« Au coeur du jazz »

« Au coeur du jazz »

Mercredi 8 août

Le festival de jazz, Malone commençait à bien le connaître. Toutes les années, c'était la même chose et toutes les années, le jeune garçon allait y faire un tour. Non, ce n'était pas pour la musique. Le jazz n'était pas vraiment sa tasse de thé mais dans ce genre de festival, il y a toujours de l'alcool et bien souvent, des jolies filles à pécho. C'était aussi l'occasion de passer du temps avec Léo. Le grec était toujours partant pour ce genre de sortie. Ils s'étaient arrêtés dans plusieurs bars, ne lésinant pas sur la boisson. Seul problème en ce mois d'août, c'est la chaleur et autant dire que cette après-midi, le thermomètre atteint facilement les trente degrés. Même la bière ne parvient pas à diminuer la soif et le température corporelle de Malone. A bout d'un moment, les deux garçons se posent sur des chaises longues et finissent par s'endormir. C'est le serveur qui vient les réveiller afin qu'ils payent leurs consommations. Malone met un petit coup de pied dans la jambe de Léo pour le réveiller. « Hey gros, sors ta CB »

  Malone & Leonidas

  Au coeur du jazz

Bien sûr que Leonidas n’allait pas dire non à une sortie avec son meilleur pote même si cela signifiait être le seul à sortir son portefeuille. Dans le fond, il s’en foutait, il était riche à milliard alors pourquoi se priver ?! Malone lui, ne se posait jamais la question. La tournée des bars fut rude sous cette chaleur mais ils avaient une réputation à tenir, hors de question que de faillir. Leonidas avait beau avoir une sacrée carrure, il restait un être humain tout comme Malone et les deux amis décidèrent de s’octroyer une petite pause bien méritée sur des chaises longues. « Quoi ?! » grognait Leonidas en sentant un coup de pied contre sa jambe. « Putain tu fais chier, je vais finir par t’ouvrir un compte bancaire et te faire virer de l’argent de poche » râlait-il en plongeant une main lasse dans son jean. Pas de portefeuille. C’était sûrement dans l’autre poche. Merde pas là non plus. Leonidas ouvrit alors les yeux pour tâtonner un peu partout sur ses affaires. « Gamoto ! » jura-t-il en grec. Ces dernières années, il avait bien plus foulé le sol grec que le sol américain et cela se ressentait à ce léger accent dans sa voix.   « Skata ! Malone arrête de faire le con, rends moi mon portefeuille ou paie le mais me fais pas chier quand je cuve »

« Au coeur du jazz »

Malone est le genre de mec qui n'a jamais vécu dans le luxe, qui n'a jamais vraiment eu beaucoup d'argent lorsqu'il était jeune et qui se rattrape maintenant qu'il est adulte. L'argent a une place toute particulière dans sa vie. Il adore en avoir et pourtant, il ne le garde pas très longtemps, préférant le dépenser pour ce qu'on peu appeler ds futilités : louer une belle bagnole de sport pendant une semaine, se payer le show privée d'une strip-teaseuse et tant d'autres. Et pour parvenir à ses fins, tous les moyens sont bons les jeus d'argent d'abord : les paris, le poker ou le black jack sont une passe temps presque quotidiens. Il y a aussi les magouilles en tout genre dans lesquelles il traine régulièrement. Et puis, il y a son meilleur ami. Certes, au départ, il ignorait que Léo était un milliardaire quand ils ont fait connaissance et qu'ils se sont bien entendus mais autant dire qu'en découvrant qu'il était à la tête d'une fortune colossale, Malone a toujours tout fait pour préserver cette amitié. Le garçon n'est pas un profiteur, à si pardon, il l'est quand même un peu et ne se gêne pas pour faire en sorte que ce soit Léo qui paye. Mais ne vous méprenez pas, il adore Léo quand même et ils partagent bien plus que de l'argent. Sauf que ce jour là, Malone était à court de pognon. Un pari qu'il avait mal géré et du coup, il avait fait en sorte que Léo régale. « Arrête de faire ta pince » C'était vachement le style de Léo. Quoi qu'il en soit, l'un comme l'autre avait un peu du mal à sortir de leur torpeur dû à l'alcool. « C'est bon, c'est moi qui paie, il doit me rester un billet ou deux » Il fouilla dans sa poche. Rien. Il fouilla dans l'autre poche. Rien. Il se pencha pour voir par terre s'il était tombé mais toujours rien. « Putain, j'ai plus mon portefeuille » C'était quoi encore cette galère !

