Visite Parentale (PV Jeremiah)

Visite parentale

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Le dernier souvenir qui me restait du jour de l'assaut était celui d'avoir l'impression de me noyer. En reprenant conscience, la seule image qui me venait était celle d'un grand réservoir d'eau sans issue. L'esprit encore embrouillé, ce fut mon frère qui me fit comprendre où j'étais. Depuis plusieurs mois, on me gardait ici, dans un coma induit duquel les médecins avaient été incapables de me réveiller. Pendant plus d'un mois, ils avaient craint pour ma vie. À plus de cinq reprises, mon cœur avait flanché. Aujourd'hui, je n'en gardais que les multiples cicatrices laissées par les chirurgies. Mon corps était d'une maigreur incomparable et il me faudrait encore plusieurs mois avant de retrouver toutes mes forces. Mes poumons étaient les seuls à me faire souffrir. Le souffle le court, la respiration entravée par d'intenses pincements, j'étais attachée à une bonbonne d'oxygène. Encore ce matin, les médecins ne pouvaient pas me promettre qu'un jour j'arriverais à reprendre une vie normale.

Maddox avait déjà changé, en le voyant, ses cheveux touchant presque ses épaules, la réalité m'avait rattrapée. Depuis trois mois, mon frère s'improvisait père de fortune prenant à lui seul la charge de s'occuper de mon fils. Il n'y connaissait rien, mais semblait bien se débrouiller pour un homme sans expérience. J'avais confiance qu'il n'arriverait rien à mon petit tant que son oncle veillerait sur lui.

Sans s'annoncer, les parents Thompson avaient fait le voyage du Texas en apprenant que j'étais mieux. Plus d'une fois, notre mère et notre père étaient venus à mon chevet, insistant pour que je sois transférée dans un hôpital du Texas et souhaitant obtenir la garde de Maddox. Après de brèves retrouvailles, ma mère s'était assise tout près me serrant la main comme si sa vie en dépendait. De suite, ils ne tardèrent pas à aborder leur sujet favori, l'argent.

"Tu sais ma chérie, ton père a payé tous les frais de ton hospitalisation. Je sais que c'est ici chez toi, mais le temps que tu te portes mieux, ne serait-il pas plus sage que tu reviennes à la maison? Ton frère ne pourra pas s'occuper éternellement de Maddox. Il ne connait rien aux enfants. Il n'est pas... le mieux placé pour l'élever..."

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[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Je venais de déposer Maddox à l’école et pour une fois, nous étions à l’heure, chose qui sembla surprendre son institutrice. Ce n’était pas de ma faute si je passais la plupart du temps, à chercher les fringues dans la machine -du moins quand je pensais à en faire une. Charlotte m’avait beaucoup aidé ces derniers temps notamment en instaurant quelques règles. Je n’étais pas mécontent de voir que les résultats se voyaient car je voulais qu’Ellie soit fière de moi. Depuis son réveil, j’étais comme sur des charbons ardents et Maddox aussi. Il ne faisait que parler de sa mère tant il était heureux de son réveil. Je n’avais pas eu conscience de combien cela avait été dur pour lui car durant toute cette période, il avait été très sage. Oh il y avait eu des heurts au début car il voulait sa mère et qu’il ne me connaissait pas suffisamment mais nous avions réussi à trouver un terrain d’entente puis à nous créer ce cocon familial. Une raison supplémentaire pour m’opposer une fois de plus à mes parents qui souhaitaient le ramener à Dallas. Il était hors de question que je sépare le gosse de sa mère et je savais qu’Ellie n’aurait pas supporté qu’il ait la même enfance que nous. Bien sûr, nous avions grandi avec une cuillère en argent dans la bouche mais nous avions également toujours vécu avec cette pression parentale, cette recherche d’excellence. Maddox méritait de vivre simplement. Mon téléphone sonna. C’était une des infirmières qui suivait Ellie et à qui, j’avais demandé de me prévenir quand mes parents passaient. Je faisais un dernier au revoir à mon neveu avant de remonter sur ma moto et prendre le chemin de l’hôpital. Je n’avais qu’une crainte : que nos parents jouent de la faiblesse d’Ellie pour l’emmener loin de moi. Je savais que je ne le supporterais pas. Vingt minutes plus tard, j’ouvrais la porte de sa chambre, captant les derniers mots de ma mère. « Pourtant, je pense avoir fait mes preuves : il est toujours en vie ! » m’exclamais-je l’air de rien en m’approchant de ma sœur. « Salut petite sœur. Maddox a été livré à l’école, à l’heure ! Il m’a demandé de te donner son dernier dessin » enchainais-je en attrapant le bout de papier plié en quatre, dans ma veste en cuir. « M’man, tu ne crois pas que ce genre de discussion pourrait attendre qu’elle aille beaucoup mieux ? »

