De retour à la maison

   Paris & Aaron

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Mon retour à la Nouvelle Orléans après un remplacement dans une clinique vétérinaire de Métairie avait été salvateur. Non pas que je me suis sentie dépaysé : après tout, on reste en Louisiane, et puis niveau déplacement, les multiples déménagements effectués par les Maconahey au travers des années m’ont plus que rodé. C’est juste qu’être loin de ma famille me pèse bien souvent…de quoi me faire réfléchir sur ma position. Moi qui ai passé mon temps à vouloir faire croire que je n’étais pas dépendant de ma famille, que je savais me débrouiller seul et que mes déplacements professionnels me convenaient ; aujourd’hui je me dis qu’il serait peut-être temps que je me pose définitivement. J’ai un appart, une vie ici, mais j’ai cherché ces derniers temps à la fuir, pour les mauvaises raisons…faire sortir certaines personnes de ma vie et de ma tête ne m’ont même pas aidé en fait.

Cela fait deux semaines que je suis de retour après deux mois d’absence, et même si j’ai déjà pris le temps de voir chacun des membres de ma familles, j’avoue ne pas en avoir suffisamment profité ou tout du moins, je n’ai eu la chance de me poser réellement pour discuter. En deux mois, chez les Maconahey, il s’en passe des choses !! Beaucoup ! Et je compte bien sur mon frère pour me tenir au courant des dernières news. C’est pourquoi je débarque en ce début de matinée au bar, un jour de la semaine où je sais qu’il y travaille. Son emploi du temps à dû être bouleversé ; entre son poste en tant que pompier, et l’absence de Malone qui l’oblige à embaucher du personnel à la va-vite, je me doute que Paris a d’autre chose à faire que de me recevoir. Mais je ne viens pas uniquement dans le but de lui faire perdre son temps : j’ai une proposition à lui faire…

Je pénètre dans le Finn MCool et le voit déjà à son poste derrière le comptoir avec une serveuse, et quelques poignées de client habituel. A cette heure, il n’y a pas encore foule, et c’est bien ma veine. J’avance donc jusqu’au bar et salut cet homme que j’admire tant. « Heeyy Frangin ! Je trainais dans le quartier, quand une soif inconsciente m’a finalement amené jusqu’ici ! » Je saluais de la tête un client au comptoir, par politesse, et m’installais sur l’un des tabourets après avoir salué mon frère comme il se doit. « Je pourrais avoir un Coca Vanille s’il te plait ? » demandais-je sans que mon frère ne s’étonne plus que cela de ma commande : Je n’ai jamais osé boire une goutte d’alcool. Enfin si, une fois : lors du mariage de Paris et Summer. Je n’ai même pas fini mon verre ce jour-là, parce que j’avais trouvé bizarre le fait d’avoir soudain hyper chaud ! Je n’ai plus touché à un verre depuis… La faute sans doute à l’imagine que les adultes m’ont offert lorsque je n’étais encore qu’un gamin. Je sais qu’avec modération, il n’y a rien de mal à cela…Disons juste que je n’ai jamais trouvé la bonne opportunité depuis pour boire avec plaisir, entre amis, sans que je me sente mal à l’aise à l’idée de dire que je n’ai jamais bu une goutte d’alcool. « Comment tu vas ? » j’interrogeais ainsi mon frère : je le trouvais bien plus épanoui qu’il y a 5-6 mois, et ce malgré le stress lié à un surcroit de travail. Il avait ce sourire…ce sourire que je lui connaissais tant pour l’avoir observé pendant des années. « Le boulot ? les enfants ? Summer ? j’ai appris que tu avais élue domicile chez elle pour un dégât des eaux chez toi ? »

