Debrief dans l'ascenseur

“La compétence sans autorité est aussi impuissante que l’autorité sans compétence.”

Je réajustais ma tenue officielle de capitaine. Je détestais ce déguisement mais il faisait partie du boulot et je devais faire avec. J’écoutais d’une oreille distraite ma secrétaire me dicter tous mes rendez-vous et impératif de la journée à commencer parce qui m’amenait à être habillé de la sorte : la réunion avec l’état-major ou plutôt monsieur le Maire de la Nouvelle-Orléans. Je ne serais pas le seul capitaine convié car de nombreux districts avaient eu le droit à cette invitation mais je détestais par avance ce moment. Je n’avais jamais été un fervent bureaucrate, bien au contraire. S’il n’y avait pas eu ma fille, sûrement aurais-je terminé ma carrière au SWAT ou sur le terrain seulement Kailani avait déjà perdu sa mère, elle ne méritait pas de finir orpheline. Ce poste était pour moi l’occasion unique de lui offrir un peu de normalité même s’il m’arrivait fréquemment de rentrer tard à la maison. « Déplacez ma réunion de ce soir à demain si c’est possible. J’aimerais rentrer tôt ce soir »demandais-je à mon assistante avant de la saluer et de quitter mon bureau, ma mallette noire dans une main, mon chapeau de capitaine, dans l’autre. Je me dirigeais vers l’ascenseur quand je vis une des mes « hommes ». Thalya Crain, aussi douée qu’irréfléchie quand il s’agissait d’écouter des ordres. « Crain, suivez-moi ! » lui ordonnais-je d’une voix qui laissait guère de place aux doutes : elle obéissait ou je la foutais à la circulation. Je lui avais déjà fait le coup une fois. Deux jours à la circulation pour un manquement aux ordres. Elle savait donc que je mettais toujours à application mes menaces. Je ne savais plus comment prendre cette femme. A chaque fois qu’un de mes hommes venait se plaindre à mon bureau, je pouvais presque calculer le pourcentage de chance qu’elle en soit la cause. Cela ne manquait jamais de me surprendre. Pourtant, je continuais de la garder dans mon service car je savais qu’elle avait du potentiel mais elle allait devoir apprendre à se contrôler sans quoi, je ne pourrais plus rien pour elle. J’attendais que les portes de l’ascenseur se referment sur nous avant d’attaquer. « C’était quoi votre objectif sur l’affaire Weeks ? Vous prendre une balle en pleine tête ? » lui demandais-je sans préambule. Je ne prenais jamais de gants avec mes hommes. La franchise soit ils s’en accommodaient, soient ils se cherchaient une autre affectation. Je n’allais pas tourner autour du pot durant trois heures.

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“La compétence sans autorité est aussi impuissante que l’autorité sans compétence.”

Je finissais de remplir le compte rendu de la dernière mission qui c'était je dois l'avouer, un peu mal passé, enfin surtout mal terminé et je sais très bien que j'allais à nouveau me faire tirer les oreilles. Est-ce que j'étais nerveuse? Est-ce que j'avais cette boule au ventre? Non pas du tout car pour moi mon intervention avait été utile et même si j'avais failli me prendre une balle, je sais que je n'avais pas eu le choix, il fallait que j'agisse ainsi et oui j'étais une tête brûlée et ce n'était pas un homme qui allait me dire ce que je devais faire. Il n'y avait que deux personnes qui pouvait avoir se pouvoir sur moi et ils n'étaient malheureusement plus là, à la mort de mon mari mon cerveau avait totalement vrillé. Je ne voulais plus entendre d'ordre, enfin j'étais dans la police quand même et donc je faisais tout pour ne pas trop me faire voir, et bien en arrivant dans ici c'était louper. Les hommes essayaient d'avoir le dessus sur moi car j'étais une femme, je connaissais ce genre de préjugé et tout de suite je le prenais mal, donc non hors de question que je me laisse faire. Enfin je finissais mon rapport que j'imprimais pour le déposer dans le bureau du chef. Je prenais mon sac alors que d'un coup j'entendais mon prénom, une voix bien familière et cette intonation, whaou je sais très bien que j'allais encore me prendre une soufflante. J'allais encore passer un mauvais quart d'heure, suis ce que j'allais encore finir à la circulation, je ne sais pas, mais il allait encore une fois se rendre compte que je savais très bien me défendre.

