Le début d'une amitié

   Oleg & Bonaventure

   Le début d'une amitié

FLASHBACK| « A plus tard les gars » s’écria Bonaventure en marchant en arrière tandis qu’il saluait Jarod et Lucy ses deux meilleurs amis. Ces derniers devaient rentrer chez eux mais pas le garçon. Son père était au travail, sa mère également et il ne les verrait surement pas avant le week-end qui venait à cause de leur emploi du temps. Or, il n’avait pas l’intention de rentrer au manoir Weasley avant au moins une heure ou deux. Ses devoirs étaient faits depuis des lustres alors il pouvait s’adonner à sa passion première : le parkour. Il avait découvert cette discipline quand il avait six ans. Il se baladait avec sa nourrice dans les rues de New York quand plusieurs jeunes avaient déboulé devant ses yeux émerveillés. Il avait apprécié leurs mouvements, leur faculté à se servir de chaque obstacle comme d’un tremplin pour courir sans s’arrêter. Ce soir-là, il était rentré les yeux pétillants de bonheur pour annoncer à ses parents qu’il voulait devenir comme ces garçons. Son père avait grimacé, sa mère avait tenté de comprendre mais aucun des deux ne s’étaient mis en travers de sa route. Les Weasley avaient toujours eu à cœur de le laisser s’exprimer tout en lui garantissant une certaine forme de sécurité. Bonaventure fut donc autorisé mais il devait d’abord s’entrainer notamment en escalade, en gymnastique. Ils engagèrent même un coach de parkour pour s’assurer qu’il ne se blesse pas en voulant s’initier tout seul. Des années plus tard, l’adolescent était devenu un très bon traceur comme on les appelait dans le milieu et aucun obstacle n’avait raison de lui. Le métis arriva très rapidement à son terrain d’entrainement où il se défoulait comme jamais. Cela faisait un petit quart d’heures qu’il courait quand il remarqua un adolescent sensiblement dans ses âges. « Hey toi ! Si tu veux me suivre, faut que tu sois plus ferme sur tes pieds pour donner du tonus à tes jambes » dit-il en atterrissant souplement près de lui. « T’es nouveau dans le coin non ? Je connais tous les traceurs qui s’entrainent par ici »

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FLASHBACK|Bonaventure abordait toujours les autres avec chaleur même si, il avait appris à se montrer méfiant avec les années. Être noir ou plutôt métis n’était pas un avantage mais il était fier de ses origines africaines. Il y a deux ans, il avait même tenté d’en apprendre plus sur sa famille biologique et ses parents adoptifs avaient mis tous les documents qu’ils avaient en leur possession, sur la table. Bonaventure savait que sa mère craignait qu’il se détourne d’eux comme c’était souvent le cas chez les adolescents adoptés. La recherche des origines, les révélations sur la famille biologique, tout cela, pouvait être perturbant mais le jeune gamin n’avait pas l’intention d’y perdre la raison non plus. Il savait ce qu’il devait aux Weasley. Ils étaient ses parents, ceux qui l’avaient élevé et son amour pour sa mère adoptive était sans limite. Sans eux, qui sait ce qu’il serait devenu. « C’est comme ça qu’on nous appelle » répondit-il en haussant les épaules pour mieux s’approcher de l’autre garçon, sautant souplement à ses côtés. « La ville est notre terrain de jeu, on court en oubliant tous les obstacles. Pour beaucoup, ils voient des murs, des voitures, des poubelles mais nous les traceurs, on y voit des tremplins, des accès. Le but, c’est de pas s’arrêter de courir » expliqua-t-il avec fierté. « Si tu n’y arrives pas, c’est pas grave. Sers toi des failles dans le mur pour prendre un second appui ! Au fait, moi c’est Bona »

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L’adolescent était vraiment passionné par ce sport qui lui offrait une certaine liberté. Il aimait sa vie, elle n’était pas parfaite mais elle s’en rapprochait. Pourtant, au fond de lui, il avait envie de vivre à cent à l’heure, de courir après la liberté. Il se rappelait encore des remarques racistes qu’il avait essuyé un jour, en parlant à un gosse de riche de sa passion. A cette époque-là, il était plus ou moins naif. Ce dernier lui avait dit : « Normal que t’aimes, tu cours et tu sautes comme un singe. C’est dans tes gênes ». Ces paroles l’avaient réellement blessé mais n’avait pas entaché son amour pour ce sport. Toutefois, il lui arrivait de temps en temps, en sautant, à penser à ces paroles. Il était fier de ses origines africaines mais il désirait aussi pouvoir s’intégrer et rendre ses parents adoptifs fiers de lui. « D’acc mais je te préviens, il va falloir t’accrocher » lui dit-il en lui donnant une petite tape amicale sur l’épaule. Bonaventure en profita pour se présenter et observer un peu plus l’adolescent qui lui faisait face. Il y avait quelque chose de félin chez ce garçon, comme si son corps était habitué à se mouvoir dans tous les sens. Nul doute que ce Oleg avait tout pour devenir un bon traçeur. « Eh bien Oleg ! Suis moi… » s’exclama-t-il en se mettant à courir sur l’arrête du muret, sans se préoccuper du fait qu’il y avait peu d’espace pour mettre ses pieds. Le métis sauta sur le toit d’un petit kiosque à journaux. « Attrape le haut du toit et prend appui sur la façade pour grimper » lui expliqua-t-il.

