Je t'adore hein, mais des fois, tu m'énerves !

   Joan & Summer

   Je t'adore hein, mais des fois, tu m'énerves !

« Pipi, pipi, pipi ! » répétais Caleb depuis plus de 10 minutes, en plein milieu de la rue. Il finissait par agacer sa sœur qui marchait un peu devant nous, des sacs à la main, en soufflant « Mais stop Caleb, t’es chiant à la fin ». Je dois dire qu’elle avait raison, mais en tant que mère, je me devais de rectifier ses propos « Oh Ash’, non, s’il te plait, ne dis pas que ton frère est chiant. Il est petit ce n’est pas facile de se retenir pour lui ». « Pourquoi c’est sur moi qu’on crie alors que je ne fais rien de mal, moi ! » « Mais je ne te crie pas dessus ma puce, je te demande juste d’être plus compréhensive » déclarais-je en gardant le ton le plus neutre possible, alors qu’intérieurement, j’avais envie de hurler à qui voulait bien l’entendre que cette journée shopping avant les fêtes avait été la pire journée qui soit ! « J’suis pas petit d’abord ! » « Mais oui, mais oui, mon p'tit coeur… » Je faisais abstraction du désaccord de mon fils alors qu’on arrivait à un carrefour de rues que je connaissais par cœur ! « J’en ai marre de marcher maman… » « pipi pipi pipi… » … « STOP ! » m’exclamais-je en m’arrêtant nette sur le trottoir, mes deux enfants en faisant de même avec des yeux ronds comme des billes, complètement interloqués. « Vous savez quoi, moi aussi je suis fatiguée, j’en ai marre de marcher, et j’ai envie de rentrer. Mais est-ce que vous m’entendez me plaindre ?? non…Donc je vais vous demander pendant les 5 prochaines minutes qui viennent de faire pareil ! Vous ne vous plaigniez plus, vous rester calme et vous ne vous faites pas remarquer » « Mais… » « Pas de mais, Caleb. Je sais que tu as envie de faire pipi, et ON va t’emmener faire pipi. Tu te retiens encore un tout petit peu, le temps de traverser la rue » Je pointais le doigt d’une main chargé de plusieurs sacs, et lui indiquait le restaurant italien qui n’était plus a présenter « On va aller voir Tata Joan, Okay ? et si vous arrivez à ne pas parler ou geindre pendant les 5 prochaines minutes, je vous promet qu’on mange sur place, et que vous avez le droit à une glace à la fin du repas. » « Oouuuaaaiiiisss !! » ciraient-ils à l’unisson « Donc on est d’accord ?! » Les deux enfants secouèrent la tête et serraient leurs lèvres comme pour les scellés, alors qu’Ashlynn revenait à mes côtés pour faire la route. Je prenais la main de Caleb avec ma main libre et on attendit quelques instants devant le feu rouge avant de traverser le passage piétons au bon moment pour nous rendre directement dans le restaurant tenu par Joan.

A peine on avait passé la porte que Caleb se mit à courir dans le hall direction les toilettes, en hurlant, « Vite maman !! » Ashlynn elle, se rendait directement vers une table libre – sa préférée – pour déposer ses sacs et défaire son manteau. Quant à moi, je soufflais enfin, en baissant les bras comme si ces derniers avaient porté une tonne de parpaing toute la journée. Ma tête devait en dire long sur mon soulagement vu les paroles prononcée par ma meilleure amie, debout devant son comptoir à nettoyer ce dernier « La joie d’être maman, Acte II. Ou comment j’aurais dû réfléchir à deux fois avant de faire des gosses ». Je plissais les yeux, la fusillant du regard avant de répondre « Mais bonjour à toi aussi Joan, contente de te voir ! » Et dire qu’elle était marraine de Caleb, cette idiote !

