher la faille dans le système qui fera jurisprudence à des millions d'autres personnes. Elle était de ses avocates qui croyaient en la loi et en sa perfectibilité.



“Tu sais, si on passait un peu plus de temps toutes les deux, je pourrais vraiment te former, avec moi, tu n'aurais pas peur de l'erreur. On prendra notre temps pour te trouver une situation convenable où tu n'aurais plus à fréquenter ces quartiers…”



Zola tenta le tout pour le tout. Elles étaient proches l'une de l'autre, alors elle espérait que Winni ne prenne pas mal son insistance. Elle grimaça quand son amie fut gênée par les chaînes. Ca ne lui plaisait pas du tout de la voir comme ça, elle aurait bien demandé à un policier de la détacher, mais Zola connaissait les règles…



“Ce Perkins, il a peut-être une vidéo surveillance à son magasin? Peut-être même qu'elle donne sur la rue? Tu saurais me donner son adresse? J'irai vérifier. Tu n'as rien enregistré avec ton téléphone par hasard? Peut-être qu'il y a des caméras de surveillance dans la rue…” tout en réfléchissant, l'avocate dressa une liste des choses à faire et à vérifier pour éviter la prison à son amie.

 WINIFRED & ZOLA

Zola à la rescousse

Zola pouffa à la remarque de sa cliente. La pauvre prendrait ses jambes à son coup si elle connaissait le montant réel de ses honoraires… L'avocate n'en était pas fière, mais c'était son patron qui les fixait un peu pour elle. Mais elle savait aussi qu'elle était loin d'être l'une des pires avocates de la ville, c'était tout le contraire même! Elle fronça les sourcils. Elle n'aimait pas trop penser à l'argent qu'elle gagnait, même s'il lui permettait de vivre plus que convenablement. Elle n'hésitait pas à donner de son temps, et parfois même de son argent, à des associations pour atténuer toute cette culpabilité. C'est fou, mais elle culpabilisait parfois vis-à-vis de ses clients. Une fois, un collègue lui avait fait remarquer qu'elle avait durement bossé pour atteindre ce job et que ce n'était que récompense. Elle savait qu'il n'avait pas tout à fait tort mais préférait quand même sa philosophie de vie à elle. “Même sous la torture je ne te les avouerais jamais” dit-elle à son amie. Comment pourrait-elle demander la totalité de ses honoraires à Wini? Cette fille était bien plus qu'une simple cliente pour la jeune femme. Elle la considérait comme une amie et parfois même comme un membre de sa famille qu'elle se devait d'aider car elle ne voulait pas la laisser dans ces situations. Elle se sentait déjà coupable du montant, alors hors de question qu'elle demande la totalité à son amie. Elle avait voulu être l'avocat commis d'office pour Winifred, mais cette dernière avait refusé et avait voulu payer une partie. En entendant les propos de sa cliente, la jeune femme eut une soudaine idée.

“Et bien on va réessayer encore une fois et cette fois-ci se sera la bonne. Je sais à quel point la réinsertion avec un casier est difficile. Tu pourrais peut-être essayer dans une SPA ou tout autre refuge animalier ? Ils cherchent pas mal en cette période, il y a beaucoup d'abandon et ils ont besoin de bras. Ou alors, je sais qu'il y a pas mal de fastfood en ville qui cherche du personnel, je pourrais passer quelques coups de fil pour te faire avoir des entretiens? Ce n'est pas les meilleurs jobs du monde, mais ce sera déjà un début et tu pourras envisager des études ou une formation par la suite. Qu'en penses-tu?”

En voyant son amie grimacer à cause des menottes, Zola ne tint plus. Elle frappa contre le mirroir car elle savait qu'elles étaient écoutées. “Eh la-dedans! Venez desserer les menottes de ma cliente tout de suite ou je vous colle un procès pour violence abusive!” Elle savait que ce n'était pas un chef d'accusation réel, mais elle en avait rien à faire et allait se faire entendre.