  Malone & Leonidas

  Au coeur du jazz

Leonidas connaissait parfaitement son meilleur ami, Malone ne s’était jamais caché de lui. C’était bien pour cela qu’il sortait son portefeuille facilement. Venant d’une autre personne, le grec se serait emporté et l’aurait jarté de sa vie. Il détestait les profiteurs et ceux qui ne gravitaient autour de lui que pour l’aura de pouvoir et de richesse qui l’entourait. Or, il n’en était rien avec Malone. Certes, son meilleur ami en profitait bassement mais ils partageaient autre chose alors s’il pouvait égayer la vie de ce dernier, ce n’était pas Leonidas qui jouerait les rabats joie. « Comme si je faisais ma pince ! » grommela-t-il en le fusillant du regard mais les yeux encore vitreux, l’effet était amoindri. Merde, il ne trouvait vraiment pas son portefeuille et quand Malone se rendit compte que lui non plus ne trouvait pas le sien, le grec du se rendre à l’évidence. « On s’est fait tirer ! » lâcha-t-il en sentant une certaine colère bouillir en lui. « J’y crois pas, un connard a osé me dépouiller. Si je le retrouve, je le descends » rageait-il et quand Leo parlait de descendre quelqu’un, il était vraiment capable de le faire. Son grand-père n’avait pas fait de lui un saint, bien au contraire. Monstre serait plutôt le terme adéquat. « Bon, t’es prêt à courir ? On a rien pour payer et il est hors de question que je m’abaisse à faire la plonge dans un bar alors que je pourrais me l’acheter en moins de cinq minutes »

« Au coeur du jazz »

Apparemment, ils s'étaient fait dépouiller pendant qu'ils faisaient leur petite sieste. Heureusement, Malone n'avait pas grand chose dans son portefeuille, hormis ses papiers. Cela faisait toujours chier de devoir les refaire mais au moins, il ne risquait pas de trop perdre d'argent. Il allait aussi devoir faire opposition sur sa carte. « Putain de merde » Il attrapa son portable pour le faire rapidement en ligne avant que le mec ait pu faire un retrait ou un achat. Et pendant qu'il faisait cela, Léo lui proposa alors quelque chose pour éviter de devoir faire la plonge. Malone rangea son portable dans sa poche. « Un resto baskets, j'aurais jamais pensé que toi, le grand Léo, tu me propose cela un jour » Faut dire qu'il avait la possibilité de tout se payer et il n'était pas du genre à partir sans payer mais là, c'était une nécessité absolue. Le jeune homme se prépara sur son siège. « Prêt, partez. » Malone tapa un sprint comme il n'avait jamais fait. Il fit parler sa vivacité pour changer de direction rapidement et éviter ainsi les passants. Au bout d'un certain temps, il s'arrêta, hors d'haleine. « Je crois que c'est bon là »

Win or lose:

  Malone & Leonidas

  Au coeur du jazz

Cela l’emmerdait royalement d’avoir à refaire ses papiers mais contrairement à Malone, Leonidas avait une assistante qui ferait ça très bien pour lui. D’ailleurs, il profita que son meilleur ami passe son coup de fil pour faire de même. Le mec qui les avait dépouillés n’avait pas pu le fouiller entièrement puisque son smartphone dernier cri, reposait dans la poche arrière son jean -cul qui, lui, était vautré dans la chaise longue. « J’ai perdu mon portefeuille, faites en sorte de m’en préparer un nouveau avant la fin de la soirée » dit-il avant de raccrocher. On pourrait croire qu’il traitait son employée comme de la merde mais au prix, où il l’embauchait, elle pouvait se passer de politesse. « Ouais ben je préfère ça que récurer les chiottes d’un bar » soupira le grand brun. Dire que des bars comme ça, il pouvait s’en payer des milliers. La vie était vraiment une chienne sans nom. Les deux hommes se préparèrent et dès que le serveur eut détourné le regard, ils piquèrent un sprint pour s’éloigner un max de ce bar. « Putain faut que je me remette au sport ! » dit-il en essayant de reprendre son souffle. Depuis deux mois, il avait passé son temps à régler ses problèmes pour pouvoir à nouveau s’installer à la Nouvelle-Orléans. « Bon, j’ai la dalle… on se fait un autre resto basket ? Voyons voir jusqu’où on arrive à aller ! » dit-il joueur. « J’ai mieux… on a tout le restant de la journée pour défier notre chance ! Au pire, je paierai nos deux cautions si on se retrouve chez les flics »