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C’était calme aujourd’hui. Disons que l’heure et la période se prêtait plus au shopping qu’à la grande bouffe. Heureusement il y avait les fidèles clients, les employés des environs qui étaient venus chercher le calme, bien loin de l’effervescence des magasins. Cela avait d’ailleurs été l’occasion de discuter avec quelques-uns d’entre eux au sujet des festivités de la ville, des recettes de fin d’années, diverses primes et réunions de famille plus ou moins attendus. Finalement j’apprécie ces moments de calme pour les bienfaits qu’ils offrent aux gens du coin, mais je reconnais que je préfère travailler que de me tourner les pouces…

Soudain, une tornade haute comme trois pommes déboulait dans le restaurant pour se ruer vers les toilettes ! je suivais le jeune garçon des yeux, m’étonnant de le voir là tout en pouffant de rire que je tournais la tête pour voir Ashlynn suivi de sa mère, les bras chargés comme une mulet, l’air désespérée et surtout dépassée. Forcément, la scène était trop belle pour que je ne vienne pas me moquer. Alors j’avais accueilli Summer à ma manière et riais déjà de son répondant, tandis que la belle Ashlynn s’était débarrasser de son manteau et avait contourné le comptoir pour venir me saluer d’un câlin « Bonjour tata ! », « Bonjour toi, contente de te voir princesse ! » lui déclarais alors j’embrassais le haut de son crane pendant qu’elle me serrait du mieux qu’elle le pouvait avec ses petits bras « Oh dis donc, c’est pas fameux fameux comme énergie, ça ! » osais-je lui dire alors que je sentais toute la lassitude s’emparer de la gamine « J’en peux plus. Caleb il n’a pas arrêter de nous casser les oreilles sur la route, et j’ai trop faim… » « Ashlynn qu’est-ce que j’ai dit tout à l’heure » entendais-je soudain en face de nous, à la table qu’avait occupé la petite quelques secondes plus tôt. C’était Summer qui posait elle aussi ses sacs aux sols et retirait son écharpes « Maiiiisss quand même, toi aussi t’en avais marre, y’avait pas que moi ! » protestait Ash’ alors que Summer se redressait pour regarder sa fille et moi et d’un mouvement d’épaule, concédait « Oui j’avoue c’est vrai, il devenait pénible à force, mais tu sais que… » Pas le temps de terminer sa phrase qu’un énorme « MMMMAAAMMMAAANNN !!! » s’entendait à l’autre bout de la pièce. « Oh bon sang… j’arrive ! » Summer s’excusa auprès du peu de clients qui se trouvaient là, pour le comportement de son fils et se rua vers les toilettes pour sauver les murs d’un éventuel accident. Elle avait intérêt ! « Eh bien sacrée journée à ce que je vois… » déclarais en caressant les cheveux d’Ashlynn qui m’enlaçait toujours, comme si le fait de rester là contre moi, lui permettait un peu de réconfort. « Bon, pizza, ça te dit ? » « Ohhh ouuuiiii !! » ah enfin un regain d’énergie. « Bon va t’asseoir, je m’occupe de tout » elle s’exécuta et osa me demander un verre de coca « pour l’instant, je te donne un verre d’eau et on verra après quand ta mère sera là pour le coca, je ne voudrais pas me faire trucider, tu comprends ?! » Bon je ne suis pas sure que le terme trucider soit compréhensible pour une gamine de 6ans, mais peu importe…

