[PV] Cohabitation fraternelle.

Cohabitation fraternelle

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Cela faisait déjà une bonne semaine qu’Ellie était sortie de l’hôpital et qu’elle avait pu regagner son appartement. Pour ma part, j’y avais aménagé quelques heures seulement après lui avoir rendu visite à l’hôpital. Elle m’avait demandé de veiller sur son fils et c’est ce que j’avais fait même si les débuts n’avaient pas été évidents. Maddox avait beaucoup réclamé sa mère et je ne m’étais jamais retrouvé à jouer les baby-sitters. Finalement, nous avions réussi contre toute attente, à trouver un certain équilibre même si pour cela, je dois dire que j’avais un peu rogner sur les plats équilibrés pour le gamin. Je n’étais pas doué en cuisine, j’étais même une catastrophe ambulante. La plupart du temps, je bouffais des boites de conserves. Cette fâcheuse habitude s’était légèrement atténuée depuis que j’avais à nouveau accès à mon compte bancaire sous ma réelle identité. J’avais pris tout un tas de mauvaises habitudes en étant Jagger mais mon incompétence culinaire, remontait à bien des années. Notre mère ainsi que notre cuisinière m’avaient plus d’une fois interdit la cuisine. Je me levais donc après m’être étiré pour mieux me rendre dans le salon. Le petit Maddox ne tarda pas à m’y rejoindre et je le collais derrière les dessins animés le temps de préparer le petit-déjeuner. Allez savoir pourquoi, je me prenais d’idée de faire des pancakes pour nourrir la mère comme le fils seulement, je n’avais aucune idée de la recette. Je regardais vite fait sur mon téléphone portable avant de m’y coller mais la cuisine se transforma bien vite en un champ de bataille farineux au point que je ne vis pas mon neveu se diriger vers la chambre de sa mère pour la prévenir que tonton Jeremiah, il va faire exploser l’appartement.

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[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Depuis ma sortie de l’hôpital, je me rétablissais relativement bien. Ma guérison ne serait pas miraculeuse, je prendrais plusieurs mois à retrouver la forme, mais au moins, j’étais en vie. Encore incapable de m’occuper seule de Maddox, j’avais demandé à Jeremiah de rester. Après quoi, je nous sentais plus en sécurité en l’ayant dans les parages. Pour sa part, il profitait du confort de la chambre d’invité, des repas que je préparais et de l’ambiance plus chaleureuse de mon logement. Sa maison n’avait rien à jalouser. Mon frère habitait un vrai dépotoir. Tout y était à refaire, la peinture, les planchers et même les meubles. Je refusais qu’il y retourne tant et aussi longtemps qu’il n’y ferait pas de l’ordre. En attendant, j’étais plus qu’heureuse qu’il soit ici. Après toutes ces années de séparations, il faisait bon d’être ensemble. J’avais l’impression de retourner dans le passé, dans la demeure de nos parents, là où les portes de nos chambres se faisaient faces.

Maddox vint me réveiller, me priant de venir aider son tonton à faire la cuisine. Jeremiah avait toujours été un terrible chef. Adolescent, il avait déjà mis le feu à la cuisine en mettant un plat à réchauffer au four. Tout ça, sans parler de la fois où il avait mis le batteur électrique à pleine vitesse dans un plat de farine.

« J’arrive! »

Dis-je en m’extirpant du lit, me trainant jusqu’à la cuisine en suivant de près mon fils.

« Tonton, il en a mis partout encore! »

Me fit savoir Maddox en entrant dans la petite cuisine, là où je constatais par moi-même l’ampleur du dégât. Le batteur électrique! Encore! Comment pouvait-il avoir refait la même erreur deux fois?

« Des céréales, ça ne te tentait pas ce matin? »

Lui demandais-je un sourire amusé aux lèvres en m’approchant de lui pour prendre sa place et arrêter le carnage.

« Non, mais, c’est dégueulasse… Qu’est-ce que tu essayais de faire? »

Demandais-je en agitant à l’aide de la cuillère la mixture grumeleuse et collante qui reposait au fond du bol.