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Paris était sur tous les fronts depuis quelques semaines. La désertion de Malone avait provoqué un certain bouleversement dans son quotidien. Le pompier ne savait pas trop quoi en penser. Dans un sens, il ne pouvait pas blâmer son frère d’avoir pris le large. C’était dans ses gênes. Combien de fois Grace avait-elle d’un coup d’un seul, décidé de fuir pour une autre ville, pour une autre vie ? Un certain nombre de fois et Malone avait hérité de son côté instable. De l’autre côté, il aurait aimé que ce bar soit une raison suffisante pour lui, de se poser, de prendre ses responsabilités. Paris avait fait un coup de bluff en lui proposant d’être co-propriétaire et s’il ne le regrettait pas, il devait reconnaitre qu’il se trouvait avec une charge de boulot supplémentaire. Bon sang, son job c’était de sauver des vies et non de jouer les barmans. Il adorait son pub, il ne pouvait le nier. C’était son troisième bébé, son héritage et sa retraite. Il aurait simplement aimé que Malone respecte cela au lieu de s’en aller en plantant la famille. Une famille qui avait un peu de mal en ce moment. Enfin, il devait apprendre à s’en détacher, à arrêter de vouloir tout régenter comme un père de famille. Il avait des enfants qui comptaient sur lui et il ne pouvait pas continuer de les délaisser pour s’occuper de ses frères et sœurs mais ça, c’était plus facile à dire qu’à faire. Son clan, c’était son sang.

Il en était là de ses pensées quand son second petit frère se matérialisa sous ses yeux. Aussitôt, un sourire étira les lèvres du pompier. Il était toujours heureux de voir Aaron et mine de rien, ce petit lui avait manqué durant tout ce temps. « Une soif inconsciente ? Si je savais pas que tu ne buvais pas une goutte d’alcool, je te dirais que m’man déteint sur toi » se moque-t-il gentiment avant de lui servir son coca vanille. « Sérieux, comment tu peux boire un truc aussi infect que cela ? Je commande cette horreur uniquement pour toi » reprit-il avec une grimace. Pour le coup, il aurait préféré qu’Aaron lui demande une bière. D’ailleurs, il se retenait d’en prendre une mais il était trop tôt encore. A la place, il se servit donc un simple coca. Aaron lui demanda comment il allait et il jeta un coup d’œil au bar. « Débordé ? Non ça va bien et toi ? Tu as réussi à retrouver un boulot en ville ? » s’inquiétait-il aussitôt en se traitant de tous les noms. Bon sang, il ne pouvait vraiment pas s’en empêcher. Ses pensées oublièrent un peu vite ce trait de personnalité pour aussitôt dessiner le portrait de la femme pour qui battait son cœur depuis des années. Le sourire spécial « pammer » étira ses lèvres. « Ouais, le voisin du dessus qui a oublié de fermer l’eau et ça a pourri tout le plafond et crée des fuites dans le salon. Le temps des travaux, babe me prête son canapé » dit-il. « D’ailleurs, en parlant d’elle, tu sais que tu n’échapperas pas au diner de famille ? Elle t’a pas vu depuis trop longtemps » reprit-il. Paris n’ignorait pas que Summer s’était coupée de la famille après leur séparation et qu’elle avait eu du mal à renouer le contact même si dernièrement, elle fréquentait pas mal Danika et Kaleigh. « En plus, tu as un neveu qui rêve de pouvoir retourner voir les étoiles avec tonton et papa »