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Je déboulais dans le couloir qui menait aux toilettes du restaurant, bousculant un homme au passage « Pardon, désolée » déclarais-je, vive comme l’éclair alors que je ne me posais de question quant à ma présence dérangeante dans les toilettes pour hommes. « Caleb, combien de fois je t’ai dit de ne pas hurler comme ça ! » soufflais-je, la respiration à moitié coupé par ma précipitation tandis que Caleb se défendait : « Mais voui mais les Fé-cé ils sont trop grand ! » J’ouvrais l’anorak de mon fis pour vérifier qu’il avait bien réussi à déboutonner son haut de pantalon et tirait sur son pantalon et son sous-vêtement pour les descendre à ses genoux «Les W-C, pas le Fé-Cé. Bon Eh bien rappelle-toi, quand les toilettes sont grandes, on n'essaye pas de faire pipi debout comme papa: On s’ASSOIT » Et sur ses mots, je soulevais Caleb pour que son derrière s’installe sur la cuvette des toilettes qu’il avait choisi « C’est froid » commenta-t’il, alors qu’on entendait enfin le flux de son envie pressante, s’écouler « Je sais… » répondais-je à moitié blasé alors que je tâchais de me redonner un semblant d’apparence, sans pour autant voir mon reflet dans un miroir. Depuis qu’on était entrer au restaurant, j’avais juste eu le temps de poser mes sacs et retirer mon écharpe avant de courir comme une dératée jusqu’ici. Donc autant dire que je devais avoir l’air de rien avec des cheveux à moitié défaits par l’écharpe et un manteau à moitié retiré. « Tata Joan elle va faire à manger ? » demanda Caleb pour passer le temps tandis que j’avais l’impression qu’il pissait des litres « Oui mon cœur, ne t’en fais pas, elle ne va pas te laisser mourir de faim ! elle n’oserait pas » Caleb en profita pour rajouter : « J’aime bien ses pizzas avec les trucs rouge et jaunes dessus. Même que ça pique un peu des fois, mais c’est bon ». « Le poivron…c’est du poivron » « Oui le poivon. » « Nan, le poivRRRRONN » « PoiRRRvon » Oh mon dieu….mon côté enseignant est en train de mourir, là, je vous jure. « Oui, voilà, allez…t’as fini ? » « Atteeeennnd !!! » protestait mon fils comme si je le pressais de se magner – ce qui est vrai ! – alors que pourtant je n’entendais plus de pipi couler depuis 10 secondes. Je fis donc mine d’attendre quand enfin : « Ayé ! » okay, très bien, je le fis redescendre, quand il me déclara sûr de lui « Je fais tout seul ! » « Super !!! » oh joie ! Je me penchais au-dessus de lui pour tirer la chasse d’eau et sortait de la cabine direction les lavabos. Caleb me rejoignit et je l’aidais à se laver les mains, quand quelques minutes plus tard, on regagna la salle du restaurant. Je retirais enfin mon manteau et aidait Caleb à en faire tout en discutant avec Ashlynn qui me demandait un coca. Joan arriva à la table à ce moment là en me disant « J’ai proposé à Ashlynn une pizza si ça convient à tout le monde ? » « Ouais !!! » « Pas contrariant, mes gosses…va pour la pizza, tu peux lui amener un coca ? » demandais-je en désignant Ashlynn comme la bénéficiaire « et un jus de pomme pour lui !» en désignant par la suite Caleb. « Dans une brique, je suppose ? » « Ah bah , OUI ! évidemment quelle question, ne pas le faire serait un sacrilège, tu sais bien ?! » plaisantais-je avec Joan tandis qu’elle m’interrogeait du regard, sans doute pour me demander ce que moi je voulais boire…

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« Et pour toi ? un Xanax ?? » plaisantais-je alors que je recevais encore un de ses fameux regard tueur ! « Nan un bon verre de vin…le meilleur de la maison » déclarais-je sans lui laisser le choix. Je laissais la petite famille un instant, le temps de demander à mon serveur d’apporter les boissons et quelques petits gâteaux apéritifs, pendant que moi je m’affairais, en salle, sur le comptoir, à étirer une pâte à pizza que j’agrémenterais par la suite. C’est toujours ainsi que les choses fonctionnais pour les pizzas : seuls les plats de pâtes et ou autre recette du genre, se faisait en cuisine. Les pizzas se donnaient en spectacle devant le client et passait au four juste derrière moi. C’est sans doute pour cette raison que les enfants les commandaient toujours…l’idée de voir toute la préparation de A à Z les amusent et les fascine. Et puis, ça me permet aussi de parler avec ma clientèle, d’être toujours disponible. Comme maintenant…pour ma meilleure amie. « Vous avez fait les emplettes pour Noël ? » demandais-je, un peu étonnée à cette idée, étant donné la présence des enfants encore un peu jeunes pour ne plus croire que le père Noël existe. « On a acheté les bijoux pour le sapin ! On en aura un cette année à la maison de Maman ! » m’expliqua Caleb me faisant rire à l’utilisation du mot bijoux pour parler des décorations de l'arbre « Et on a pris des guirlandes aussi, et des lumières pour mettre dans le jardin et dans toute la maison » « Woaw, ça va être joli alors ?! » imaginais-je sans nul doute. « Et papa, il va être là !!! » « Comment ça ?! » Je vis la tête un peu cachotière de Summer se baisser pour ensuite observer Caleb et Ashlynn, quand cette dernière me répondit « Papa il va venir fêter Noël avec nous…chez Maman ! » « Voyez-vous ça ??!! » Mais dis-donc c’est qu’elle ne me dit pas tout ma chère meilleure amie ! Après 3 ans de Noël séparés, Mr et Madame Maconahey assume enfin l’idée de passer un réveillon en famille « Ça va être trop Top génial » déclarait Caleb exciter comme une puce. Et c’est justement à cet instant précis que Summer osa s’expliquer.