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[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Décidément je n’étais vraiment pas doué en cuisine, il allait falloir que je me fasse une raison mais je ne m’attendais pas à ce que mon neveu aille chercher sa mère pour nous éviter une catastrophe. Ma petite sœur débarqua dans la cuisine et je grimaçais un sourire d’excuse. C’était un véritable chantier. « Je voulais faire plaisir au petit et le faire participer pour un petit déjeuner au lit mais visiblement, j’ai un traitre comme neveu » plaisantais-je sur la fin. Je n’en voulais pas à Maddox mais bel et bien à mon incompétence culinaire. Ellie s’approcha et j’en profitais pour déposer un baiser farineux sur sa joue. Elle était encore toute décoiffée de sa nuit. « Je te promets, je nettoierais ta cuisine » grommelais-je tout en me promettant à moi-même, d’arrêter de tenter de faire des prouesses. Je me contenterais de céréale, c’était beaucoup moins dangereux. « Je voulais faire des pancakes. Je comprends pas, j’ai suivi absolument la recette » râlais-je en croisant les bras contre mon torse. Qu’est-ce qui avait pu se passer ? Je n’avais pas conscience que dans ma précipitation, j’avais non seulement oublié de faire attention avec le batteur mais en prime, que j’avais interverti deux mesures. « Je sais pas comment tu fais pour réussir à cuisiner. Je suis sûr et certain que même si je prenais des cours, je resterais une catastrophe ambulante. Comment veux-tu que je retourne vivre chez moi si je dois faire une croix sur les bons petits plats » soupirais-je en secouant la tête.

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"Même pas vrai!" Grognait Maddox en tirant la langue, renfrogné par la critique de son oncle. Il n'était pas un traite, enfin, s'il savait vraiment ce que signifiait ce mot.

La cuisine était un vrai champ de bataille et mon frère venait de tomber au combat. Je l'aiderais à faire des crêpes mais avant on se devaient de faire de l'ordre. Lui-même était couvert de farine, il en avait un peu dans le visage, sur la joue comme dans la barbe. Une vision qui me fit sourire.

"Vas donc te nettoyer un peu le visage, je m'occupes du reste!"

Proposais-je, préférant de loin l'éloigner de ma cuisine. Comment avait-il survécu pendant mon hospitalisation? Devais-je me compter chanceuse qu'il n'ait pas fait crâmé mon logement. Après quoi, Maddox n'était pas mort, ni affamé. Il s'était quand même débrouillé.

Pour l'instant, j'étais heureuse de partager mon logement avec mon frère, nous avions tous les deux besoins l'un de l'autre. Rien ne pressait mais viendrait un jour où notre intimité mutuelle souffrirait de cette cohabitation. Mon appartement était beaucoup trop petit pour accueillir deux couples. Nos chambres se trouvaient l'une à côté de l'autre et l'insolation laissait à désirer.

"Tu peux rester mais... il va sérieusement falloir te trouver une femme, c'est ça qu'il te faut!"

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[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]J’éclatais de rire en voyant mon neveu se renfrogner et me tirer la langue. Je passais ma main dans ses cheveux pour les ébouriffer. « Je te crois ! » lui répondis-je. Cette cohabitation à deux m’avait permis de me rapprocher de lui et surtout, de me sentir bien plus à l’aise en sa compagnie. Je n’avais jamais pensé que je saurais me débrouiller avec un enfant. Ma sœur lui avait donné une bonne éducation, ça avait aidé nul doute là-dessus. En parlant de sœur, elle m’envoyant me nettoyer et je lui souris. « A vos ordres chef » m’exclamais-je avant de filer dans la salle de bain où le miroir me montrait le visage d’un homme à qui, on avait visiblement envoyé une bombe de farine à la figure. Je rigolais simplement en me débarbouillant ce qui me prit quand même quelques minutes. Je retournais ensuite près de ma petite sœur et de mon neveu.