Je venais donc le suivre jusqu'à l'ascenseur, j'étais assez surprise de le voir habillé de la sorte. Je ne sais pas si j'avais le droit de me moquer ou pas, même si au fond cela lui allait bien. Non, une moquerie et c'était sûr, j'allais finir à la circulation et il en était hors de question, j'avais besoin d'actions. En fait je me rendais compte que je m'en fichais totalement de me mettre en danger, même s'il y avait ma fille et heureusement qu'elle était là. Mais dans mon travail je ne pensais plus à rien, je me vidais la haine et le plus souvent c'était mon mauvais côté qui prenait le dessus. Je levais les yeux au ciel, voilà j'avais raison, il revenait sur l'affaire Week, je m'en doutais. " Il était en train de frapper sa fille et il allait surement la tuer, donc oui je suis intervenue et je me suis pris aucune balle. La gamine est en sécurité et lui en prison, j'ai fait mon travail. " Bon fallait savoir que ce jour-là il y avait aussi sa femme, le père avait une arme à la main et lors de notre arrivée il avait menacé de tuer tout le monde, je n'avais pas réfléchi en rentrant dans la maison, une balle et unique tirée qui avait atterri dans son bras. Il avait lâché son arme et je l'avais arrêté. Oui quand les enquêtes étaient ciblées sur les violences conjugales, qu'un enfant était frappé, mon cerveau partait totalement trop en vrille et je devenais incontrôlable. Normal cela me rappelait mon passé et je ne voulais pas que d'autres enfants vivent ce que j'avais vécu, enfin un passé bien caché et secret.

“La compétence sans autorité est aussi impuissante que l’autorité sans compétence.”

Je savais qu’un autre capitaine ne se serait pas embarrassé très longtemps d’un policier comme Crain. Elle était une femme, une tête brûlée qui affichait clairement son manque d’obéissance à sa hiérarchie. Bref, elle avait tout ce qu’il fallait pour être reléguée dans un poste placard seulement, si elle se pensait être une nouveauté dans ma carrière, elle se foutait le doigt dans l’œil jusqu’au coude. Des policiers comme elle, j’en avais déjà maté bien avant qu’elle n’entre dans la police. « Je me fous de vos raisons. Je vous parle de votre comportement en mission. Non seulement vous foutez en danger mais vous n’en avez rien a carrer des renforts qui sont avec vous. Vous cherchez quoi ? A ce que je vous vire de la police pour de bon ? Des têtes brûlées dans votre genre, je tape dans une poubelle, il m’en sort une dizaine. Si je vous garde dans mon équipe c’est parce que je sais que vous pouvez être un bon flic » lui rétorquais-je froidement. Je commençais en avoir marre. Au départ, c’était amusant mais à présent, elle commençait à réellement mettre sa vie en danger. « Vous êtes pas un putain de super héros, rentrez-vous ça dans le crâne. A partir de ce jour, je vous informe que vous avez l’obligation de consulter le psychologue de la police au moins deux fois par semaine jusqu’à ce qu’il juge que votre comportement n’est plus un risque à la fois pour vous mais également pour le reste de l’équipe. Vous avez peut-être des envies suicidaires mais vos collègues eux, ont à cœur de rentrer chez eux pour profiter de leur famille sans craindre de vous suivre dans vos conneries ». Je noircissais un peu le tableau mais je voulais qu’elle comprenne que son attitude la mettait en danger mais également ses coéquipiers. Cette fois-ci, j’avais donc décidé de changer de méthode. Si la circulation ne lui faisait pas changer son fusil d’épaule, peut-être que des séances chez le psy, l’aiderait. En attendant, je me tournais vers les portes, m’attendant à ce qu’elles s’ouvrent d’un instant à l’autre. Soudain, une secousse se fit sentir et je me retenais à la paroi en y apposant ma large main. « Bordel, c’est quoi encore cette connerie ? » déclarais-je à voix haute avant d’appuyer sur le bouton. Merde, le panneau ne répondait pas.