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Cette décision de fêter Noël en famille cette année plus qu’une fois chez l’un et une fois chez l’autre, était arrivée pour deux raisons. La première : les enfants nous le réclament tous les ans à la même période, et vu que cette année est la première ou officiellement Paris et moi avons enterré la hache de guerre pour renouer amicalement parlant, bah forcément pour les enfants, c’est l’occasion ou jamais de renouveler la demande d’un Noël « comme avant ». La deuxième raison : il est difficile en ce moment pour Paris et moi d’être séparés, et aux vues de notre relation jusqu’ici cachée (aux enfants, surtout, et à quelques proches ensuite), l’opportunité de passé le réveillon ensemble cette année, c’est l’occasion pour ne pas chercher d’excuse à l’idée qu’exceptionnellement Papa dormira chez Maman soi-disant pour être présent pour les cadeaux le lendemain !

Sauf que si on peut berner les enfants, on ne peut pas forcément berner Joan ! Cette dernière est l’une des premières à avoir su pour moi et Paris, dans le sens ou c’est elle qui a poussé mon grand rouquin à débarquer chez moi pour me parler de ces sentiments. Donc autant joué cartes sur tables avec elle. « Cal', Ash’, ça ne vous dit pas d’attendre que la pizza soit prête, en allant jouer à la salle de jeux là-bas ? » je pointais du doigt la pièce que Joan avait aménager un peu plus loin dans le restaurant pour que les enfants – n’oublions pas que c’est un restaurant ITALIEN FAMILIALE – s’amusent sans énerver leurs parents ou s’ennuyer à table. « OOOUUUAAAIIISS » hurlaient-ils à l’unisson, quand Caleb descendit à toute vitesse de sa chaise pour entraîne Ashlynn avec lui « C’est moi qui prends la machine bleu » déclara-elle à son frère, en buvant une gorgée de son coca. Ils partirent, me laissant seule avec ma meilleure amie. Je soufflais et optait pour une phrase presque obligatoire et prévisible « Ils sont épuisants…à cette période de l’année, c’est toujours comme ça, mais là j’avoue qu’ils font fort ». Joan ne répondit, à la place, elle me regardait avec un large sourire, en penchant la tête l’air de dire « ça t’étonne ? ». Je tâchais cependant de faire l’innocence et l’interrogeais : « Quoi ?? qu’est-ce que j’ai dit qui t’amuse comme ça ? »

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« Ce qui m’amuse ?? » demandais-je à ma meilleure amie avant de lui rire au nez. « Oh, bah c’est sans doute ta façon si peu subtile de faire comme si ce que tes enfants venaient de dire n’étaient pas si important que ça ?! » Je secouais la tête avant de profiter qu’on soit toutes les deux, entre amies, et qu’il n’y avait pas trop client à cette heure, pour prendre une petite pause, et faire la place à quelques confidences. M’installant plus confortablement sur ma chaise, un bras accoudé au dossier qui me tenait assis, je me tournais vers Summer, en lui demandant : « Nan mais plus sérieusement ? Comment se fait-il que je ne les ai pas encore entendu me hurler dessus en me disant que « Papa et Maman se sont remis ensemble » ? » A cette question, Summer me tapa le bras en me sommant de baisser d’un ton, tout en s’assurant d’un bref regard que ses enfants à l’autre bout de la salle ne m’avaient pas entendu « Quoi ?! Vous ne leur avez rien dit ? » m’étonnais-je. « Mais pourquoi ? » À la vue de la grimace fait par mon amie, et l’hésitation qu’elle avait à me répondre, je la connaissais suffisamment par cœur pour savoir ce que cachais ce genre de comportement. Je soupirais donc tout en continuant de lui dire : « Tel que je te connais, t’es en train de flipper d’une éventuelle marche arrière, c’est ça ? T’as peur de quoi : que Paris ne change d’avis ? » La réponse de Summer, ne se fit pas attendre et je secouais à nouveau la tête, exaspérée. Bon en même temps, je ne pouvais pas trop la blâmer, et j’étais mal placée pour lui faire un quelconque moral sur sa relation amoureuse avec son ex-mari, mais bon sang ! Paris et Summer !!! C’était tellement évident dans la tête de tout le monde que je me demandais bien pourquoi il fallait continuer de garder tout ceci secret ? Quel était le but de toute cette mascarade. Pour tout dire, j’étais même presque dégoûtée d’un tel comportement : Ils s’aiment. Tous les deux. RÉCIPROQUEMENT…eux au moins on la possibilité de s’aimer au grand jour, sans crainte, là ou d’autres ont caché pendant tant d’années une pseudo relation, qui au final n’a pas existé que dans les yeux et l’esprit d’une seule personne. Moi… « Soyez sympa, tous les deux : appréciez ce que vous avez plutôt que de vous compliquer la vie. Tu l’aimes, il t’aime, vous avez deux enfants adorables, deux chiens excellents…donc officialiser tout ça bordel, qu’on puisse enfin passer à autre chose !! »