« Ah non, tu ne vas pas t’y mettre comme maman ? Depuis ma rupture avec Delyah, elle n’arrête pas de me parler de jeunes femmes bonnes à marier » soupirais-je en levant les yeux au ciel. « De toute manière, je crois que je suis aussi doué dans mes relations amoureuses qu’en cuisine » repris-je tout en songeant à la surprise que j’avais eu dernièrement à mon agence. Phoebe. Qui aurait pu croire que je la reverrais après toutes ces années. « Mais et toi alors ? Tu cherches à me caser pour avoir le champ libre ? Y-a-t-il un homme que je dois menacer au cas où il veuille te faire du mal ? » lui demandais-je aussi amusé que curieux.

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[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Laissant Jeremiah aller se nettoyer, je commençais à nettoyer les comptoirs afin de faire de la place pour cuisiner. Heureusement, mon frère n’avait pas ce genre d’idée tous les jours. Quand il cuisinait, il s’attaquait généralement à des plats simples. J’avouais que dans mon état, je n’en faisais guerre plus que lui présentement. Nous avions manger beaucoup de livraison depuis mon retour, des pâtes et des sandwichs.

Sortant tout le nécessaire pour faire des crêpes, je cassais les œufs quand il revint. Mon petit commentaire au sujet des femmes ne sembla pas lui plaire mais j’osais les épaules en guise de réponse.

« Je ne suis pas comme maman tu le sais très bien! Laisse ça à notre sœur! »

L’enclinais-je d’un air désapprobateur. Comme lui n’aimait pas être comparé à notre père, l’idée de ressembler à ma mère me répulsait.

« Je dis simplement que je crois que, ça te prend quelqu’un pour te faire à manger! Si cette personne peut satisfaire tes besoins nutritionnelles et sexuelles à la fois, c’est simplement un plus! »

Me justifiais-je, rieuse. Il pouvait bien croire ce qu’il voulait mais j’étais convaincu que le problème n’était pas sa capacité à aimer. Jeremiah avait toujours été un homme fidèle, amoureux et indéniablement dévoué. N’importe quelle femme serait idiote de ne pas le voir. D’autant plus que maintenant qu’il avait décidé de reprendre sa vraie identité, les choses seraient plus simple.

« Dis pas n’importe quoi, tu restes ici aussi longtemps que tu le souhaites! Tu n’as pas besoin de menacer qui que ce soit… »

J’étais contente de l’avoir auprès de moi. Sa présence me rassurait. On ignorait encore qui m’avait attaqué et les motifs qui l’avaient poussé à le faire. Bien que je me portais de mieux en mieux, je n’avais toujours pas la force de m’occuper de Maddox seule. D’autant plus, j’avais peur d’être seule. Néanmoins, il touchait un point. Avait-il parlé à Luka?

« Luka est venu me voir à l’hôpital… »

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[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Je n’avais pas envie de me lancer dans une discussion sur mon célibat avec ma petite sœur. Je l’adorais mais je commençais à me faire une raison côté cœur. Je n’étais pas fait pour les relations sentimentales de longues durées. Je n’étais pas un mauvais bougre mais j’avais accumulé les points noirs ces derniers années. Avant, c’était mon job de flic qui posait le plus problème. Des horaires à rallonge, des enquêtes qui me hantaient, tout cela ne donnait pas envie aux femmes de rester. Pour preuve, je ne comptais pas le nombre d’anciens collègues qui s’étaient mariés plusieurs fois pour divorcer tout autant. Aujourd’hui, c’était mes quatre dernières années qui posaient problèmes car je me voilais pas la face, Jagger me collait à la peau et qui sait ce qui pourrait arriver à une femme qui m’approcherait ? Ellie en avait fait les frais, je n’étais pas certain de souhaiter trouver l’amour. « Je te remercie de t’inquiéter de mon estomac mais également de ma vie sexuelle. Je te rassure, je trouve toujours une femme pour me satisfaire » répliquais-je avec un petit sourire au coin des lèvres qui me donnait une allure de petite canaille. Je n’allais tout de même pas avouer à ma sœur que ces dernières années, j’avais surtout fréquenté les bordels et autres prostituées. Je n’étais pas certain qu’elle se remette du choc. « Je serais toujours là pour te protéger. Je ne l’ai pas fait ces quatre dernières années, je ne referais pas la même erreur » lui dis-je peu après en redevenant sérieux. Je culpabilisais déjà de savoir qu’elle était passée de très peu à la mort alors je n’allais pas lâcher mon rôle de grand frère protecteur. Je me versais un verre de lait pour boire une gorgée avant d’hausser un sourcil. « Ah bon ? Qu’est-ce qu’il te voulait ? » lui demandais-je tout en étant étonné du comportement de mon meilleur ami. Il faut dire que je n’étais pas au courant de leur passé commun.