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[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Notre père nous regardait, son visage vieillit par les années et la fatigue. La sévérité de ses traits me ramenait direct en enfance. Cette expression, il la faisait chaque fois qu’il nous réprimandait ou nous semait d’écouteur ses conseils. D’un coup, il me faisait sentir comme une petite fille. Trop fragile et faible pour elle-même prendre une décision. Que Maddox soit chez Jeremiah m’avait semblé le plus logique. Sauf lui, seule notre sœur avait légalement le droit de réclamer la garde de son filleul si un jour je mourais. La seule idée de laisser l’éducation de mon fils à mes parents me faisait grincer des dents. Avec eux, il fréquenterait les meilleures écoles. L’argent lui tomberait sur la tête et plus jamais, il n’aurait besoin de supplier qui que ce soit pour un jouet inutile. Je n’accepterais pas cette offre, jamais, et même si l’on m’offrait tout l’or du monde. Un simple non ne suffirait pas, ils ne se contenteraient pas d’un refus. J’avais à peine la force de me tenir assise, qu’il me fallait trouver le courage de les affronter.

« Je ne… »

La toux me coupait la parole, me comprimant douloureusement le thorax, je portais un mouchoir à ma bouche pour ne pas involontairement cacher sur ma mère. Au moment même où j’allais reprendre, Jeremiah entra. Comme s’il avait entendu mes prières, il ne se gêna de renflouer notre mère comme il savait si bien le faire. Notre père, l’attrapant par le bras, l’empêcha de s’approcher.

« Jeremiah! » Commençait-il sur un ton autoritaire, tentant de calmer le jeu. « Tu sais très bien que ce n’est pas ce que ta mère voulait dire. » Soulignait-il lui finalement le passage, le laissant me donner le dessin que mon fils m’envoyait. Je le remerciais d’un faible merci, la voix toujours aussi enrouée. Dépliant le dessin, je prenais quelques secondes pour admirer les couleurs et tenter de deviner les formes sans trop de succès avant de me recentrer sur notre mère qui reprenait de plus belle.

« Jeremiah, je sais que tu peux l’emmener à l’école. Mais, un enfant de cet âge, tu sais ce que ça implique? Tu n’as jamais su cuisiner mon garçon et ce n’est pas avec de la pizza au fromage que tu pourras subvenir aux besoins nutritionnels de Maddox. Il est végétarien, ce n’est pas facile de suivre une diète comme celle-là pour un homme comme toi. Et puis, Ellie, ma chérie… tu serais beaucoup mieux à la maison que dans cette chambre d’hôpital. Les médecins disent que tu seras ici encore plusieurs semaines. Ton père et moi pouvons t’offrir des soins à domiciles. Ne serais-tu pas mieux dans ta chambre? Avec ton fils à tes côtés! »

Elle se montrait très convaincante et pendant un instant, l’idée de céder me traversa l’esprit. Avoir Maddox avec moi, c’était ce dont je rêvais. Après quoi, ce ne serait que pour quelques mois, le temps que je récupère… mais voilà que si je ne retrouvais jamais mon indépendance. Si, je devais être à jamais reliée à ce système d’oxygène? Je ne voulais pas voir mon fils grandir dans les griffes de la famille Thompson. Inspirant un bon coup, je pris parole en tenant bien que mal de ne pas trop paraitre à bout de souffle.

« Maman… je sais que … vous voulez ce qui a de mieux pour nous. Mais… Maddox est bien…avec Jeremiah.»

La toux reprenait violemment. Notre mère, me caressant le dos, disputait son fils du regard. Comme si me voir dans cet état lui donnait une raison de cracher son venin, elle s’attaqua à lui comme une ourse protégeant son ourson.

