Pas de Nouvelle, Bonne Nouvelle ?

Cela faisait plus jours, voire semaines que j’aurais dû faire ça : Aller voir Malone. Depuis le braquage à la banque, tout était passé à une vitesse que je ne m’en étais pas rendu compte…De passage à Trémé pour aller rendre visite à une mère de famille et sa fille – élève de ma classe – j’avais un peu de temps devant moi pour aller rendre une petite visite à mon ex-beau-frère. Je me souvenais où il habitait et avait mis en route mon GPS pour être sûre de ne pas me tromper sur les routes à prendre. J’entrais dans son immeuble et restait planté devant sa porte pendant de longues minutes, à hésiter. Pourquoi ? je ne sais pas…à croire que je me sentais coupable de quelque chose. Par rapport à son frère ? par rapport au braquage ?? aucune idée.
Toujours est-il que je ne peux décemment pas restée plantée là à ne rien faire. Je sonne chez Malone en espérant qu’il soit chez lui…et surtout seul, sans aucune conquête de passage !

J’entendis la voix de Malone au travers de la porte, qui m’autorisais à entrer et, après une dernière hésitation, j’actionnais la poignée et pénétrais dans l’appartement. J’avançais tranquillement dans le salon en me disant que c’était peut-être bien de m’annoncer quand même, et j’allais le faire en hurlant pour que Malone m’entendre où qu’il soit dans l’appart, quand finalement je tombais sur lui…et cette femme. Vu leur position de départ, sur le coup, je m’étais dit que j’avais bien fait de redouter qu’il soit en charmante compagnie ! et instinctivement, j’ai pivoté sur moi-même pour ne pas voir le spectacle. Mais le temps que mon cerveau assimile les images qu’il avait eu le temps de voir, je m’étais finalement à nouveau retournée pour la simple et bonne raison que je pensais avoir remarquer que la demoiselle, elle, était habillée. Un coup d’œil à mon ex-beau frère et enfin je souriais d’un air moqueur « J’arrive trop tôt ?! T’as pas eu le temps de la déshabiller ? » plaisantais-je avant de me reprendre parce que la femme au-dessus de lui semblait gênée. La pauvre je ne voulais pas qu’elle soit mal à l’aise. « Est-ce que ça va ? » m’enquillais-je finalement de Malone « Qu’est-ce que tu fais dans cette position par terre ?? »

J’apprécie mon ex-beau-frère mais parfois cette une vraie tête à claque ! Sa répartie, je l’avais vu venir et je m’étais même mordue les lèvres en l’entendant parce que je savais que c’était de ma faute ; je lui avais tendue une sacrée perche. Je posais mon sac sur une chaise du mobilier autour de moi et m’amusais des commentaires échangés entre Ellie et Malone avant que ce dernier ne nous présente. Ah, alors c’était sa kiné ! « Enchantée ! Je suis l’ex-belle-sœur de Malone…et accessoirement celle qui a le droit de lui mettre la fessée sans que ce ne soit jamais sexuel ! » plaisantais-je. Ellie prit congé et Don juan comme a ses habitudes, Malone jouait de ses charmes pour mieux lui dire au revoir. Je le regardais faire en posant mes mains sur mes tailles, secouant la tête faussement exaspéré « T’es pas croyable…même en convalescence il faut que tu t’assure d’avoir de quoi te mettre sous la dent ! » Je devrais me sentir offusquée par un tel comportement en tant que femme, mais je savais que Malone était sélectif et que son « amour » pour les femmes ne le pousserait jamais à leur manquer de respect en les forçant ou autre chose du genre. Il ne prenait que des consentantes et jusqu’ici, il avait eu beaucoup de chance qu’aucune de ses demoiselles ne soit du genre à mettre la corde au cou à leur conquête !