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En rentrant dans cet ascenseur je savais très bien que j'allais passer un mauvais quart d'heure, mais bon j'allais le laisser parler au début avant de me mettre à me défendre aussi. Enfin, je savais très bien ce qu'il allait me reprocher et c'est pour cette raison que je venais tout de suite lui expliquer ce qu'il c'était passé, je n'avais pas eu le choix d'intervenir, mais c'était pour moi, car pour le capitaine et mes autres collègues c'était tout le contraire ce qui m'énervait encore plus. Bon j'avoue, j'agissais avant de réfléchir. Bon je ne pouvais pas dire qu'il avait faux dans ce qu'il me reprochait, mais hors de question que je vienne lui dire qu'il avait raison, je croisais les bras sans le regarder en essayant de ne pas regarder son visage, je fixais un point au hasard en essayant de ne pas m'emporter contre lui. " Vous aurez préféré quoi? Que je prenne le risque d'attendre les autres et qu'il puisse blesser ou tuer cette femme et son enfant . Je les ai sauvé c'est tout ce que je voulais, personne n'a été blessé." Je savais que certains de mes collègues ne me supportaient pas, j'étais une femme qui osait ne pas obéir aux ordres. Et pourtant je faisais tout pour ne pas m'emporter contre eux, j'avais déjà été virer pour ça, mais le dernier qui avait pris ma main en pleine face avait osé dire du mal de mon fiancé. Je relevais d'un coup le visage vers lui quand il commença à parler de voir le psychologue de la police, alors là non hors de question. J'allais tomber sur un qui allait me poser des questions sur mon passé, c'est bon on m'avait posé assez de questions comme ça. " Non pas de psychologue, ils n'ont pas à savoir ce qui se passe dans ma tête d'accord... Certainement pas eux... Ils s'en foutent totalement de ce que vous ressentez, ça vous rabaisse encore et encore, trop curieux et ils savent très bien où chercher pour faire mal et déstabiliser. Je les connais assez pour savoir ce qui va se passer, autant me virer tout de suite. " Ma voix était brisée par rapport au tout début car j'avais déjà eu affaire au psychologue lorsque j'avais perdu mon fiancé et ce genre de rendez-vous avez été pire que tout pour moi. Vu qu'il était hors de question que montrer mes faiblesses, j'avais retenu toutes ses larmes pendant des jours et des jours, cette colère qui avait fini par exploser contre mon ancien collègue. Oui je détestais les psychologues, l'ancien m'avait plus détruite qu'autre chose. Je sentais mes mains tremblées alors que je me tournais pour regarder les portes de l'ascenseur en passant une main dans mes cheveux encore plus nerveuse. Je fermais les yeux en essayant de reprendre mon calme et oublier mon passé, mais impossible jusqu'à ressentir une secousse qui me faisait perdre l'équilibre, heureusement je me rattrapais à la paroi avant de me cogner. " C'est une blague." Non mais je n'allais pas me retrouver enfermer avec mon chef en plus. D'un coup les lumières venaient s'éteindre, non surtout pas ça, mais pourquoi le sort s'acharnait sur moi, déjà me retrouver bloquer ne me rassuraient pas, mais dans le noir, trop de mauvais souvenirs me revenaient en mémoire. Personne n'était au courant de cette peur du noir qui remontait à mon enfance quand mon père m'enfermait dans le placard pendant des heures. J'avançais vers le tableau en appuyant partout, paniqué, énervé, je voulais sortir de là.

