TG ✜ Bal du Nouvel An.

« Dois-je comprendre que tu n’aimes pas les hommes silencieux ? » interrogeais-je Octavia avec un sourire amusé. Si elle n’aimait pas ce genre d’hommes alors comment avait-elle pu tomber amoureuse d’un militaire ? Il n’y avait pas moins bavard que nous. Nos missions nous poussaient bien souvent à ne rien dire à nos proches à la fois par mesure de sécurité mais également pour leur épargner un stress et une inquiétude supplémentaires. Tani avait souvent très mal supporté de me savoir en mission sans avoir la possibilité de connaitre les détails. « Un autre frère ? Est-ce pour lui que tu es revenue t’installer en ville ? Je présume que tu as fait des recherches sur lui ? » lui demandais-je, soudainement intéressé par sa vie mais aussi ses préoccupations. Je n’allais pas le nier, Octavia me plaisait et sa compagnie tout autant. Je me fis la réflexion que j’apprécierai grandement d’être cet homme fort et musclé qui la ferait craquer. Malheureusement pour moi, il m’était interdit de succomber à cette pulsion. J’avais beau ne plus faire partie de l’armée, ce code d’honneur était ancré en moi. « Mon type de femme ? Eh bien j’aime les femmes qui savent ce qu’elles veulent. Indépendante mais pas trop. J’aime les femmes qui n’ont pas peur de se casser un ongle et qui ont des goûts simples. Je ne suis pas très difficile » répondis-je à mon tour à cette question. « Je n’ai pas vraiment encore trouvé de femme avec qui, approfondir une relation mais qui sait, un jour, l’occasion se présentera de vanter les mérites d’une vie sur un bateau » enchainais-je avant de lui marcher sur le pied. Je m’excusais aussitôt. « Tout ce que tu veux ! Je suis un homme de parole alors ce massage, tu l’auras » lui dis-je avant de rigoler. « Encore heureux que je sois bon en pêche, c’est un peu mon métier mais je suis certain que tu es meilleure que moi dans tout ce qui touche l’administratif »

Tomas avait regardé Danika s’éloigner le cœur lourd. Son beau-père n’aurait jamais dû lui parler ainsi et il sentait encore la colère l’irradier. Il devait se calmer et surtout, partir. Cette soirée était un complet désastre même s’il avait enfin osé avouer sa première intention à savoir divorcer d’Ivy. La situation n’avait que trop duré et l’avocat désirait être heureux. Pour la première fois de sa vie, il voulait être égoiste et écouter son cœur et non cette fichue manie de plaire aux autres. Il avait toujours été un gentil garçon, digne de confiance car il ne prenait aucun risque, ne faisait aucune vague. Aujourd’hui, il voulait être lui-même et cela, il ne pourrait le faire qu’avec April et Danika à ses côtés. Elles étaient sa famille au même titre que Summer l’était. « Je ne suis pas certain… » commençait-il à répondre à sa fille quand le fameux jeune homme l’interrompit pour lui assurer qu’il prendrait soin d’April. « Tu as ton téléphone sur toi ? Surtout tu m’appelles si quelque chose se passe et je reviens te chercher aussitôt. N’hésite pas non plus à aller voir Aiden. Tu ne prends aucun risque inconsidéré et je ne veux pas que vous vous isoliez tous les deux. » lui donnait-il ses directives. Ils restaient en public point final. Tomas déposa un baiser sur la joue de sa fille puis quitta la soirée à son tour pour rejoindre Danika.

SORT

« Pourquoi j’ai l’impression que tu n’as pas eu une vie facile ? Pour que tu en arrives à te dire que les animaux sont bien plus gentils que la plupart des êtres humains, c’est que tu as du faire de mauvaises rencontres » soulignais-je en penchant légèrement la tête sur le côté, comme si April était devenue une énigme très intéressante. J’étais curieux de connaître sa vie. J’avais toujours été un garçon curieux mais je devais reconnaitre qu’il y avait quelque chose dans le regard de cette demoiselle, qui me poussait à davantage de considération. « Trop jeune ? Mais tu as quel âge ? » l’interrogeais-je, interloqué par ses propos. J’étais persuadé qu’elle était majeure voire même aussi vieille que moi. Est-ce que je me trompais ? Décidément, j’allais de surprise en surprise avec elle mais quand arriva un géant blond, je restais fidèle à moi-même. Je voulais bien me mettre à la place de cet homme. Si Larissa se faisait kidnapper par un fou furieux, je serais le premier à ne pas la lâcher du coin de l’œil. J’espérais vraiment qu’April allait pouvoir rester à mes côtés. Je m’amusais tellement bien avec elle. « Attends ton père ? Mais je pensais que c’était ton grand-frère ou quelque chose comme cela. Il a dû t’avoir très jeune » lui dis-je en fronçant les sourcils. Le géant blond me paraissait avoir la trentaine, pas plus. A nouveau, j’étais confronté à une nouvelle énigme prénommée April.

