TG ✜ Fuyons pour notre vie

Etre attachés à ces piliers comme des moins que rien...cela en dit long sur le respect que nos "maîtres" ont eu jusqu'ici à notre égard. Jamais je ne n'aurais pu imaginer qu'un jour, moi, Warren Swanson, je ne me mette à détester ce qui ma été appris depuis des décennies. être esclave...plus qu'une condition humaine, c'était aussi pour ma famille un travail. J'entend encore ma mère me rappeler qu'il faut accepter ce que Dieu nous offre : on est esclave, mais on est en vie...à l'abri. J'aurais aimé pouvoir avoir autant confiance en la vie et en nos maîtres, qu'elle. Mais il n'y a qu'à nous regarder ici, enchaîné pour comprendre que tout ceci...c'est du vent. Ma mère n'est plus de ce monde...ils l'ont laissé mourir comme une chienne. Et depuis, je ne supporte plus cette autorité qu'ils ont sur nous. La fuite, c'est la liberté.

Clic.

C'est le bruit que fait le cadenas qui relient les chaines qui nous emprisonne tous ici. après maintes et maintes tentative, j'ai enfin trouvé le Code. Il est temps ! "Liberté...la liberté nous attends mes frères...partons avant qu'on n'en soit définitivement privé"

Ma robe blanche était déchirée et la couleur plus ou moins ternie. Cela faisait des semaines que je n’avais pas vu la lumière à cause de mon erreur. J’avais brisé le vase de madame et mon maître ne m’avait pas pardonné. J’avais été longuement battue avant d’être enchainée dans ce sous-sol avec les autres esclaves. Ma petite taille ainsi que ma maigreur faisaient de moi une personne assez chétive mais pour le moment, j’arrivais à résister. Warren me fit sursauter. Il avait réussi à nous libérer des piliers malgré que la chaine continue de nous relier les uns aux autres. J’avais peur, terriblement peur que nos maitres arrivent et qu’il en soit fini de moi, Patsey.   « On devrait prendre le chemin des jardins. A cette heure-ci, nous aurons moins de chance de tomber sur les gardes des maîtres » bafouillais-je d’une voix timide en n’osant regarder quelqu’un dans les yeux. Je me sentais pas vraiment apte à décider quoique ce soit mais j’avais quelques informations à force de trainer dans la maison des maîtres pour le ménage.

Ibra était un vieil homme qui tenait que faiblement sur ses jambes. Cela faisait des années qu’il supportait cette vie d’esclavagisme. Les marques sur son dos n’en étaient que le plus fidèles et poignants recueil. Combien de souffrance ? combien d’humiliation avait-il fallu avant que son esprit ne cède et se soumette ? Cela avait pris des années avant qu’il ne rende les armes et qu’il oublie le mot même de liberté. Pourtant, un bruit allait tout remettre en question. Un petit bruit, un petit clic. Le bruit d’un verrou qui cède et qui tombe sur le sol où une paille d’un autre siècle reposait. Son visage ridé et usé par le temps se tourna pour voir l’impensable : Warren les avait libérés. Une part de lui avait envie de crier qu’il fallait remettre la chaine comme il faut mais une autre cria de bonheur. Cette liberté illusoire était peut-être à sa portée. Il ne se faisait pas de grande illusion : il ne lui restait que peu d’années à vivre mais qu’importe. S’il pouvait ne serait-ce qu’effleurer le doux sentiment de la liberté alors il était prêt à tout. « La petite a raison, le jardin est notre plus grande chance de commencer ce voyage sans trop nous faire remarquer » dit-il après avoir toussé. Il aurait été plus aisé de se séparer mais la chaine les reliait tous ensemble.