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« Ce que je veux ? Que vous arrêtiez de confondre justicier et policier. Votre job, ce n’est pas de vous lancer tête baissée dans les emmerdes. Vous avez réussi cette fois-ci à sauver ces personnes mais que se passera-t-il si un jour, vous échouez ? Si votre connerie vous pousse à l’erreur et qu’un otage en subisse les conséquences ? Personne n’est infaillible, vous comprise » répliquais-je froidement. Elle avait beau être une tête brulée, j’espérais qu’elle finirait par entendre raison. « Vous vous imaginez que je vais pouvoir couvrir vos conneries longtemps ? Ou dois-je d’ores et déjà commencer à me préparer à annoncer à votre enfant qu’elle va bientôt être orpheline. J’ignore ce qui vous pousse à agir ainsi mais je commence à en avoir marre de votre comportement Crain. Il est complétement irresponsable » poursuivais-je avant de lui annoncer que cette fois-ci, elle ira chez le psy. Ce n’était pas négociable. Elle protesta, me demandant de ne pas y aller mais j’étais déterminé à ne pas céder. Cette fois-ci, elle allait devoir se complaire à mes ordres. « Je ne vous demande pas votre avis. Vous irez là-bas puisque vous êtes incapable d’obéir mais je vous préviens : vous n’allez pas à ces séances, je vous vire. Je vous ai donné suffisamment de chance de vous reprendre. Je ne fais pas ça contre vous Crain. Je le fais parce que je suis persuadé que vous êtes un excellent flic et que vous êtes destinée à faire une grande carrière. Le problème c’est que vous êtes incapable de gérer votre colère » lui expliquais-je avant que l’ascenseur ne se mette à déconner et nous bloquer entre deux étages. J’appuyais sur le bouton de l’aide mais rien ne répondit. J’étais en train de sortir mon téléphone portable pour appeler quelqu’un quand je me rendis compte de deux choses : la première, je n’avais aucun réseau. La seconde, elle était en train de paniquer. « Crain, arrêtez, cela ne sert à rien » commençais-je par lui dire avant de l’attraper par la main pour l’éloigner du panneau. « Respirez calmement, tout va bien ! L’ascenseur va se remettre en fonction dans quelques instants »
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Je m'en doutais, je n'aurais jamais dû rentrer dans cet ascenseur, je m'en prenais plein la face et c'était clairement en train de m'énerver car au fond je sais très bien qu'il avait raison. Je devais faire plus attention, mais les deux hommes capables de me calmer n'étaient malheureusement plus là et donc mes défauts reprenaient le dessus. Tête brûlée qui n'aime pas recevoir d'ordre, enfin rien de bon pour être un bon flic, et surtout qui agissait avant de réfléchir, mais quand je me retrouvais sur le terrain je n'arrivais pas à me raisonner, j'avais beaucoup trop de haine et de colère en moi qui avait besoin de sortir. Je soupirais en écoutant ses paroles alors que mon regard était toujours aussi noir, la colère me consumait et au fond de moi je ne savais pas du tout comment me calmer. Et surtout, plus on me prenait la tête et pire c'était, donc ses paroles étaient loin de me calmer, du moins pour le moment, j'y repenserais surement ce soir à tête reposer, mais pas tout de suite. Mais quand je l'entendais parler de mon enfant, direct je réagissais en tournant le visage vers lui. " Laisser ma fille tranquille... Ce qui me pousse à agir ainsi, l'injustice voilà tout. " Car oui ma fille se retrouvait déjà sans son père qui était mort et moi je me retrouvais toute seule avec ma fille, je devais tout faire pour la rendre heureuse et ça dans cette nouvelle ville. En fin de compte j'étais surement en colère contre moi-même. Mais savoir que j'allais devoir me rendre chez un psy, non là c'était hors de question, j'avais autre chose à faire que raconter ma vie. Cette fois ça serait quoi les questions, porter sur la violence de mon père? Sur la tromperie de mon mari alors qu'il avait été ripoux . Je ne sais pas et ça me mettait déjà en colère, je ne supportais pas ce genre de personne car après ça interprétait les choses comme ils avaient envie et ça m'agaçait encore plus. "J'irais à ses séances, mais hors de question que je réponde à leurs questions. Ses gens sont justes là pour faire encore plus de problèmes... C'est bon j'ai déjà eu affaire à eux, ça m'a largement suffi..." Et d'un coup l'ascenseur venait s'arrêter, je m'en doutais, ce matin j'aurais dû rester coucher ce matin et ne pas venir travailler, ça m'aurait évité de me retrouver dans ce genre de situation. Ascenseur bloqué, la lumière qui venait de s'éteindre et surtout être enfermé avec son supérieur, mais c'était quoi cette blague, c'était trop pour moi, je m'énervais contre le tableau pour essayer de joindre quelqu'un alors que mon souffle était saccadé. Et d'un coup je sentais ses mains attraper les miennes, je faisais un sursaut alors qu'il m'éloignait. "Je veux sortir de cet endroit. " Je restais adosser à la paroi, il manquait plus que ça, qu'il me prenne pour une folle. J'avais toujours caché cette peur car ça pouvait jouer sur ma carrière. Je ne me rendais même pas compte que ma main restait dans celle de Makan, celle-ci était en train de trembler. Jamais je ne prenais l'ascenseur, je montais les escaliers à chaque fois. " Vous pourrez rajouter ça sur mon dossier... A peur du noir et d'enfermement... Une vraie folle. " J'étais moins énervé, la peur avait pris le dessus. J'allais vraiment finir par me faire renvoyer et tout me revenais en tête, mon passé, ma fille, tout et ça n'aidait pas pour me calmer, entre peur et cette envie de hurler.