« Tu sais que, c’est de ta faute. C’est chez toi qu’elle s’est fait attaquer. Si tu n’avais pas fait autant de choix stupide dans ta vie Jeremiah, nous n’en serions pas là! À chasser les criminels! Tu t’es fait des ennemies! Et c’est ta sœur qui en paye le prix! »

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[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Je jetais un coup d’œil à la main qui venait de m’attraper le bras. Sans surprise, il s’agissait de celle de mon père. Je devais garder mon calme comme à chaque fois que je les voyais. Cela faisait longtemps que le lien était cassé entre nous, sûrement depuis que j’avais décidé de disparaitre du jour au lendemain pour mener mon enquête sur la mort d’Emmett. Il me laissa finalement approcher d’Ellie non sans prendre la défense de sa femme. C’était une bonne vieille habitude : quand l’un disait blanc, l’autre disait exactement la même chose à croire qu’aucun n’avait réellement son libre arbitre dans ce couple. Je fermais le poing comme à chaque fois que ma mère pointait mon incapacité à être un bon père. Ce n’était pas la première fois que nous avions cette discussion car fut un temps où nous avions abordé le sujet quand je leur avais présenté Delyah. Une grossière erreur puisque la jeune femme avait disparu peu après cette rencontre. Il m’arrivait encore de me demander s’ils n’étaient pas derrière tout cela. Une raison de plus de taire ma relation avec Charlotte alors qu’elle était pédiatre. Cela aurait été un bon point de leur dire que je fréquentais une femme tout à fait apte à me conseiller quant à Maddox. « Il ne mange pas que des pizzas et je sais qu’il est végétarien. Cela fait des mois que je bouffe que des légumes et autres steak végétal pour lui faire plaisir. Si c’est juste ça qui vous inquiète, je peux engager un chef cuistot » lançais-je tout en sachant que je n’aurais jamais les moyens pour embaucher un employé à temps plein. Mon agence de détective commençait tout juste à me permettre de me dégager un salaire et hors de question que de demander une avance à mon père. C’était le meilleur moyen pour se retrouver piégé. Je lançais un regard à ma sœur, posant ma main sur sa jambe pour la remercier de son soutien. Je faisais tout ça pour elle, pour qu’elle puisse conserver sa liberté et surtout son fils. Je ne m’attendais pas à l’attaque perfide de notre mère et j’ouvrais la bouche prêt à me défendre quand je réalisais qu’elle disait vrai. Cette culpabilité, je la trainais depuis des mois. « Si vous aviez réellement fait votre boulot avec Emmett, rien de tout cela ne serait arrivé. Vous l’avez laissé s’enfoncer en détournant le regard et pourquoi ? parce qu’il ne correspondait plus au standing des Thompsons. Oui c’est par ma faute si Ellie se trouve sur ce lit d’hopital. Je le reconnais et j’assume mais je ferais tout ce qui en mon pouvoir pour la protéger elle et Maddox afin qu’une telle situation ne se reproduise jamais plus »

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Nos parents ne démordraient pas jusqu’à ce qu’ils obtiennent ce qu’ils voulaient. Cet entêtement et cette détermination dont ils faisaient preuve étaient l’essence même de leur réussite en affaire. Pour parvenir à leurs fins, ils n’hésiteraient pas à tirer sur chacune des mailles du filet. Même si, pour ce faire, ils allaient devoir écorcher à vif leur propre fils. Je voyais dans le regard de nos parents que peu importe ce qu’il dirait, rien ne suffirait. Il aurait pu être le meilleur père du monde qu’ils auraient quand même trouvé une raison de lui faire des reproches. Jamais notre père ne pardonnerait à Jeremiah de ne pas avoir repris les affaires familiales et depuis, cette amertume teintait son jugement. Notre mère, elle, le détestait d’avoir disparu après la mort d’Emmett. « Jeremiah, tu n’as certaine pas les moyens de payer un tel service à Maddox. Pourquoi ne vois-tu pas que ta mère et moi voulons t’aider? Ne veux-tu pas ce qui a de mieux pour ton neveu? » S’enquérait notre père sans prendre la peine de considérer mes paroles. La faiblesse ne me rendait pas inapte à décider. À ce jour et tant que je ne serais pas dix pieds sous terre, j’étais la seule concernée par l’éducation et la garde de mon enfant. La tension montait à une vitesse faramineuse et notre mère en rajoutait. L’entendre accuser Jeremiah aussi gratuitement allait me faire sortir de mes gonds.

« Tu crois vraiment que nous n’avons rien fait pour ton frère? Vous avez été des enfants plus que choyés et vous n’êtes pas capable de le reconnaitre pour le moins du monde! Tu disparais pendant toutes ces années et tu oses nous critiquer!»