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Je rirais bien volontiers aux remarques de mon frère qui, comme toujours, s’amusait à se moquer de mes habitudes en matière de boisson et alcool. « C’est juste que je n’ai jamais osé boire autre chose sans avoir peur de détester la nouveauté » tentais-je d’expliquer à mon ainé avant de lui demander « C’est vrai ? il n’y a que moi qui en boit ?!!! » de quoi se poser effectivement de sérieuse question quant au réel goût de cette boisson. Paris déposa mon verre en face de moi et je n’attendais pas plus longtemps pour enrouler mes doigts autour du verre frais, sentant des gouttes d’eau perler sous ma paume. Je prenais ensuite des nouvelles du bar, et souriait avec amusement à la manière si rapide qu’avait mon frère de s’inquiéter de mon avenir professionnel en ville « Oui Papa ! » me moquais-je avant de poursuivre : « A vrai dire je n’ai pas eu à attendre longtemps avant que le cabinet vétérinaire ou j’avais fait une mission de quelques mois avant mon départ, ne me fasse une proposition de remplacement » Je savais bien que Paris, tout comme Danika ou encore ma mère, apprécierait bien plus le fait que je trouve une place bien plus stable que quelques déplacements par-ci, par là… si bien que je préférais rassurer mon frère de suite : « C’est juste le temps de trouver quelque chose de plus fixe, t’en fais pas. » Je ne sais pas encore ce que l’avenir me réserve, mais j’ai appris grâce à ces quelques mois en dehors de la Nouvelle Orléans – en plus de mes précédents déplacements dans les régions voisines - que je ne suis pas fait pour me séparer de ce qui m’est cher bien longtemps. Tant que je partais une semaine, deux semaines max, je ne voyais pas trop le problème, mais les choses ont changé dans mon esprit aujourd’hui. « Je sais qu’il est temps que je me pose définitivement quelques parts, et, j’y travaille. Et puis Danika ne me le pardonnerait pas si j’osais me casser à nouveau pendant si longtemps !» concluais-je en riant.

Je prenais ensuite des nouvelles de Summer et des enfants et le sourire de Paris s’agrandissait instinctivement. J’imitais inconsciemment mon frère, souriant à l’écouter me parler de l’amour de sa vie, et me rappeler à quel point la mère de ses enfants n’avait pas d’instinct maternelle que pour eux, mais pour toute la famille Maconahey en général. Pas étonnant donc que la demoiselle tienne à m’inviter à dîner, ne serait que pour me revoir ! « Je serais ravie de venir dîner ! Elle m’a manqué bien plus qu’elle ne l’imagine » déclarais-je à mon frère sans tenir rigueur à ce dernier de ce que leur séparation avait coûté au Maconahey « Surtout si en plus, elle fait ses lasagnes !! Je crève d’envie de pouvoir y regoûter !!! » ses talents culinaires étant plus qu’apprécier par une famille de gourmand comme nous ! « Je commence le travail dans moins d’une semaine, donc je serais disponible, sans soucis ! » Quant aux enfants ? ces deux-là m’étaient précieux. Ashlynn s’avérait être une sacrée gamine, de la trempe de son père, et Caleb ? de ses 4 ans passé, il restait encore un peu innocent et parfois timide, de quoi me rappeler lui à son âge. « Ça m’a manqué aussi. En réalité, vous m’avez tous manqué pendant ces deux mois… » avouais-je en perdant mon regard dans mon verre, avant d’en boire une gorgée. L’espace d’un instant, je laissais mon esprit avoir une petite pensée pour celle que j’avais tenté d’effacer de ma mémoire pendant un temps, mais cette pensée s’accompagnait d’une autre ; une que je laissais sortir de ma tête pour le porté à mes lèvres en questionnant Paris : « Tu as eu des nouvelles de Malone ? » chacun connaissait l’esprit libre de notre frère, et en temps normal ces absences ne m’étonnait pas. Mais tout de même, pour le coup, là, il laissait quelqu’un de côté. Et pas n’importe qui…en tout cas à mes yeux.