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Joan semblait étonner d’apprendre que je n’avais rien dit à mes enfants à propos de la réconciliation amoureuse entre leur père et moi. Enfin pas si étonnée que ça vu que – à l’allure ou je tentais de lui répondre – elle profita de mon hésitation pour trouver la réponse par elle-même. Et la moindre des choses, c’est qu’elle savait lire en moi comme un livre ouvert ; c’en était presque agaçant « Tu crois que c’est simple, toi ?! Ça fait trois ans qu’on leur a imposé une vie décousue, qu’on les ballotte d’un appartement à un autre, avec en prime des parents qui jusqu’ici ne se parlaient plus ! Alors, okay, on s’est réconciliés et cela a fait plaisir aux enfants…seulement là, il s’agit de quelque chose de plus important : on va a nouveau changer leur quotidien, leur vie…certes, je sais que quoiqu’il arrive, Caleb et ash’ seront heureux de savoir que leur père et moi on s’est remis ensembles mais… » je haussais les épaules tout en baissant la tête « t’as pas tort, j’ai peur d’un revirement, et tant que cette peur me tiendra, je ne suis pas prête à chambouler la vie de mes enfants à nouveau » Je me portais déjà suffisamment responsable de ce chamboulement à l’époque, je ne voulais pas tout faire foirer à nouveau.

Joan soupira et à ce comportement, je savais qu’une partie d’elle me comprenait, et ce même si elle me montrait son désaccord. Ce n’est d’habitude pas son genre de faire la morale, mais un soupir, restait chez elle une manière de manifester une sorte abdication. Cependant, elle ne manqua pas de me rappeler faire savoir qu’elle trouvait tout ceci ridicule, et pointa le fait qu’à partir du moment où Paris et moi on s’aimait et on s’était retrouvés, le reste ne devait pas exister. Je savais que cette remontrance inhabituelle de sa part, était une façon détournée pour elle se manifester une toute autre manifestation. Et de la manière qu’elle à mon égard, je savais moi aussi lire à travers elle et comprendre ma meilleure amie. J’ai quinze années de pratique, donc je sais reconnaître quand quelque chose ne va pas. Et je n’ai pas à chercher longtemps pour savoir de quoi il retourne.

A mon tour donc, de centrer la conversation sur SA vie privée, et de venir y jouer de morale…ou pas ! Avec un fin sourire moqueur, je tâchais de dédramatiser le ton un peu trop blasé de mon amie, et déclarais : « Tu sais Joan, si je ne te connaissais pas bien, je dirais que tu transforme en trentenaire aigrie qui jalouse les vies de couples de ses proches ! » je riais doucement, alors qu’elle relevait la tête pour me lancer un regard qui en disait long sur le gros mot qu’elle mourait d’envie de me dire. Ce qu’elle ne tarda pas à me dire finalement. « Toujours pas de nouvelle de Léonidas ? »