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« L’injustice vraiment ? J’aurais beaucoup plus parié sur l’autodestruction » répliquais-je avec ironie. Je ne savais pas ce qui la mettait autant en colère. J’avais parcouru son dossier de long en large et en travers. Je savais qu’elle était veuve et que son mari avait été dans les forces de l’ordre. Je savais également qu’il avait été visé par une enquête pour corruption. Ces choses là pouvaient marquer surtout quand vous étiez également de la maison. Etait-ce cela qui la mettait en colère ? Après la mort de ma femme, j’avais été dévasté et perdu. Je me retrouvais père célibataire d’une petite et magnifique fille. Je m’étais réfugié dans le travail pour oublier ma tristesse mais au final, j’avais réussi à comprendre que ce n’était pas la solution. Kailani avait besoin d’un père, elle avait besoin de moi mais cette prise de conscience ne s’était pas faite toute seule. J’avais été aidé notamment par un psy. Voilà pourquoi je voulais qu’elle consulte à son tour. Cela ne pouvait pas lui faire de mal. Malheureusement elle était aussi tête brûlée que butée. « Moins vous lui parlerez et plus vous accumulerez les séances. Oubliez un peu vos préjugés à la con. Ce n’est pas parce que vous avez croisé des incompétents que tous les psys le sont. Je n’ai pas pris cette décision pour vous punir Crain. J’essaie de vous aider notamment à conserver votre poste. Vous croyez quoi ? Que je vous engueule pour le plaisir ? J’en ai marre que vous soyez un problème alors que vous avez toutes les chances de finir votre carrière à un brillant poste. Mais si vous continuez sur cette lancée, c’est à la morgue que vous finirez » insistais-je pour qu’elle comprenne que son attitude allait finir par lui être fatale, chose que je me refusais. Je n’avais perdu aucun de mes hommes depuis que j’occupais le poste de capitaine, ce n’est pas pour commencer avec elle. L’ascenseur décida toutefois de prolonger notre entrevue. J’allais être en retard à ma réunion mais cette pensée fut balayée par la panique de ma subordonnée. « Nous allons sortir très rapidement. Ils vont se rendre compte du problème et vont réparer cela sinon je vous promets que je gueulerais très fort » tentais-je un brin d’humour pour la détendre. J’entamais un léger massage de sa main qui était toujours prisonnière de la mienne. Elle tremblait. « Il n’y a pas de mal à avoir peur du noir. Chacun a le droit d’avoir des faiblesses, nous ne sommes pas des robots. Respirez calmement… tout va bien se passer » lui dis-je en posant mon autre main sur son épaule.