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« C’est bien ce que je dis, toute une éducation à refaire ! » grommela un Paris tout de même satisfait du choix d’Aaron de ne pas boire une goutte d’alcool. Dans un sens, cela ferait au moins un Maconahey a l’abri de l’alcoolisme. Pour sa part, après son divorce, le pompier était passé à deux doigts de réellement sombrer dans l’alcool mais Grace avait veillé sur lui. Cette épreuve les avait rapprochés et sûrement étaient-ils parvenu à faire complétement la paix avec leur passé. Il avait pu compter sur le soutien de sa mère et Grace avait enfin trouvé une manière de compenser sa culpabilité après des années d’errance loin de ses enfants. L’américain était juste amer qu’il ait fallu qu’il perde l’amour de sa vie et qu’il sombre à nouveau pour trouver le courage d’abaisser ses barrières qui le protégeaient d’une énième déception avec sa mère. Aujourd’hui mère et fils avaient trouvé un équilibre et il savait qu’il lui devait également ses retrouvailles avec Summer. « Hein ? Ouais tu es le seul ! Généralement, les gens boivent le coca sans sucre ou le coca normal mais pas le vanille. Avant toi, je savais même pas que cette horreur existait » rétorquait-il en revenant dans la réalité. Malheureusement pour Aaron, retour à la réalité rimait généralement avec inquiétude de son grand-frère. Paris essayait de se soigner mais c’était plus fort que lui. « C’est ça fous toi de ma gueule ! » grognait-il en faisant semblant de lui donner un coup de torchon. « Essaie d’être indispensable et sûrement, ils te garderont. Cela fait deux fois que tu bosseras pour eux, ils pourraient quand même t’embaucher définitivement » souligna Paris. Lui, n’avait jamais eu à chercher du boulot. Il avait toujours saisi toutes les opportunités qu’il avait croisé sur sa route jusqu’à devenir stripteaseur. Sa vocation avait toujours été d’être pompier et jusqu’à aujourd’hui, il ne regrettait aucune étape de son parcours professionnel. « C’est clair et net ! Et puis, ça ferait plaisir à m’man d’avoir une nouvelle victime sous la main » dit-il en rigolant. « Depuis que Danika s’est casée avec Tomas, que j’ai retrouvé Summer, elle est déterminée à tous vous trouver chaussure à votre pied » le prévint-il du prochain désastre de sa vie.

En parlant de Summer, cela faisait un moment qu’elle le tannait pour recevoir à diner Aaron. « M’en parle pas, c’est le premier truc que j’ai demandé quand je suis venu habiter chez elle ! ça et son gâteau fondant au chocolat. Putain, il m’avait manqué celui-là » s’exclama-t-il en gros gourmand qu’il était. C’était tout de même étrange pour Paris de dire qu’il habitait chez Summer et non d’être tout simplement chez eux. « Elle t’enverra sûrement un sms pour avoir tes dispos » le rassurait-il avec un sourire. Paris était vraiment heureux de retrouver son petit-frère. Aaron et lui avaient toujours partagé une certaine complicité. Il faut dire qu’il était encore jeune quand il avait du s’occuper de lui après le départ de Grace. « L’important c’est que tu sois à nouveau ici » reprit-il en tapotant rapidement son avant-bras. « Pas vraiment. Il a simplement appelé pour dire qu’il allait bien mais sans donner trop de détails. Après ce qui lui est arrivé, je pense qu’il avait besoin de quitter la ville. Puis y a eu cette Katherine. Il n’était pas prêt à se caser donc je pense qu’il a pris le premier prétexte pour se tirer. Elle avait l’air sympa ! Summer ne tarit pas d’éloges à son sujet. Babe, voulait en faire une Maconahey ! Si ça se trouve, elle va essayer de te caser avec elle » rigola le pompier sans se douter qu’il mettait les pieds dans le plat.

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Je buvais une gorgée de mon verre, réfléchissant à l’éventualité de changer de boisson, et je ne sais pas si ce sont les paroles de mon frère qui m’ont influencé ou le simple fait que la vérité me frappe de plein fouet ; toujours est-il qu’après avoir avaler ma première gorgée, j’avoue enfin : « Le pire, c’est que je ne suis pas vraiment sûr d’aimer ça… » Paris avait raison, il y avait toute une éducation à refaire, mais pas uniquement au sujet de l’alcool. « La prochaine fois, promis, je te laisse choisir ma boisson ! mon nouvel objectif : trouver ce que j’aime ! »