Je comprenais Octavia concernant le silence mais je n’étais pas un bon exemple. J’avais laissé pourrir mon mariage au lieu de taper du poing sur la table. Tani et moi, nous nous disputions tellement souvent que je ne me souvenais guère à l’époque, de comment nous en étions arrivés à nous aimer. Le divorce avait été la meilleure des décisions. Aujourd’hui encore, il nous arrive d’aborder le sujet avec une certaine émotion car malgré tout, nous nous étions réellement aimés. La vie en avait simplement décidé autrement ou avions-nous baissé les bras trop vite ? Je ne pourrais jamais répondre à cette question mais était-ce réellement un problème ? Pas vraiment. Tani était heureuse dans sa vie et cela me suffisait. « Essaie peut-être dans apprendre plus à son sujet ? Approche-le sans pour autant te dévoiler et si tu penses qu’il peut encaisser la nouvelle et bien, apprends-la-lui. Il ne sert à rien de vivre avec des regrets et je pense dire sans me tromper que tu le regretteras toute ta vie si tu ne fais pas un pas vers lui. » répondis-je au propos de son frère. Je me mêlais sûrement de ce qui ne me regardait pas mais Octavia et moi, avions un bon contact et j’avais envie de l’aider au mieux.

« Je déteste les poupées barbies. Elles sont d’un ennuis » marmonnais-je avec une grimace rapide de dégout afin de la  faire rire. « Nous verrons bien ce que l’avenir me réserve mais je ne suis pas du genre à chercher. Je verrais bien » rétorquais-je toutefois avant de lui marcher sur le pied. « Je rentre de la pêche vers 7h du matin alors n’hésite jamais à venir faire un tour au port, je te réserverai mes plus belles prises… en échange, si tu sais me faire économiser quelques dollars sur ma feuille d’impôt, je ne dis pas non » m’amusais-je à lui répondre.

« Je ne dis pas non pour le gâteau. Cela fait une éternité que je n’en ai pas mangé » rétorquais-je en songeant que cela faisait longtemps que je n’avais pas mangé un plat fait maison. Je me nourrissais presque exclusivement de conserve ou alors de poisson. Mon budget mensuel ne me permettait pas de faire le plein correctement et je devais bien souvent, chasser mon repas comme si j’étais égaré sur une île déserte. Paris m’invitait régulièrement à diner mais mon meilleur ami était le roi de la commande de pizzas. Je le soupçonnais même de m’inviter uniquement pour partager ses repas aussi insipides que les miens. En amitié, il fallait se montrer solidaire après tout.

Octavia s’amusait à dresser le portrait type de la femme qu’il me fallait et plus elle avançait dans ses théories et plus je me surprenais à désirer qu’elle soit cette femme. Je prenais mes désirs pour une réalité mais il n’y avait pas de mal à se faire plaisir de temps en temps. « Tu as une âme romantique à ce que je vois » me moquais-je gentiment d’elle pour ne pas lui dire en réalité : ce rôle t’intéresse ?! « On fait comme ça » déclarais-je tout en me demandant si j’allais la revoir une nouvelle fois ou non. Octavia rendit les armes et nous nous dirigions vers le bar. L’agitation commençait à se faire sentir. Minuit allait bientôt sonner. « Je crois que c’est bientôt l’heure du changement d’année » soulignais-je et comme pour me donne raison, le compte à rebours se mit à résonner : 10,9,8,7,6,5,4,3,2,1…0. « Bonne année Octavia » lui dis-je avant de me baisser vers elle et de déposer un baiser sur sa joue. Je n’allais pas lui voler un baiser même si j’en rêvais.