« Au coeur du jazz »

Les deux amis s'étaient arrêtés un peu plus loin, à bout de souffle l'un et l'autre. Ils n'avaient pas l'air d'avoir été suivi et ils pouvaient enfin souffler et respirer. Bordel, qu'est ce que c'était bon. Malone avait l'impression de revenir des années en arrière lorsqu'il avait commencé à traîner avec des gamins de son âge mais pas vraiment fréquentables. Ah oui, il en avait fait des conneries et bien souvent, c'était retrouvé pénalisé sans que ce soit réellement de sa faute. A force, il avait arrêté de faire attention. Il leva les yeux lorsque Léo proposa de continuer sur leur lancée. « T'es sérieux ? » Apparemment oui. Ce n'était pas l'argent qui manquait à Léo pour manger autant qu'il voulait, alors il voulait quoi ? L'adrénaline ? La dessus, les deux amis carburait à la même chose. « Défier la chance avec moi, t'es couillu » Mais il savait aussi que cela n'avait jamais fait peur à son ami, c'était certainement pour cela qu'ils s'entendaient aussi bien. « Mais j'en suis évidemment » Il leva la main pour taper dans celle de son ami avant de regarder autour de lui. « On se fait celui-ci ? »

  Malone & Leonidas

  Au coeur du jazz

« Bien sûr ! Tu devrais me connaitre depuis le temps, je lance jamais une idée sans en être certain » rétorqua un Leonidas sûr de lui. Cela mettrait un peu de piment dans cette journée. Et puis, cela faisait bien longtemps qu’il n’avait pas fait quelque chose de dingue en dehors de racheter des entreprises en faillite. Leonidas avait besoin de redescendre de temps en temps sur Terre et Malone était la personne idéale pour cela. C’était son meilleur ami après tout. « Ouais j’aime vivre dangereusement » lâcha le grec avec un sourire qui montrait toutes ses dents. Il n’avait pas peur des conséquences : sa position sociale, sa richesse et ses avocats qu’il payait rubis sur l’ongle arrangeraient bien les choses. « ça c’est mon pote ! » s’exclama-t-il en tapant dans sa main pour mieux le suivre vers le premier restaurant. C’était un bon choix et Leonidas décida de se faire plaisir en commandant les mets les plus chers de la carte. « Je pense qu’on devrait s’en sortir facilement » dit-il. Les deux amis prirent le temps de déjeuner comme si de rien n’était quand vint le moment de l’addition.

Spoiler:

« Au coeur du jazz »

C'est ça que Malone adorait. L'esprit un peu déganté de Léo, le fait qu'il n'ait peur de rien et surtout le fait qu'il avait l'argent et le pouvoir. Avant de le connaitre, Malone faisait dix fois moins de conneries mais avait beaucoup plus d'ennuis. Et ça, ça plaisait au jeune homme. L'idée de profiter des restaurants sans débourser le moindre centimes était plaisant mais en plus défier la chance en se sauvant était encore plus excitant. « Je sais bien et tu sais aussi que je suis toujours partant pour ce genre de choses. » C'était fou. D'un côté on avait un mec qui aimait vivre dangereusement mais qui s'en sortait toujours bien. De l'autre côté, on avait un autre gars qui essayait d'éviter les embrouilles mais qui y plongeait toujours les deux pieds dedans. Au moins, lorsqu'ils étaient ensemble, les forces s'équilibraient. Et voilà qu'il arrivaient vers le restaurant et qu'ils s'en mettaient plein la panse. Putain, c'est bon de commander pleins de choses dont il n'aurait jamais eu les moyens de s'offrir. A table, ils déliraient, discutaient de tout et de rien. Et puis les assiettes furent vite, c'était le moment. « Un jeu d'enfant » Et les voilà partis. Ils profitèrent d'un moment où les serveurs avaient tous le dos tourné pour se barrer en courant et cela fut plutôt chose simple. « C'est tellement facile, ça fait pitié. » dit Malone à son ami lorsqu'ils furent hors de vue du restaurant.