Commençait-elle avant que notre père n’enchaine. Lui, n’entendait plus à rire.

« Ta mère et moi avons tout fait pour qu’Emmett guérisse, mais il n’a jamais voulu sortir de son enfer. Il a pu fréquenter les meilleurs centres de désintox, il n’a jamais mené à terme aucune de ses cures! Ne trouves-tu pas que ton discours est absurde? Tu tiens quand même à ce qu’elle reste ici alors qu’elle serait plus en sécurité chez nous! Pourtant, tu reconnais toi-même qu’elle… »

« Non, mais vous avez entendu ce que j’ai dit! » Le coupais-je, haussant le ton d’un cran pour qu’on m’écoute une fois pour toutes. D’un geste franc, j’invitais ma mère à s’éloigner et à me laisser respirer. « Emmett est mort! Et … il est mort à cause de ses actions! Alors, laissez-le tranquille! » Tous les jours depuis son décès, mon frère me manquait. Qu’importe qu’ils soient devenus un addict ou qu’il est été un fils indigne, il n’en était pas moins un membre de ma famille qui je ne cesserais jamais d’aimer. Débattre sa mort, comme cet accident, ne changerait rien au passé. « Jeremiah gardera Maddox, je n’irai pas au Texas. Ce qui m’arrive n’est la faute à personne et ...! Et je ne veux plus en entendre parler!»

Concluais-je, à bout de souffle, les oreilles bourdonnantes et probablement à quelques secondes de faire une syncôpe. Je m'appuyais le dos au lit, inspirant un bon coup comme pour reprendre contenance et me calmer.

"Emmett se réjouirait d'être mort s'il nous entendait!"

Maugréais-je, m'imaginant la colère noir dans laquelle l'ainée de notre fratrie serait ressorti de cette chambre.

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[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Ses parents avaient le chic pour taper toujours où cela faisait mal mais également pour semer le doute dans nos esprits. C’était à se demander comment nous avions fait pour suivre nos propres voies. Certaines nous avez amené à notre perte comme pour Emmett, d’autres nous avez émancipé comme pour Ellie et moi-même. « Je reçois déjà de l’aide d’une personne plus que fiable papa » soupirais-je, fatigué de toujours devoir me justifier auprès de mes parents. « Je vous ai expliqué pourquoi j’étais parti » repris-je en essayant de ne pas m’énerver. J’avais voulu redorer l’honneur de mon frère, la seule chose que je pouvais faire à présent pour lui. Nous avions peut-être connus des difficultés à nous aimer sur les dernières années, il était tout de même resté mon frère ainé. Cette quête de vengeance avait été pour moi, une façon de combler son manque mais aussi de calmer ma culpabilité vis-à-vis de cette relation perdue. Mes parents commençaient donc à gentiment m’échauffer l’esprit lorsqu’Ellie, elle, éclata. Je baissais la tête, honteux avant de la regarder. « Calme toi petite sœur, tu risques de te faire plus de mal que de bien » lui dis-je en posant ma main sur son front, caressant quelques mèches de ses cheveux. « Tu as raison, tu es la seule à décider de ce qui est bien pour ton fils et quoique tu décides, je te soutiendrais » ajoutais-je avant de me tourner vers mes parents. « J’ai changé de boulot, j’ai réduit les risques au maximum. L’agence devient de plus en plus rentable et j’ai un associé à présent. Je peux m’occuper de Maddox car je suis mon propre patron et donc je décide de mes horaires. Quand Ellie ira mieux, je m’occuperai également d’elle jusqu’à ce qu’elle arrive à être autonome » annonçais-je cette fois-ci à nos parents. J’espérais qu’ils finiraient par se rendre compte que nous avions au moins retenu un principe dans l’éducation qu’ils avaient voulu nous donner : l’entraide familiale. « L’important à présent, c’est que tu te remettes »

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[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Notre père s’impatientait et chaque fois que Jeremiah ouvrait la bouche, il affichait un air de plus en plus agacé. Il n’aimait pas perdre et encore moins avoir tort. En affaire, une liasse d’argent suffisait à convaincre et faire taire les plus récalcitrants. Seulement, ni Jeremiah, ni moi n’accepterions la moindre aide venant de nos parents. Avec les années, nous avions compris que pour chaque dollar emprunté, un intérêt devrait être versé. Jamais, nos parents ne nous aidaient sans attendre le retour du balancier.