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Est-ce que je comprenais les peurs de ma meilleure amie ? oui, bien sûr ! Mais là ou je trouvais cette situation ridicule, c’était surtout parce que cette peur était infondée à mes yeux. Pour avoir discuté avec Paris avant que celui-ci ne joue cartes sur tables et lui demande des explications quant à la distance soudaine qu’avait mis Summer avec lui les semaines précédentes ; j’avais pu constater à quel point le jeune homme était encore et toujours éperdument amoureux de son ex-femme. C’était même à se demander s’il avait pu, ne serait-ce qu’un jour, réussir à vraiment la détester… L'un comme l’autre, ils avaient souffert de leur séparation, et n’avaient pas réussi à tourner la page. Si bien que ce divorce n’avait été là que pour atténuer ou justifier une colère, mais certainement pas pour rendre justice à l’un ou à l’autre. Et puis merde quoi : tout le monde a toujours trouvé bizarre que malgré les disputes et la procédure du divorce en cours, Summer insiste pour que son frère Tomas soit l’avocat de Paris, pour que ce dernier puisse bénéficier d’une bonne défense et d’un partage équilibré. Sérieusement ? Quel genre de femme - à qui on vient de balancer des papiers de divorce sous le nez - souhaiterait que les intérêts de son mari soit bien défendu ?? Et mieux encore : quel genre de mari – qui s’est dit trahi par sa femme à cause des mensonges et de sa non-relation extra-conjugale avec un psychopathe – accepte que sa femme ait la garde de leurs enfants, ait sa part égale à la sienne pour la vente de leur maison, et bénéficie des meilleurs délais possibles pour déménager avant la vente définitive ??!! En tout cas, aucun mari ou aucune femme qui a réellement envie de divorcer ! Et c’est justement là où Summer devrait réfléchir selon. Elle n’a pas à avoir peur que Paris fasse machine arrière, alors que c’est lui qui a pris les devant pour aller la retrouver ; que c’est lui qui s’est finalement pointer devant chez elle pour demander une seconde chance. Bon bien sûr, c’est aussi lui à l’époque qui avait demandé le divorce, mais…bon ! On ne va pas refaire le scénario, hein ?!

Donc ouais, tout ça, ça me blase, et c’est aussi et surtout parce que, je trouve ça con de voir deux personne s’aimer, et se trouver des complications, là où il n’y en a plus…Est-ce que ça fait de moi quelqu’un de jaloux ?! « Va te faire foutre, tu veux bien ?! » déclarais-je alors que Summer se marrait ! Le pire, c’est qu’elle serait bien capable de me répondre « mais avec plaisir », alors je ne perdais pas de temps à ajouter : « Je ne suis pas une trentenaire jalouse, mais une trentenaire blasée. Nuance ! » Un petit silence passa pendant lequel je réfléchissais à la vraie raison de mon ton et mon comportement désapprobateur de tout à l’heure. La vérité était toute simple : je n’étais jalouse de l’amour que Paris et Summer se portait, ou de la vie qu’ils menaient non. J’étais envieuse…envieuse de voir qu’ils avaient pu se trouver, et qu’ils avaient la chance d’avoir la vie qu’ils avaient rêvés tous les deux. Envieuse et jalouse, pour moi ce sont deux concepts bien différents. J’aurais aimé pour tomber amoureuse d’une personne qui m’aime en retour…non à la place, il a fallu que je me complique la vie !!

Et comme si Summer avait réussi à lire dans mes pensées, elle engagea LA question. Léonidas…Je jetais un regard en coin à mon amie, puis finalement, baissant les armes, je pris un ton plus défaitiste : « Pourquoi veux-tu que j’aie de ses nouvelles. Les choses ont été claires, la dernière fois. » J’avais expliqué à Summer la manière dont on s’était pris la tête lui et moi, après avoir tenté de lui avouer mes sentiments. Puis je lui ai également parlé de la fois où il s’était pointé au restaurant avec sa fiancée… « Nan là, au pire, j’ai plus qu’à attendre le coup de massue : Le faire part et l’invitation au mariage… » je laissais échapper un petit rire nerveux, puis me passais la main dans les cheveux avant de soupirer : « Putain, mais qu’est-ce qui m’a pris de tomber amoureuse de lui, sérieux… » ma main retomba, pour venir finalement frapper l’avant-bras de Summer « Tu pouvais pas m’aider et m’empêcher de tomber dans le piège ?! »

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J’étais bien contente qu’on dévie le sujet sur Joan pour éviter de parler de ma situation avec Paris, mais j’avoue que j’avais de la peine pour ma meilleure amie. Surtout que j’étais persuadé jusqu’ici que Leonidas était juste aveugle et borné, mais qu’en aucun cas il n’éprouvait rien pour Joan. Je m’étais toujours dit qu’il fallait juste que l’un ou l’autre prenne son courage à deux mains pour avouer que leur petit deal qui durait depuis plus de 5 années avait assez duré et qu’il était de passer aux choses sérieuses, pour que tout prenne place entre eux et qu’on puisse enfin officialiser qu’ils étaient un couple comme un autre.

