Besoin d'une poupée vaudoo

   ALEXIA & KALEIGH

   Besoin d'une poupée vaudoo

Il y a des jours où vous n’avez pas envie de quitter votre lit douillet et d’autres où vous n’avez clairement pas le choix. Pour Kaleigh, c’était un jour sans choix. En réalité, pour être honnête, c’était sa routine quotidienne depuis qu’elle avait été injustement virée de l’université il y a quelques mois. A cela, elle avait tout perdu : son petit studio près du campus, ses rêves d’avenir et son petit boulot. Elle avait bien tenté de retrouver du travail pour payer son loyer mais elle s’était à nouveau fait virer. Est-ce que le monde était devenu libidineux ou portait-elle une pancarte avec : allez-y, fille facile ?! Pourquoi diable toute sa vie était régentée par le sexe ? L’ironie de la situation était qu’elle était toujours vierge quoiqu’il en soit, si elle n’avait pas déjà été homosexuelle, ces deux expériences avec le sexe opposé l’auraient soigné des hommes pour toute une vie. Deux hommes, deux agressions, deux « licenciement » pour avoir osé dire non. A l’ère du #metoo, elle se posait vraiment pour une incapable. Enfin, elle n’était pas du genre à s’avouer vaincu et elle comptait bien déployer tous les moyens à sa disposition pour laver son honneur bafoué et retrouver sa place. En attendant, elle cachait à ses proches (surtout aux membres de sa famille) qu’elle bossait comme stripteaseuse et qu’elle habitait un immeuble à peine salubre où les cafards la réveillaient très tôt. Remarquez, elle pouvait toujours faire une émission du style X-Factor, les insectes et autres nuisibles du genre ne l’effrayaient plus. Pire, elle se demandait même si elle n’allait pas élever les deux trois souris qui se planquaient dans les placards vides de sa cuisine miteuse.

Si le réveil n’avait pas été agréable, Kaleigh espérait que cette fin de matinée le soit un peu plus. Pour cela, elle avait envoyé un SMS à une de ses amies pour lui proposer un petit date shopping. Point de vêtements pour l’occasion mais plutôt une bonne dose de magie. La métisse fouinait d’ailleurs dans les rayons en attendant Alexia quand elle sentit une présence derrière elle. « Oh, l’objet de mes pensées les plus secrètes ! » dit-elle avec un grand sourire avant de fondre ni plus ni moins sur la demoiselle en question pour un câlin comme elle les affectionnait tant. C’était plus fort qu’elle, elle était quelqu’un de très tactile. « C’est trop cool que tu aies pu te libérer pour venir avec moi ici. J’ai besoin de ton avis mais avant toute chose : comment ça va ? Mon frère ne te fait pas bosser comme une esclave ces derniers temps ? » s’enquit-elle non sans amusement. Depuis le départ de Malone qui était ni plus ni moins que le co-propriétaire du bar, Paris bossait davantage en marge de son vrai métier de pompier.