« Si tu le dis mon garçon! »

Lui répondait notre père sans chercher à avoir plus de détail. Argumenter davantage en présence de Jeremiah n’aiderait pas leur cause. Je ne changerais pas d’avis, ni maintenant, ni plus tard, mais je devais m’attendre à ce qu’ils reviennent à la charge. Ma crise de nerfs sembla calmer le jeu, assez pour que nos parents battent en retraite.

« Nous discuterons de tout ça plus tard! De toute façon, nous sommes en ville encore pour une ou deux semaines! »

Nous annonça notre mère qui se relevait en passant la bandoulière de son sac sur son épaule affichant cette moue suffisante qu’on lui connaissait bien. Réprimant l’envie de leur demander de ne plus jamais revenir, j’écoutais mon frère et essayais de me calmer.

« J’aimerais bien en savoir plus sur cette nouvelle entreprise, cette agence… Enfin, comme le dit ta mère, nous aurons toutes les chances de nous recroiser et d’en discuter dans les jours qui viennent. Maintenant, elle, je crois que nous allons te laisser te reposer et réfléchir à tout ça. »

Nous fit-il savoir avant d’annoncer leur départ, partant en se limitant à des au revoir de politesses. J’étais soulagée de les voir enfin quitter. Cette conversation des plus tumultueuses m’avait épuisée. Portant mon regard à celui de mon frère, je laissais mon dos s’envaser dans les oreillers.

« Dis-moi, maintenant… c’est de Charlotte que tu parlais? »

Lui demandais-je, un sourire taquin caressant le coin de mes lèvres et le regard pétillant d’intérêt. Je lui avais présenté la pédiatre de Maddox seulement quelque temps avant l’attaque, maintenant, il allait devoir me mettre au gout du jour.

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[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Par moment, j’avais réellement envie de hurler sur mes parents. Il me fallait une bonne dose de contrôle pour ne pas les envoyer péter au loin. Je les aimais, j’avais du respect pour eux mais leur emprise sur notre vie ou plutôt la volonté qu’il mettait dans cet objectif, m’hérissait le poil. J’aimais ma liberté, j’assumais également mes choix. Certains n’étaient pas brillants, d’autres navrant mais j’avais toujours su rebondir. Et de ça, j’en étais très fier. Je n’avais donc pas envie que mon père vienne mettre son nez dans mes affaires pour entendre ses conseils ou alors ses reproches. Mon agence était ma façon personnelle de rebondir, de laisser le passé derrière moi et surtout, de retrouver une certaine légalité. Je grognais donc quelque chose d’indistinct et saluais mes parents tout en essayant de ne pas agir comme un gosse qui ne souhaiterait pas prêter son jouet. Je détestais l’idée de leur donner raison. Ellie m’avait fait confiance pour être digne de garder son fils alors je devais montrer à mes parents que ce n’était pas vain ni même dangereux. Je voulais qu’ils comprennent que j’avais pris de la maturité, que je n’étais plus le même homme. En quatre années, les gens changent. Une fois seuls, je m’approchais à nouveau de ma sœur pour l’aider à se trouver une bonne position contre les oreillers mais elle ne perdit elle, pas de temps pour m’interroger. « Oui, c’est bien d’elle dont je parle. Si tu savais tout ce que tu as raté » la taquinais-je et en même temps, je ne pouvais m’empêcher d’avoir ce sourire idiot. Le sourire des personnes amoureuses. « Déjà, je dois te remercier » lui assurais-je en me penchant vers elle pour déposer un baiser sur son front. « Sans toi, je n’aurais jamais pu faire sa connaissance et rien que ça, je crois que tu pourras faire de moi, durant toute ta vie, tout ce que tu veux » rigolais-je de bon cœur. J’étais heureux à cet instant : ma sœur était bien vivante, éveillée et j’étais en couple avec une femme irrésistible. « Remarque, je sais quoi t’offrir pour le prochain Noël : un homme entouré d’un ruban rouge » plaisantais-je. Je me doutais que les hommes ne seraient pas la priorité de ma petite sœur avant un bon bout de temps et une part de moi en était soulagé. J’étais sûrement trop protecteur comme ainé.