Finalement, Malone se demandait ce que je venais faire ici, et c’est là que mon sérieux reprit un peu le dessus : « Ça faisait un moment que je ne t’avais pas vu et…enfin…depuis la banque…je m’inquiétais pour toi » avouais-je, pour observer son épaule sous un autre angle avant qu’il ne cherche à le remettre sur lui « Comment tu te sens ? »

Malone faisait le mariole et je roulais des yeux en faisant mine de jouer l’exaspération « C’est marrant, tu oses me faire ce genre de remarque uniquement quand ton frère n’est pas là ! » j’aimerais bien voir la tête que ferait Paris dans ses situations là. Je ne cherchais pas non plus à corriger Malone quant à l’emploi du mot femme, plutôt que ex-femme : peut-etre que cela m’arrangeait bien, ou peut-être aussi parce que cela me donnait l’impression de faire encore partie de la famille.
La famille. Cette famille à laquelle je tenais et qui m’avait échappée…aujourd’hui m’était donné une chance de renouer avec chacun d’entre eux, alors autant dire que je souhaitais en profiter. Malone semblait étonné que je m’inquiète pour lui et en même temps je peux le comprendre : je ne m’autorise qu’à re-côtoyer les Maconahey – à l’exception faite de Grace qui est toujours resté un soutien important pour moi – que depuis que Paris et moi nous adressions à nouveau la parole. Mais même si je me permets de le faire, j’avoue que parfois je me demande si j’ai encore des droits. Je sais que les frères et sœurs de Paris pense que j’ai fauté durant notre mariage et que c’est ce qui a causé le divorce. Et jamais je n’ai osé leur dire que c’était faux…j’ai préféré endossé une culpabilité plus importante que celle que je devais initialement portée, parce que j’estimais que je méritais tout ça. Seulement voilà, les Maconahey restaient toujours cette famille auquel je tenais et pour laquelle je m’inquiétais « Prendre une balle, c’est pas rien Malone…. » déclarais-je comme pour lui rappeler que j’étais là ce jour-là, et que par conséquent les termes « fallait pas t’inquiéter » et « je vais bien » ne sont pas vraiment à employer. Et pour cause, je voulais être honnête en lui disant comment moi j’allais « il y a des jours où ça va : j’arrive à penser à autre chose, à faire ma petite vie et le temps finit par passer tellement vite que je me rends compte que je n’ai pas eu le temps de ressasser les choses….mais il ya d’autres jours où….je n’arrive pas à oublier. » Je pris une chaise non loin de moi et la tira pour m’y asseoir, alors que Malone était maintenant rhabillé et debout face à moi « Dans ces moments-là je repenses surtout aux dernières paroles braqueurs…à leurs menaces sur nos têtes… » et forcément, quand ces paroles me reviennent, je pense à mes enfants et à ce qui pourrait arriver de grave les concernant… « Comment tu fais toi ? pour passer à autre chose ? pour ne pas avoir peur ? »

Malone faisait le blasé concernant la manie des femmes à jouer les infirmières pour des hommes mal en point, mais en même temps, ça l’arrangeait bien ! « Ne fais pas comme si ça n’arrangeait pas tes affaires… » lançais-je avec humour ; Je n’osais même pas imaginer le nombre de femmes qu’ils avaient sans doute réussi à mettre dans son lit rien qu’avec sa poisse légendaire et ses aventures chaotiques.
Et c’est sans doute parce que je savais que malgré lui, Malone avait peut-être vécu plus de péripéties que moi, qu’aujourd’hui, j’acceptais de lui reparler de cette prise d’otage. Et alors que j’avouais mes peurs, Malone, lui, réagissait comme un donneur de moral ou de leçon. Je le fixais, à l’écouter là, complètement déboussolée par sa manière d’éjecter le problème, comme si j’avais TORT d’avoir peur mais au bout d’un moment, me sentant un peu offensée, je me mis sur la défensive et déclarais : « Parce que tu crois que c’est pour moi que j’ai peur ??!! Que je suis là, à flipper pour mes fesses parce que ces mecs ont simplement joué avec nos nerfs pendant des heures ?? » je secouais la tête d’un signe de négation pour mieux ajouter : « C’est pour mes enfants, Malone, que j’ai peur ! On ne sait pas ce qu’il adviendra encore de ces preneurs d’otages. Qui sait, ils échapperont à des peines lourdes au niveau de la justice et ressortiront tranquillement… » En termes de loi et de Justice, j’avais appris à en connaitre un rayon à force de côtoyer mon frère Tomas ou même Paul, mon petit-ami. « Je n’ai juste pas envie d’apprendre que mes gosses se font un jour suivre par l’un de ses tarés, et que l’un deux, tout aussi nerveux que celui qui a rendu l’âme, ne vienne à s’en prendre à eux… » Malone arrivait peut-être à prendre assez de recul pour se dire que vivre au jour le jour sans avoir peur de ces mecs étaient la meilleure des solutions ; moi, malheureusement, je ne savais pas faire…