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[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Des détails? Je n’en voulais pas plus qu’il m’en donnait déjà. Mon frère se disait comblé sexuellement et ça me suffisait amplement qu’il se limite à m’en dire aussi peu. Difficile de croire qu’un homme aussi séduisant que lui avait tant de mal à entretenir une flamme. Certes, je le connaissais mieux que quoiqu’onques. Je pouvais aisément énumérer la liste de ses pires défauts mais je connaissais aussi le meilleur de Jeremiah.

« Si tu le dis! »

J’haussai les épaules, me recentrant sur la recette. Les crêpes ne se cuisineraient pas toutes seules. Ajoutant les derniers ingrédients, j’invitais mon frère à bien les mélanger pendant que je m’occupais de sortir la poêle à cuire.

« Arrête de te martyriser avec ça. Le passé reste dans le passé… on ne peut pas le changer. »

Le rassurais-je. Autant lui en avais-je voulu de nous avoir abandonner qu’aujourd’hui, j’étais seulement heureuse qu’il soit avec moi. Mettant à cuire la première pâtisserie, je me retournai pour lui faire face. Hésitant, je commençais ma phrase en cherchant la manière la plus concise de tout lui expliquer sans non plus lui lancer une bombe au visage. Luka avait toujours été le meilleur ami de Jeremiah, tout lui dire, c’était lui avouer qu’on lui mentait depuis des années.

« Et bien, on… comment dire! Tu sais que j’ai toujours été assez proche de lui. Dans notre adolescence. C’est qu’en fait, il… on était, tous les deux, on avait un peu peur de ta réaction. On était ensemble, lui et moi. De mes 14 ans jusqu’à son départ pour Washington… on s’est revu il y a 3 ans. Et pour faire simple il est en …. quelque sorte …. le père de Maddox! »

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[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Je n’avais pas envie d’entrer dans un débat avec ma petite sœur concernant ma vie sentimentale qui était plutôt calme voire désertique ces dernières années. La seule étincelle avait été Delyah et pour ce que cela avait donné, on ne pouvait pas vraiment dire que cela me démangeait de réitérer l’expérience. Je m’étais habitué à vivre seul même si je devais reconnaitre qu’avoir une présence féminine me manquait de temps à autre. Au cours de ma vie, j’avais connu quelques petites amies mais aucune n’était restée très longtemps. Aujourd’hui, avec ce que j’avais vécu et fait en étant Jagger, je me sentais plus l’âme cabossée qu’autre chose. La preuve en était des nombreux cauchemars qui m’assaillaient chaque nuit. Enfin, pour le moment l’amour n’avait pas de place dans ma vie. L’agence de détective que j’essais de faire fonctionner m’occupait tout mon temps. Ellie et Maddox étaient devenus les personnes essentielles à mon existence. Je n’avais pas besoin de plus, du moins, c’est ce à quoi, j’essayais de croire. « Je sais qu’on ne peut pas le changer. C’est juste que j’aurais aimé que tu ne souffres pas de mes actes. Si je n’avais pas voulu rendre justice moi-même, tu serais au sommet de ta forme et ça, je ne peux pas l’oublier » répondis-je à ma sœur sans lui cacher ma culpabilité. J’avais toujours eu plus de facilité à lui parler de ce que je ressentais contrairement avec le reste de notre famille. Je l’observais faire le premier pancake avec le regard gourmand. Je ne bouderai très certainement pas mon plaisir de manger ce petit déjeuner plus tard. Néanmoins, je n’en oubliais pas notre sujet de conversation actuel même si je sentais ma petite sœur être sur la réserve. « Attends… Toi et Luka ? » lui demandais-je confirmation tout en l’observant avec étonnement. Celle-là, je ne l’avais pas vu venir ! « Putain de merde, je m’y attendais pas » jurais-je dans ma barbe. « Est-ce qu’il est au courant pour Maddox ? Bordel, j’en reviens pas… Quatre ans !! Il va m’entendre celui-là » grommelais-je en fronçant les sourcils.