Revenir à la Nouvelle Orléans après ces deux mois d’absence est une bénédiction pour moi. Si en plus, il s’accompagne d’un boulot déjà trouvé, c’est tout bénef’ ! Mais bien que j’avais ces dernières années habitué ma famille à mes déplacements pour remplacement ci et là, la dernière fois, rien ne m’avait réellement obligé à partir. La chef de service de la clinique vétérinaire de Mid-City m’avait à l’époque proposé un prolongement de mon contrat, mais je lui avais annoncé ne pas pouvoir rester à cause de l’offre du côté de Métairie… dans les véritables faits : j’avais anticipé plus qu’autre chose mon recrutement dans la ville voisine, et avait été accepté pour ce remplacement une semaine APRES avoir quitté mon boulot au MSA Hospital. Personne n’avait su, si ce n’est Kaleigh, qui avait entendu ma conversation téléphonique avec le recruteur pour me dire que j’avais le job, alors que j’avais pourtant annoncé à tout le monde mon départ pour remplacement…Donc forcément, aujourd’hui, Paris se disait avec logique que le MSA Hospital me rappelait, c’était parce qu’ils avaient été satisfaits de mon premier remplacement… « Tu sais que c’est un remplacement Paris ?! Ça sous-entend donc que je prends la place que quelqu’un temporairement. Je ne suis pas là pour lui voler sa place ! » déclarais-je avec un petit sourire, tout de même touché par la volonté de mon frère de vouloir mon intérêt professionnel avant celui des autres. Et je savais aussi qu’il n’était pas seul : Danika m’avait déjà pas mal tiré les oreilles parce que j’avais osé m’éloigner pendant 2 mois, et n’avait pas donné beaucoup de nouvelles ! D’ailleurs en parlant de ma jumelle, je ne pouvais pas m’empêcher de rire nerveusement aux propos de Paris concernant la volonté de ma sœur à vouloir caser le prochain Maconahey. « Elle se donnerait de la peine pour rien. Je suis un cas désespéré » pensais-je tout haut, avant de boire une nouvelle gorgée de mon verre.
Paris évoqua ensuite Summer, vu qu’il était en ce moment hébergé chez elle après un dégât des eaux au dessus de chez lui. Summer et ses talents culinaires… rha bon sang ! De ce côté-là, y’a rien à dire : je me souviens encore des tous premiers plats qu’elle nous avait préparé alors qu’on était encore des ados ! On avait beau apprécié les fast-foods pour le côté pratique et copieux, la cuisine de Summer nous a bien vite fait changer d’avis ! « Oh s’te plait ! Fallait pas m’en parler, maintenant je rêve de pouvoir manger son gâteau, là, maintenant !! » déclarais-je avec vigueur. « Mais euhm…histoire de pas faire de bourde…les enfants ? ils sont au courant pour vous deux ? » Je posais cette question car la dernière fois que j’avais téléphoné à mon frère durant mon séjour en Métairie, il m’avait passé Caleb, histoire de converser un peu. Et pendant toute la conversation, mon neveu n’a jamais évoqué la relation entre son papa et sa maman. Lui qui pourtant m’avait si souvent confié qu’il aimerait bien que « maman aime papa comme avant parce qu’Ashlynn dit toujours qu’ils étaient heureux comme ça ! »….je m’étais forcément attendu à de l’enthousiasme de sa part, plutôt qu’au silence !

La seule chose dont j’avais eu vent en boucle jusqu’à mon retour, c’était le départ sans vraiment prévenir de Malone. Je crois même que c’est SON départ, qui a précipité MON retour. Etant donné que Malone et Paris tenait ensemble ce bar en co-gérance, je m’étais attendu à ce que l’aîné de mes frère en sache un peu plus sur les motivations de Malone. Mais non…rien de plus, si ce n’est l’essentiel : il va bien. J’en étais soulagé, vraiment ! j’avais eu peur qu’il lui soit arrivé malheur et que ce soit cela qui ait poussé son départ. Après tout ce qu’il avait vécu, cela aurait sans doute été logique…