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Je n'arrivais plus à retrouver mon calme, c'était tout le contraire même, j'étais tellement moins patiente depuis la mort de mon mari. J'avais tellement pris en plein visage et encore plus de la part de nos anciens collègues, j'avais été prise en gripe encore et encore, ma maison avait été totalement retourné et surtout devant ma fille, donc oui je dois l'avouer j'avais cette haine maintenant contre le monde entier, moi avait cherché à préserver ma fille. Maintenant il pouvait arriver que j'agisse sur un coup de tête comme j'avais pu le faire lors de cette intervention et au fond de moi je sais bien qu'il avait raison, mais c'était dur de l'avouer. Impossible de retrouver le droit chemin je me renfermais dans le travail pour oublier et prouver que j'étais un bon flic. Je m'y renfermais beaucoup trop et ce n'était pas la bonne solution et je préférais ça plutôt que de me retrouver seule chez moi à penser car ce n'était vraiment pas bon, hors de question de retomber dans mes vieux démons. Et l'entendre me parler des séances chez le psy venait me faire encore plus vriller, non hors des questions qu'on vient me poser des questions, cela faisait plus de mal qu'autre chose. Et je l'entendais me dire que moins je parlerais et pire se sera, il n'allait pas me lâcher maintenant à propos de cela et c'était en train de m'agacer encore plus. " Je n'aime pas parler de moi et encore moins de mon passé, le passé doit rester dans le passé... Mais vous êtes bien le seul à me voir à un brillant poste. " J'étais surprise en fait de ses paroles car il ne faisait pas que de m'engueuler, non il me disait aussi que je pouvais avoir un brillant avenir et je n'en revenais pas car c'était le seul capitaine qui me faisait part de ce qu'il pensait de moi et ça venait me calmer un peu, malheureusement ça ne durait pas longtemps vu qu'on se retrouvait coincé dans cet ascenseur, le véritable cauchemar pour moi. Je l'entendais faire de l'humour et je tentais de l'écouter et m'apaiser. " Je sais crier très fort aussi..." Je fermais les yeux alors que ma main restait dans la sienne alors qu'il venait la masser doucement ce qui m'aidait à aller mieux même si maintenant je me disais qu'il allait surement me prendre pour une flic totalement incompétente. " Je suis policière, normalement ça n'a pas ce genre de peur. Mais d'habitude à chaque intervention je m'y prépare alors que là pas du tout. Je ne prends jamais l'ascenseur..." Sa première main dans la mienne et l'autre sur mon épaule, je n'ai jamais été aussi proche de mon supérieur. Je respirais doucement mais ça durait encore et ma respiration devenait saccader, j'avais chaud et je continuais de trembler. L'ascenseur venait bouger assez violemment pour s'immobiliser à nouveau. Je venais m'accrocher à sa main en me rapprochant de lui sans faire exprès. " Je serais capable de faire ce que vous voulez... Si vous me sortez de là..." Et à l'interphone on entendait comme quoi il y avait un souci technique et que ça allait prendre plus de temps que prévu. Non s'en était trop, je venais m'asseoir le long de la paroi en tremblant de partout ramenant mes genoux contre ma poitrine.

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Thalya semblait étonnée que je puisse la considérer comme un bon élément et je pris conscience qu’elle avait peut-être un manque de confiance en elle à moins qu’il ne s’agisse là que du problème que rencontre toute femme flic : la discrimination. « Bien sûr. Pourquoi je m’acharne contre vous ? Si vous n’en valiez pas la peine, cela ferait longtemps que j’aurais demandé votre transfert dans une autre unité. » lui confiais-je en toute honnêteté. J’étais connu pour mon franc parler. Je n’aimais pas tourner autour du pot et c’est pourquoi, j’appelais toujours un chat, un chat. Cela ne servait à rien de tergiverser pendant des heures et des heures. Crain était un bon officier de police et elle devait se le mettre en tête. « Pour en revenir au psy : votre passé vous ne l’avez clairement pas enterré et tant qu’il sera accroché à vous comme un boulet à votre cheville, vous n’avancerez pas. Votre colère vous aveugle et elle vous mènera à votre perte » répondis-je finalement.