“Oh oui, je me souviens de cette dame! Un sacré numéro! Oui, je crois voir où il se situe.” Zola soupira de soulagement. Un soulagement réel puisque le distributeur de billet allait très probablement être la seule preuve irréfutable pour sauver sa cliente. Elle frappa encore sur la vitre pour que les agents daignent venir et desserrer les menottes. Lorsqu'ils pénétrèrent dans la pièce en ronchonnant, l'avocate attrapa son téléphone et passa un coup de fil. “Andrew? Salut, c'est Zola. J'ai un service à te demander, tu peux vérifier si le distributeur de billet au coin de Canal Street et Bourbon Street s'il te plaît? J'aurais besoin des bandes vidéos pour disculper une cliente… Merci, t'es un amour, je te revaudrai ça!” Elle mit fin à la communication avec le coeur déjà plus léger avant de se tourner vers son amie. “Bon, j'ai peut-être une solution finalement, j'attends l'appel de mon collègue et ensuite on décide à deux de la marche à suivre”.

 WINIFRED & ZOLA

Zola à la rescousse

Un dîner ? Zola ne pouvait pas refuser. Personne ne pouvait se douter en voyant ce petit bout de femme qu'elle adorait la nourriture. Ce n'était pas pour rien qu'elle s'était liée d'amitié avec Joan, responsable d'un super restaurant italien en ville. La nourriture était autant un besoin vital qu'une passion pour l'avocate. “Un repas gratuit? Alors là, tu me connais je ne dis pas non!” Elle éclata de rire dans la petite salle d'interrogatoire. “Ne t'inquiète pas, tu n'auras pas le temps de goûter une nouvelle fois à cette… chose qu'ils osent appeler “nourriture”.” Zola ne voulait pas imaginer son amie dans cette tenue orange, derrière les barreaux de la prison de la Nouvelle-Orléans qu'elle connaissait si bien. Elle ne voulait pas qu'elle soit parmis les autres détenus, elle n'était pas comme eux. L'avocate ne doutait pas de la capacité de son amie à se défendre, mais tout de même, la prison, ça vous marque à vie. “D'accord, va pour la SPA. Une fois ton affaire tirée au claire, je ferai jouer mes relations. Par contre, si je fais ça, il faut que tu assures ton post sur le long terme.” Elle avait peut-être mis trop de fermeté dans sa voix, mais elle voulait que Winifred comprenne qu'elle ne plaisantait pas. Elle voulait bien l'aider, mais la blonde allait devoir faire un peu d'efforts. “Tu sais, tu peux réellement te sortir de là, Wini. Il suffit que tu t'en donnes les moyens sérieusement cette fois-ci…” L'avocate sentit son coeur se serrer. Elle savait qu'elle allait faire sortir sa cliente de là, mais elle ne voulait pas la laisser repartir dans sa situation actuelle.

Zola pouffa alors même qu'un policier entrait dans la pièce. Elle se retourna pour tenter de cacher son fou rire, et garder un minimum de crédibilité envers ce flic. Elle attendit qu'il sorte, sans le remercier, pour essayer de reprendre son sérieux. “T'abuses Wini.” dit-elle, hilare. “Mais merci du compliment, j'accepte” ajouta-t-elle à l'intention de son amie. “Je vais devoir aller chercher les bandes vidéos, si Andrew a pu les avoir. Et je dois aller chercher de quoi les visionner également… Mais ne t'inquiètes pas, ils ne vont pas te mettre à la prison du comté. Je serai revenue dans même pas une heure, juste le temps de faire l'aller-retour. Je vais faire en sorte qu'ils te laissent ici, ça te conviendrait? Par contre, je ne pourrai pas te donner de magazine pour l'attente.” Zola rigola car elle imaginait bien la scène, une prévenue dans une salle d'interrogatoire… un magazine people à la main. L'institution juridique (et judiciaire) perdrait toute sa crédibilité.