Je sirotais mon verre et m’arrêtait net dans mon élan, en entendant le nom de Katherine. La pensée que cette femme puisse avoir été blessée et triste, me retournait le cœur…Et ce même si cela voulait dire qu’elle était libre à nouveau ! Je ne suis pas opportuniste et prétentieux au point de croire que sa rupture avec mon frère est une aubaine pour moi !! Non, j’ai du respect pour la jeune femme, et s’il y a bien une chose que je ne souhaite pas, c’est de la savoir malheureuse. Perdu dans cette pensée, mon verre n’ayant pas quitté mes lèvres, je me repris à boire mon coca lorsque Paris déclara en plaisantant que Summer s’attarderait sans doute à me caser avec Katherine. Pour le coup, je manquais de m’étouffer, par le stress que provoquais en moi cette remarque. Pour éviter de mourir sur place, je recrachais la gorgée de mon verre, postillonnant au passage avant de m’excuser honteusement « Pardon, désolé…c’est… » je me mettais à tousser et tentait de donner le change « avaler de travers… » essayais-je d’articuler tout en reposant précautionneusement mon verre presque terminé sur le comptoir. Je m’emparais d’une serviette en papier que Paris m’avait tendu et après avoir repris ma respiration, je lui répondais « Katherine est…oui, elle est très sympa, et… vraiment très belle. C’est un fait. Mais… » mais quoi ? elle n’est pas faite pour toi ? elle est trop belle pour toi ? Tu n’as rien à voir avec Malone et de ce fait tu n’es pas si intéressant que ça ? « Mais, je ne crois pas que Katherine aurait envie de remettre le couvert avec un Maconahey, tu vois ? et puis…et puis elle doit être malheureuse en ce moment… »

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Paris ne pouvait qu’être étonné du retournement de son frère. Aaron l’avait toujours habitué à rester en quelque sorte dans sa bulle, sa zone de confort. L’ainé des Maconahey se rappelait chacune de ses tentatives d’amener son frère à plus d’ouverture sur le monde. Des essais jamais concluants ou presque. « Eh bien, qu’est-ce qui t’arrive petit frère ? Cette volonté de changement ne te ressemble pas. Tu es en crise d’adolescence ? » le taquinait-il gentiment. Aaron savait que quoiqu’il arriverait sur son chemin, Paris serait toujours là pour l’aider, le conseiller voire même le protéger. Depuis qu’il était gosse, l’américain avait couvé ce petit frère. Surement trop. Paris s’était souvent posé la question avant de se dire, qu’Aaron était différent. Plus sensible. Plus fragile également. Enfin, fragile, cela dépendait des moments car comme tout Maconahey, Aaron savait se défendre.

C’était comme cette histoire de boulot. Paris aimerait bien qu’Aaron s’installe définitivement pour pouvoir garder un œil sur lui mais également faire en sorte que ses enfants puissent profiter de leur oncle. Quand il était devenu père, le pompier s’était promis que ses enfants n’auraient pas la même enfance que lui. Il voulait que la famille reste soudée pour Ashlynn et Caleb. Des fois, il était plus facile de s’adresser à une grand-mère ou à un oncle. Paris voulait donc s’assurer que ses enfants auraient toujours une oreille attentive, des conseils, des proches vers lesquels se tourner en toute confiance. Des choses qui lui avaient manqué à lui. Et puis, il aimait bien trop sa famille pour supporter que chacun fasse leur vie à des milliers de kilomètres les uns des autres. « Je te parle pas de lui piquer son taf mais faire en sorte qu’on t’en donne un. Après, c’est la loi de la jungle » affirma-t-il avec un grand sourire. « Donnes tout ce que tu as et si tu es meilleur que le précèdent, c’est pas de ta faute mais de la sienne » ajoute-t-il en haussant les épaules. Paris avait appris à ses dépends que les gentils ne faisaient pas souvent long feu et qu’il faut savoir de temps en temps jouer des coudes pour s’imposer. C’était un peu le cas également en amour mais là, il n’était peut-être pas le mieux placé vu qu’il avait passé ces dernières années sur la touche. « J’en reviens pas que je vais dire ça à un mec mais t’es mon petit frère donc ça passe. Aaron, t’es beau-gosse et visiblement, tu as pris de la masse. Tu as la tête pleine et t’es adorable. Il te manque juste un petit côté faux bad guy et tu les feras toutes tomber. Au pire, je peux te filer mes vieux Marie-Claire » rétorque-t-il en sautant sur la pensée à voix haute de son petit frère. Aaron avait toujours trop tendance à se déprécier.