La situation devient inhabituelle du moment que l’ascenseur tomba en panne. J’apprenais à voir une nouvelle facette de sa personnalité, plus fragile. « Remarquez, cela peut, peut-être nous aider à sortir plus vite car je n’ai aucun réseau sur mon téléphone portable et que je vais être très en retard à ma réunion » lui dis-je avec un léger sourire avant de balayer son argumentation d’un mouvement d’épaule. « Cela n’empêche pas d’être un bon flic. Si vous ne le dites à personne, je vais vous avouer quelque chose : j’ai peu des petits chiens. J’en ai horreur » partageais-je une de mes phobies avec elle tandis qu’elle allait s’installer contre la paroi. Elle me faisait de la peine et sans que je ne comprenne mon propre comportement, je venais m’asseoir à ses côtés pour passer mon bras autour de ses épaules et l’attirer contre mon torse. « Tout va bien se passer Thalya. On va surmonter cette épreuve ensemble, je vous le promets. Tiens, parlez moi de votre enfance, ce que vous aimiez faire quand vous étiez gosse. Il parait que parler de tout et de rien, aide beaucoup pour se détendre » tentais-je le coup. Si un de mes amis était là, il lui sortirait autre chose mais je n’allais pas ajouter harcèlement sexuel à mon dossier songeais-je non sans humour.

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En devenant policier je savais très bien que ça n'allait pas être facile, déjà je venais d'un endroit pauvre donc tout de suite ça me rabaissait par rapport aux autres mais surtout et ce qui était pire que tout, j'étais une femme et donc la discrimination je connaissais bien. Et pour finir, j'avais fini marié à un homme devenu ripoux, donc oui je n'avais rien pour m'aider et voilà pourquoi j'étais surprise de l'entendre me dire ce genre de compliment. "Eh bien... Merci depuis toutes ses années dans la police on ne m'a jamais dit ça. " Et encore plus surprenant il venait me calmer en quelques minutes et pourtant cela ne durait pas longtemps vu qu'il parlait de psy, oui chez moi c'était les montagnes russes, en quelques minutes je pouvais totalement changer et ce n'étais pas facile de me suivre. " Je ne pourrais jamais enterrer mon passé vous savez, il aura toujours un impact sur moi, c'est impossible d'oublier par quoi je suis passé. Mais vous avez raison sur un point, j'ai beaucoup trop de colère en moi. " Et je ne savais aps du tout comment faire pour évacuer cette colère, je n'avais pas envie de m'en prendre au prochain psy que j'aurais en face de moi car quand j'étais en colère je pouvais me montrer violente surtout si on disait du mal.

Enfin pour le moment c'était un tout autre souci qui venait m'envahir, me retrouver enfermer dans cet ascenseur était en train de me rendre dingue, j'avais peur oui et ça je ne le montrais jamais à personne. On m'avait toujours dit de ne pas montrer ses faiblesses car ça serait une bonne raison pour s'en prendre à moi. Donc oui, se renfermer sur moi, me mettre en colère et ne pas montrer mes faiblesses mais là c'était impossible, j'avais bien trop peur et pourtant il faisait de l'humour. " Vous allez devenir sourd si je crie. " J'essayais de lui faire un petit sourire et il venait me dire une de ses peurs, je n'en revenais pas. " Des petits chiens? Vous? Mais euh vous êtes grand, fort..." Je ne comprenais pas, après on avait chacun notre peur, mais je ne m'attendais pas du tout à celle-ci. Cela arrivait à me calmer jusqu'à entendre cette voix dans l'interphone, je venais m'écrouler contre la paroi en tremblant de partout en fermant les yeux, ma tête sur mes genoux alors que d'un coup il venait me prendre dans ses bras. Il ne m'appelait plus par mon nom de famille et en plus j'étais contre son torse, là on était loin du rôle chef et son subordonné. " J'étais la meilleure danseuse d'Hula, c'est une danse hawaïenne, c'était ma passion. Hawai me manque, ses fleurs, ses plages. Et j'adorais surfer aussi! Il n'y avait que ça de bien pendant mon enfance... Parfois j'aimerais revenir en enfance, innocente... Enfin en fait non..." Car oui c'était aussi à ce moment-là que mon père m'avait frappé. Je fermais les yeux alors que ma tête restait contre son torse, je ne sais pas pourquoi, j'étais bien là.