Mais voilà, Léo avait mal interprété les faits, et son aversion pour l’amour et les sentiments les avaient tous les deux conduites à une souffrance inutile. Pour couronner le tout, le Grec se fiançait…Je secouais la tête en réentendant les faits de la bouche de Joan « Je ne pense qu’il irait jusque-là, t’inquiète… » Mais c’est vrai que la brune m’avait un jour expliqué que la future Vasilis avait quand même été jusqu’à lui demander d’être la traiteur du mariage « Et je t’interdis d’ailleurs soit dit en passant de ne pas revenir sur ton refus d’assurer le service traiteur à leur mariage !! » C’est à ce moment-là que Joan décida de me frapper l’avant-bras pour m’engueuler « Heeeyyyy !! » avais-je protester tout en frottant mon bras, avant de lui répondre « T’empêcher ? TOI ? laisse-moi rire ! » c’était d’ailleurs à moi de rire maintenant, alors que ma meilleure amie grognait dans son coin. « Et tu voulais que je le fasse à quel moment d’ailleurs ? A l’époque du lycée ? A l’université ? ou encore quand tu as débarqué à La Nouvelle Orléans ? » Trois phases… trois phases importantes de la vie de Joan ou cette dernière avait su me prouver que concernant Léo il n’avait été question que d’un simple Crush. Je l’avais compris depuis un moment, et lui avait même fait savoir. « Nan parce que si je me souviens bien, je t’ai fais comprendre bien vite qu’il fallait que tu te protège avec ce cher Vasilis ! Dès le lycée, je te l’ai dit ma belle. T’as fait genre celle qui ne comprenait pas de quoi je parlais quand je t’ai dit que j’avais remarqué que tu aimais BEAUCOUP Léo, mais tu sais dans le fond que tu ne pouvais pas me prendre pour une conne : J’ai exercé Léonidas avant toi ma chérie, et je sais quel genre de dégâts il fait dans le cœur d’une fille amoureuse. Je t’AI DIT de te préserver…tu n’as pas écouter. » Joan marmonnait deux trois choses en même temps que je lui parlais, mais je n’y prêtais pas attention, sachant que ce qu’elle baragouinait était plus là pour se convaincre elle-même plutôt que moi. C’est pourquoi je reprenais « Tu n’as pas écouter non plus quand, à l’Université, tu t’es lancé dans le besoin de le réconforter après la mort de Parker ! Je t’ai dit que c’était risqué au vue de tes sentiments de te rapprocher aussi fortement de Léo. Mais non, tu as préféré me faire le sermon en me disant qu’en tant qu’amies on devait être là pour lui – ce que je n’ai jamais reniée soit dit en passant – et tu t’as lancé à corps perdu dans la cause désespérée Léonidas Vasilis, l’homme qui préfère de loin dire qu’il n’a pas de cœur, plutôt que d’admettre qu’il en a un et que parfois ça fait mal ! » Joan ne marmonnait plus, elle ne cherchait même plus à se défendre face à mes propos, parce qu’elle se rendait compte que finalement, JE L’AVAIS PRÉVENUE. « Je ne reviens même pas sur votre deal entre Boston et ici, et cet attitude de sex-friends que vous avez eu depuis plus de 5 ans, parce que là encore Joan, tu sais au fond de toi que je t’ai prévenue… » J’ai eu le droit à un « Tu m’énerves » qui me fait sourire tout d’un coup, que je répondit à mon tour par : « Moi aussi je t’adore… » puis finalement je posais une main sur la sienne qui reposait sur le bord de la table, et d’une voix plus chaleureuse et moins emprunt à un sermon maternelle, je la rassurais sur ce que je pensais de tout cela. « Mais sincèrement Joan, même si je t’ai prévenue…qui suis-je pour t’empêcher d’aimer ?! » Elle releva la tête et devait remarquer sans l’ombre d’un doute la sincérité de mes mots : « Tu as le droit…tu l’aimes, et je sais pourquoi…il n’y a pas mieux placé que moi pour savoir. Je vous connait par cœur tous les deux. Je connais ton histoire, je connais la sienne…et malgré tout ce qui vous oppose, tes sentiments me sembles logiques et justifiés…J’aurais cependant aimé que Leonidas soit moins borné et admettre qu’il en a lui aussi » Là Joan regrognait, mais je ne lui laissais pas le temps de protester, la coupant nette en serrant sa main dans la mienne « IL EN A ! n’en doute pas…il est juste…foutrement idiot pour oser le reconnaître ! » Elle se mit à rire, et moi aussi. « J’aurais pu dire con aussi, mais tu vois j’essaye de réduire mon quota de gros mots, parce que j’ai l’impression d’en employer un peu trop ces derniers temps ! Tu me connais….»