« Ils sont plus ou moins au courant mais avec Summer, on compte leur annoncer très bientôt. Je pense qu’on a été grillé depuis un moment et qu’ils n’osent pas vraiment en parler mais je sais pas pourquoi ni comment, on a gagné des billets pour une croisière alors on va en profiter pour ressouder la famille » lui dit-il après qu’ils aient tous les deux bavé virtuellement sur la cuisine de Summer. Il faut dire que sa femme savait cuisiner comme un chef ! La conversation reprit son cours et Aaron manqua de s’étouffer. Paris lui tendit une serviette tout en lui tapotant le dos. « ça va aller ? » se moqua-t-il gentiment avant de croiser les bras sur son torse. Il y avait quelque chose de pas clair dans la réaction de son petit frère quand une ampoule s’alluma au-dessus de sa tête. « Sérieux ? Tu en pinces pour cette nana ?? » lui demanda-t-il avec son tact légendaire.

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Forcément que mon frère allait me charrier dès l’instant où j’acceptais qu’on vienne chambouler mes habitudes « moque toi » lui disais-je, « en attendant, tu ne pourras pas dire que je ne fais pas d’effort ! » Mais dans le fond, Paris n’avait pas tort ; ces derniers temps j’avais provoqué de nombreux étonnements du côté de mes proches, à cause des divers changements que je tentais d’opérer. Mon grand frère se moquait certes gentiment mais, s’il avait raison ? s’il s’agissait d’une sorte de crise d’adolescence un peu en retard ? lui comme moi, on sait très bien le genre d’adolescence que j’ai eu : un peu trop carré pour être véritablement vécu comme n’importe quel autre garçon du même âge. Mais à l’époque, je me sentais bien loin de ma réalité, bien loin des problèmes existentiels que vivait mes amis, et je ne parle même pas de ma relation avec les filles, en disant cela. A l’époque j’avais plus cherché à me concentrer sur des choses que je maîtrisais…et mes sentiments ? mes envies amoureuses ? clairement, je ne les maîtrisais pas du tout à ce moment-là. Pas plus qu’aujourd’hui d’ailleurs ! Pour le reste ? les loisirs, le sport, les matchs avec les potes ? très restreint, voire quasi inexistant parce que la seule chose qui m’intéressait c’était de voir plus loin que tout ça : penser à l’avenir, lire, s’instruire, grandir…Ma mère, elle, pense qu’au contraire, je n’ai pas grandi comme j’aurais dû. Et finalement, c’est peut-être pour cela que je me mets au challenge aujourd’hui. Pour Grandir, vivre réellement…
Donc, tout ça pour dire que non : ce n’est pas UNIQUEMENT le fait que je sois probablement tombé amoureux d’une femme que je ne devrais pas avoir la prétention d’aimer, qui me pousse à changer de vie, de style, de passe-temps ! NON, ce n’est pas que ça ! enfin…j’espère… Je crois en tout cas sincèrement que c’est le fait de voir mon frère heureux comme à l’époque où il a rencontré Summer ; et l’avoir vu aussi malheureux quand il n’était plus avec elle, qui me fait me rappeler que la vie est semée d’embuche, qu’elle est courte, et surtout imprévisible. Soit, on vit à côté de sa vie, et on s’assure de ne pas être attaquer par la cruauté de cette Vie – comme je l’ai fait jusqu’ici – soit on se dit qu’on passe vraiment à côté de chose importante, et on se décide à prendre le train en marche. Je crois bien que c’est là, mon choix : vivre la vie qui pourrait être la mienne…Et ce avec ou sans celle qui m’a fait me réveiller. C’est assez ironique d’ailleurs de se dire que celle qui nous fait enfin vivre, c’est celle avec qui on ne vivra jamais quelque chose…