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Bonaventure affichait sa gentillesse et sa bonne humeur sur son visage. Il n’était pas un adolescent renfrogné bien au contraire. Depuis son plus jeune âge, on avait tendance à dire de lui, qu’il amenait le soleil dans une pièce. Cela l’amusait toujours et il n’allait pas se plaindre d’avoir de temps en temps, de bonnes ondes derrière son dos. Depuis quelques temps, il s’interrogeait beaucoup sur son identité, sur ses origines mais aussi sur sa foi. Ses parents adoptifs l’avaient naturellement conduit vers la religion catholique car c’était dans leur coutume, dans leur habitude. Au départ, il s’était plié à cela, ne voulant pas faire d’esclandre ou décevoir sa famille. Aujourd’hui, il se sentait frustré. Il ne ressentait pas cette spiritualité dont il avait besoin dans cette religion. A vrai dire, il s’était longuement renseigné sur l’Islam après avoir appris que c’était la religion de sa mère biologique. Les Weasley en étaient informés car il ne voulait pas leur cacher quoique ce soit et même s’ils avaient du mal avec cette éventualité, ils ne se mettraient pas en travers de sa route. « C’est la chance du débutant » rétorqua le métis avec un grand sourire goguenard. Il avait toujours été taquin et bien souvent, il aimait jouer du sarcasme et de l’ironie avec ses proches pour les faire rire. Sa mère était surement la reine dans ce domaine et ils s’amusaient énormément de leurs joutes verbales. « T’es sûr que t’es pas un traceur ? T’es doué et j’ai jamais vu de débutant se débrouiller ainsi » admit-il en reprenant son sérieux. Il observait Oleg en fronçant les sourcils. « Hey si tu veux te moquer de moi, c’est gagné mais me fait pas perdre mon temps… » grommelait-il. Ce ne serait pas la première fois qu’on se moquerait de lui. Il en avait tellement l’habitude que cela en devenait blasant.

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   Le début d'une amitié

Bonaventure avait l’habitude qu’on tente de le rabaisser, qu’on l’attaque sur sa couleur de peau. Il était soit pas assez noir pour certain, soit carrément trop pour d’autre. Puis, il y avait le fait qu’il soit un africain adopté par une riche famille blanche. Combien de fois avait-il entendu de la bouche d’autres enfants de ce milieu aisé, que les Weasley avaient ramené un petit singe de leur voyage en Afrique ? Trop de fois. Il savait que ses facultés à courir vite, à grimper, à escalader, ne l’aidait pas à être perçu autrement mais il aimait trop ce qu’il faisait, cette liberté. Son père lui avait simplement dit qu’il ne pourrait jamais le protéger de tout et de tous, une fois, après l’avoir à nouveau surpris en pleine séance de colère dans sa chambre. Gideon Weasley souffrait autant que son fils mais il ne pouvait pas empêcher les racistes, les envieux de s’attaquer à lui. Il pouvait l’aider tout simplement à ne pas se perdre en route et surtout à ne pas s’imaginer que les propos de ces personnes peu avenantes, soient la vérité. Bonaventure avait donc appris à se blinder, à se protéger sans pour autant perdre sa personnalité chaleureuse et avenante. « Tu veux dire, genre comme une faiblesse ? » tentait-il de comprendre en revenant à sa conversation actuelle. Il sentait que l’adolescent en face de lui, ne lui racontait pas des conneries. Il semblait réellement sincère. « Je suis désolé si je t’ai paru blessant mais c’est juste que j’ai l’habitude qu’on me traite différemment à cause de la couleur de ma peau ou de mes origines. Ce n’est pas la première fois qu’on chercherait à se moquer de moi et t’es vraiment doué pour quelqu’un qui n’a jamais tracer de sa vie. Tu me fais penser à un acrobate » dit-il en souriant. « On continue ? »