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[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Enfin, nos parents étaient partis. On pouvait parler sans se faire casser les pieds. Je savais que, bien malgré mon refus, notre mère ne repartirait pas les mains vides. Son idée était faite et si elle souhaitait prendre soins de Maddox, elle trouverait un moyen d’y parvenir coute que coute. C'était à rien y comprendre. Il y a de ça presque 3 ans, quand je lui avais annoncé ma grossesse, elle avait été la première à me faire comprendre que je faisais l’une des pires erreurs de ma vie. Si elle n’avait pas eu tort en me prédisant que mon couple ne durerait pas, elle s’était carrément mis le doigt dans l’œil en disant que mon enfant me serait une vraie malédiction. Au contraire, Maddox était devenu ma raison de vivre. Il m’avait apporté une stabilité que jamais je n’aurais pu envisager avoir. Il m’avait fait voir, après la mort d’Emmett et la disparition de Jeremiah, que la vie pouvait encore m’offrir des jours plus ensoleillés.

Tout de suite après leur départ, j’abordais un sujet beaucoup plus léger. Charlotte. Une amie à moi et la pédiatre de Maddox. C’est avec elle que j’avais organisé un rendez-vous truqué quelques jours avant mon accident. Maintenant, je pouvais constater que ma magouille avait porté fruit. Un petit sourire s’étirait sur mon visage, heureux de voir cet air idiot que prenait mon frère en parlant d’elle. Jeremiah méritait de trouver l’amour. Lui-même ne savait pas s’apprécier à sa juste valeur.

« Tu m’as déjà pas mal rendu la monnaie en t’occupant de Maddox… »

Après tout, y étais-je vraiment pour quelque chose? Je n’avais joué que les entremetteuses, le reste, c’est lui qui s’en était chargé. Pour charmer une femme comme Charlotte, ça prenait plus qu’une belle gueule et des talents particuliers au lit.

« Abstiens-toi s’il te plait, pas d’homme en ruban rouge sous le sapin! »

Juste imaginer la scène me faisait rire, puis je n’étais pas prête à avoir un homme dans ma vie de sitôt. Déjà, j’avais une gueule d’enfer et jamais dans toute ma vie, je n’avais été aussi maigre. Vraiment, en ce moment, je me sentais loin d’être séduisante. J’ignorais encore si un jour j’allais pouvoir retourner au travail ou simplement vivre sans être rattaché à une bonbonne d’oxygène en permanence. Les hommes étaient bien le dernier de mes soucis.

« Raconte-moi un peu… vous vous voyez souvent avec Charlotte? »

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[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Les parents étaient partis et je sentais la pression sur mes épaules disparaitre. Ces derniers mois avaient été difficiles surtout pour nos relations. Leur volonté d’obtenir la garde provisoire de Maddox m’avait poussé à me battre contre eux. Il était hors de question que mon neveu n’aille aussi loin de sa mère. Il était peut-être jeune mais j’avais réussi plus ou moins à lui faire comprendre qu’un méchant avait fait du mal à sa maman et que pour le moment, elle faisait un gros dodo pour s’en remettre. J’avais passé un certain nombre de soirées à le consoler et des nuits à apaiser ses cauchemars. Je n’étais pourtant pas l’homme le plus doué sur Terre mais je le devais à ma petite sœur. « J’ai pourtant l’impression que quoi que je fasse, je n’arriverais jamais à rembourser mon ardoise » admettais-je sans détour avant de plaisanter sur le fait que je me devais de lui trouver un compagnon. Après tout, grâce à elle, j’avais trouvé ma Charlotte. « Je vais attendre un peu, que tu ailles mieux » répondis-je avec un petit clin d’œil. Elle avait joué les cupidons pour moi, je pouvais bien lui trouver quelqu’un de bien même si, dans mes connaissances, ce n’était pas tous, des mecs honnêtes. J’allais devoir ouvrir un dossier « trouvons un homme pour ma sœur » songeais-je non sans humour. En parlant d’amour, Ellie ne pouvait que me poser des questions sur ma relation avec Charlotte. « On se voit même très souvent même si j’ai suivi tes conseils à savoir oublier un peu la passion pour me concentrer sur autre chose. Elle m’a beaucoup aidé avec Maddox surtout que je lui ai posé pas mal de lapin car il est presque impossible de trouver une babysitter fiable dans cette ville. Enfin, ça n’avait pas l’air de la déplaire qu’on passe notre soirée à la maison » lui expliquais-je avec un sourire entendu. « Elle est vraiment extraordinaire »