Enfin bref, pour le moment, mon envie de grandir commence par le besoin de me poser : fini les petits boulots et les remplacements de dernières minutes : je prends ce dernier remplacement de congé et ensuite, je réfléchis à une place définitive sur la Nouvelle Orléans. Pour ce qui est des amours ? Paris semble penser que je suis un homme qui a du potentiel. Ma masse musculaire récente ne lui ait pas passé inaperçu, et dans un sens, je me sens fier parce que c’est LUI qui m’a conseillé sur mon entrainement quotidien et je lui prouve que je suis à la lettre ce qu’il m’enseigne ! Mais comme il dit : le fait de prendre en muscle pour se façonner une nouvelle silhouette ne fait pas tout ! il faut pouvoir « attirer » l’attention. Etre un Bad Guy ?? non mais il n’est pas sérieux ? il m’a vu ou pas ?! « Paris soyons sérieux, je suis autant Bad-Guy que la chienne de Summer devant un Rottweiler : je peux aboyer tant que je veux, je ne serais jamais crédible » m’amusais-je à dire de moi, parce que je préfère faire preuve de dérision plutôt que de déprimer bêtement…en tout cas, pour le moment. « Ahh mais oui, c’est vrai que tu t’étais abonné à ce magasine !.... » en y réfléchissant, je me demande si ce genre de papier à du bon « Mais je croyais que Marie Claire t’apprenais à être l’homme parfait pour un femme. En quoi le fait de jouer les Mauvais Garçon nous rendrait meilleur ? » Ma question pouvait paraître bête en soit, mais pour moi, elle était importante. Malone par exemple, c’est un Bad Guy. A-t-il été parfait pour Katherine ?? Je n’ai pas l’impression…

Finalement, le sujet de Katherine est arrivé sur la table sans que je ne m’y attende vraiment. Il a fallu qu’on parle de Summer pour en arriver là. Elles se connaissent toutes les deux, sont très amies, et Summer est apparemment bien placer pour chercher le réconfort de Katherine. De quoi lui donner les idées assez spéciales. Paris évoqua le fait que sa chère et tendre pourrait même aller jusqu’à vouloir me caser avec la brune. De quoi me faire avaler de travers, littéralement. « Quoi ?! » toussais-je alors que Paris s’inquiétais en me demandant si j’allais bien « oui oui, tout va bien c’est…un glaçon, j’ai…avalé un glaçon » proposais-je bêtement tapant du poing sur mon torse pour donner l'illusion, avant que Paris me fixe un peu trop à mon goût. J’ai bien tenté de la jouer détacher en émettant un commentaire rapide sur la beauté de Katherine et sur le fait que la jolie brune ne devait clairement pas avoir envie de se farcir un Maconahey en ce moment. Mais malheureusement, mon comportement avait de l’être suffisamment louche pour Paris. Celui-ci a fini par comprendre, que ce n’était clairement pas le glaçon qui m’a fait perdre tous mes moyens. « HEIN ? moi ?! Mais, mais…non…qu’est-ce… » je m’exclamais, puis bégayais, avant de souffler en feignant d’être dérangé par l’idée. BREF, de quoi m’enfoncer un peu plus ! Paris n’était pas né de la dernière pluie, et son regard insistant, mêlé à son sourire narquois eut raison de mes dernières protestations « Bon okay, ça va, t’as gagné ! OUI. » je soupirais, désabusé, tandis que je repoussais mon verre vie, pour mieux croiser les bras sur le comptoir « Mais on va pas trop discuté sur le sujet parce que c’est peine perdu. C’est la petite-amie de Malone, et par conséquent, je n’ai pas le droit d’éprouver quoique ce soit pour cette femme. Je ne devrais même pas avoir le droit de la regarder, c’est pour dire !! »