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[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]« Ça va je suis complètement remise! Tu n’y pouvais rien. Tu m’as sauvé la vie… même si, j’ai encore besoin de toi pour quelques petits trucs… j’ai pas envie de tu partes!»

Lui fis-je savoir. Qu’il arrête de se culpabiliser. Pour ce qu’on en sache, je serais complètement guérie d’ici quelques mois. Les douleurs viendraient à se taire, les os à se ressouder et les cicatrices se résorberaient lentement. Seulement, j’ignorais encore que le trauma psychologique serait ma plus grande épreuve. En cet instant et aussi longtemps que mon frère serait à mes côtés, je pouvais dormir tranquille.

Je venais littéralement de lancer une bombe en plein dans la gueule de mon frère. Jamais n’aurais-je pensé devoir lui reparler de mes amourettes de jeunesse. À l’époque, lui cacher la vérité m’avait semblé anodin. J’ignorais ce qu’on craignait vraiment. Jeremiah, Emmeth ou mon père? Principalement mon père qui aurait été fou de rage de savoir que sa fille de 14 ans couchait déjà avec un garçon. Après, avec le temps, c’était devenu une habitude de mentir, de se voir et de prétendre de n’être que des amis. Pourtant, Jeremiah aurait facilement pu le deviner en se montrant attentif. Nous n’étions pas toujours des as du camouflage et moult fois, dans de petites fêtes trop arrosées, m’étais-je attardée aux lèvres du meilleur ami de mon frère.

Ce dernier même qui, à présent, me regardait avec les yeux écartelés, ébaubis. Les questions vinrent, fusant à la recherche d’explication.

« Je peux te faire la version longue si tu préfères… »

Me moquais-je tout en versant la pâte à cuire.

« À vrai dire, je ne pensais jamais que je reverrais Luka, après notre dernière rencontre, je l’ai tellement détesté que… quand j’ai su que j’étais enceinte. J’ai préféré rester seule que de le rappeler. »

Commençais-je, retournant la crêpe, la mettant dans une assiette puis répétant la séquence tout en lui racontant les grandes bribes de l’histoire.

« Tu vois, quand il est parti à Washington, il m’a laissée. Il ne voulait pas d’une relation à distance. Et quelques années après, je ne sais pas trop, j’ai eu un copain… pendant quelque temps… il, enfin ce n’est pas important. »

Je pesais mes mots, sans vouloir en dire trop sachant que Jagger irait tuer l’homme qui avait osé lever la main sur sa petite sœur. Il pouvait ignorer ce chapitre.

« Quand je l’ai laissé. Je me suis sentie vraiment seule. J’ai toujours aimé Luka, tu n’étais pas là, les parents ne sont pas de meilleurs supports… je ne voulais pas retourner au Texas. J’ai appelé Luka, je l’ai rejoint à New York et c’était comme si on ne s’était jamais quitté… »

Je terminais la première assiette, celle de Maddox. Appelant mon fils à table, j’allais l’y installer avant de revenir au four, poursuivant mon récit.

« Je suis restée une semaine et un matin, il avait disparu. J’ai fait le tour de New York, j’ai tout essayé… Je suis repartie la semaine suivante et j’ai su pour Maddox que deux mois plus tard. Donc non, jusqu’à l’autre jour à l’hôpital, Luka ne savait pas. Je ne voulais pas qu’il le sache non plus! Et quand il est venu me voir, on a mis les cartes sur la table. À New-York, il avait été appelé en infiltration pour le travail, il croyait m’avoir laissé un mot, mais je ne l’ai jamais reçu… Et maintenant, c’est là qu’on en est… »

J’inspirais un grand coup un peu ébranlé par ma propre histoire et les sentiments contradictoires que j’éprouvais à l’égard du père de mon garçon. L’adolescente amoureuse retombait en amour alors que la femme tentait de protéger son cœur et son enfant.

« Et il m’a embrassée… »

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